༆ Temps mort ༆
Il faisait encore sombre quand l'aube naissante engloutissait le reste de la nuit tandis que le monde, doucement, reprenait son souffle, en découvrant les couleurs qui allaient dépeindre son humeur.
Dehors, la tempête s'était remise de sa furie, elle aussi.
Peu importe comment certains jours pouvaient sembler hors du temps, ils aboutissaient malgré tout à des matins comme les autres.
Quand le typhon s'était enfin tu, la nuit s'était installée à toute allure sans qu'aucun de nous deux ne s'en aperçoive. J'étais restée recroquevillé dans un coin de la cabane, tandis que Keans se situait de l'autre, jouant avec la roulette de son briquet comme pour tenter de distraire ses pensées vagabondes.
Nous n'avions pas échangé un seul mot depuis.
L'air était chargé d'une tension palpable, et pourtant aucun son ne venait rompre le bruit du silence, prisonniers de nos propres pensées, avec pour bande-son nos non-dits.
Lui comme moi craignions le poids du premier mot, comme deux acteurs sur une scène muette. Nos âmes semblaient hésiter à franchir le seuil de la parole. C'était un ballet de regards et de gestes contenus ; une danse où les mots étaient les partenaires absents.
C'était un terrain miné sur lequel aucun de nous ne voulait jouer, car le premier à parler serait celui qui aurait alors la responsabilité de tisser le voile du mensonge. Et je devais l'avouer : je ne voulais pas être cette personne, rien que pour cette fois.
La peur était mon alibi.
Ma vie entière était fondée sur des mensonges qui me poussaient à toujours rester dans ma zone de confort où il était si facile de survoler mes propres blessures. Mais en vérité, je craignais simplement de ne plus rien maîtriser du tout. Comme avant.
Mes idées étaient peut-être noircies par le manque de sommeil, mais je n'en restais pas moins lucide.
J'avais la trouille que la situation me file à nouveau entre les doigts, car alors, ça me donnait envie d'être faible. Ça me faisait penser que c'était normal de l'être. Or, il n'y avait rien de plus stupide. Je ne voulais plus qu'on se joue de moi.
Le précipice au bord duquel je me tenais ces dernières années ne m'avait jamais semblé aussi proche qu'à ce moment-là. Le destin se montrait bien cruel en remettant sur ma route la pire tentation à laquelle mon âme avait eu un jour la bêtise d'aspirer. Et comme un réflexe stupide, ma main se posa fébrilement sur mes lèvres, comme pour effacer son empreinte sur moi, mais ça n'avait aucune importance : il était partout dans ma tête.
Le mal et le bien vouant un combat acharné pour mon âme, je demeurai une coquille vide, réalisant la facilité avec laquelle j'arrivais encore à me remettre dans ce genre de pétrin.
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TRY TO LOVE | Rédemption| Tome 2
Teen Fiction« 𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙨𝙤𝙣 𝙧𝙖𝙫𝙞𝙨𝙨𝙚𝙪𝙧 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙢𝙞𝙨𝙚 𝙖̀ 𝙢𝙤𝙧𝙩, 𝙘̧𝙖 𝙡𝙚 𝙙𝙚𝙫𝙞𝙚𝙣𝙩 𝙪𝙣𝙞𝙦𝙪𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙨'𝙞𝙡 𝙩'𝙖𝙞𝙢𝙚 𝙚𝙣 𝙧𝙚𝙩𝙤𝙪𝙧 » Il y a quelque chose de tragique dans deux interdits aux couleurs de la roma...