꧁ De Keans à Anylla ꧂
Je ne pensais plus à rien d'autre.
Ma poitrine se souleva difficilement et je secouai la tête, idiotement figé dans ce couloir, sans savoir quoi faire de moi-même.
J'étais là, devant sa porte, la main suspendue dans le vide, mais encore incapable de frapper.
S'il dormait, je ne voulais pas le réveiller.
Il n'y avait que le cœur pour nous rendre aussi incertains. Dites-moi folle, mais croyez-moi. Dieu seul savait combien j'aurais préféré ne pas avoir à m'inquiéter pour lui. Je n'aurais pas dû, ou du moins, j'aurais dû me l'interdire. Cependant, c'était plus fort que moi. J'ignorai depuis quand c'était devenu ma réalité, mais il m'était désormais impossible d'imaginer un monde dans lequel ce type n'y serait pas.
J'y accordai peut-être beaucoup d'importance, mais que je sois condamné à perdre ou non, je songeai toujours à me venger. Je voulais moi aussi l'immoler à ma haine.
Même lorsqu'il croupissait à New Alcatraz, ou dans les jours qui avaient précédé la mort de ma mère, lorsque je l'avais haïe de tout mon être pour ce crime, malgré tout ça, je trouvais un certain réconfort dans l'idée qu'il était toujours là, quelque part, vivant. À m'attendre, m'appeler à lui parfois, dans l'attente de sa sentence. Car si je souhaitais lui rendre la monnaie de sa pièce pour ce qu'il m'avait fait, il fallait qu'il devienne, à son tour, le centre de mon univers. Comme je fus le sien autrefois.
Et à l'image d'Hermione dans 𝙰𝚗𝚍𝚛𝚘𝚖𝚊𝚚𝚞𝚎, « ma vengeance est perdue s'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue ».
Mais pour l'heure, je désirais tout d'abord me dégourdir les pensées. (— j'avais un faible pour cette expression). Je ne pouvais pas tout vivre en même temps. Tout ressentir en même temps. Il me fallait organiser une hiérarchie dans mes émotions. Une chose à la fois.
Sur quoi, je frappai doucement contre la porte de sa chambre, plusieurs fois. Comme il ne se passait rien, je m'approchai davantage du battant qui était entrebâillé, et le poussai de quelques centimètres.
— Keans ? l'appelai-je, osant à peine hausser le ton.
Devant l'absence de réaction, je décidai d'entrer dans sa chambre. Il était endormi dans une position qui se voulait à l'aise, mais ça loupait quelque part, car il semblait vraiment abattu.
Ses mèches sombres étaient plaquées sur son front. Il respirait par la bouche dans un rythme rapide et saccadée. Les rideaux de sa chambre étaient à moitié tirés et la pièce était plongée dans une lumière grisâtre, misant sur celle du ciel pour l'éclairer. Comme cette fois-là dans la cabane, je pouvais sentir la chaleur émaner de son corps fiévreux même à cette distance.
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TRY TO LOVE | Rédemption| Tome 2
Teen Fiction« 𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙨𝙤𝙣 𝙧𝙖𝙫𝙞𝙨𝙨𝙚𝙪𝙧 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙢𝙞𝙨𝙚 𝙖̀ 𝙢𝙤𝙧𝙩, 𝙘̧𝙖 𝙡𝙚 𝙙𝙚𝙫𝙞𝙚𝙣𝙩 𝙪𝙣𝙞𝙦𝙪𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙨'𝙞𝙡 𝙩'𝙖𝙞𝙢𝙚 𝙚𝙣 𝙧𝙚𝙩𝙤𝙪𝙧 » Il y a quelque chose de tragique dans deux interdits aux couleurs de la roma...