Passion Cinglante

Part 1

La plupart des gens sont seuls, ou se sentent seuls, ou ont peur de l'être. Et ça, elle l'avait bien compris. Depuis longtemps, elle avait appris à se servir de ses atouts. Son destin était d'être la femme fatale qui faisait perdre la tête aux hommes. Elle n'épargnait personne. En fait, si. Elle épargnait que ceux qui ne lui rapportaient rien. Elle savait sourire à qui il fallait faire des courbettes aux bonnes personnes et feindre des pleurs pour attirer l'attention. Elle n'en avait que faire du qu'en-dira-t-on. Elle ne restait jamais longtemps au même endroit. Le monde lui proposait tellement de proies, pourquoi devait-elle se cantonner à un seul choix. 

— Que doit-on penser de l'amour ?

— Je dirais que l'on se fait une idée de l'amour...

— Pourquoi ?

— Eh bien, il n'existe pas. C'est une conception que l'on s'en fait. On idéalise ce phénomène. On parvient même à croire qu'il est impossible de vivre sans.

— Tu réussirais à vivre toute ta vie sans amour ?

— Oh Mike, tu me connais si peu ?

Mike — Tu crois réellement que c'est faisable ?

— Cela fait trente-deux ans que je vis sans rien attendre de qui que ce soit. Je me saisis de ce que je veux en plein vol.

Mike — Je dois bien l'avouer. D'aussi loin que je m'en souvienne, ton coup marche à chaque fois.

— Et ce n'est pas cette fois-ci que j'échouerai.
  Elle remua sa nuque tout doucement. Elle releva ses cheveux en arrière. Elle sortit son miroir de poche et se passa du baume à lèvres.

Mike — Je dois bien l'avouer, je te trouve différente.

Il la regarda de la tête aux pieds.

Mike — C'est terminé les hauts talons ?

— Pour quelque temps. Il ne faut jamais attirer trop l'attention. Il faut faire les choses avec calme et de manière réfléchie.

Elle réajusta ses lunettes et regarda ses ballerines noires délavées.

Mike sourit.

Mike — Si tu le dis...

Elle se leva, réajusta sa robe et fit son plus beau sourire.

Une voix à l'interphone capta toute son attention.

« Le vol à destination de Hidden Springs commencera son embarquement dans quinze minutes. Les passagers sont priés de se rapprocher de la porte d'embarquement numéro 2. »

— Le 2. Comme mon chiffre préféré.

Mike — Es-tu sûre de vouloir aller jusqu'au bout ?

— La vie doit être pleinement vécue.

Mike — Et ce, au détriment des autres.

Elle rigola et acquiesça. Elle respira un bon coup. Son regard noir se transforma en un visage angélique.

Mike — Comme ça tu m'as tout l'air d'être une sainte.

Elle tourna sur elle.
Mike — Bonne chance.

— Je n'en aurai pas besoin.
Mike se mit à rire.

Mike — Ils ne savent pas à quoi s'attendre. Ils n'en n'ont pas la moindre idée.

Mike leva la main pour dire adieu à son amie. Amie ? Serait-ce le terme exact ? Si tout se passait bien dans trois mois, il la retrouverait. Et comme à son habitude, elle aura réussi. C'est toujours le même mode opératoire. Elle se fond dans la masse, et lorsque l'on s'en rend compte, il est bien trop tard. Car le loup est déjà dans la bergerie.