VII. Le sac de Port Réal

12 1 0
                                    

La mort du prince Rhaegar Targaryen ne tarda pas à secouer les Maisons vassales. Les Greyjoy en profitèrent pour se soulever et souhaiter déclarer leur indépendance. Maintes nobles familles nombrilistes quant aux faits firent de même et renièrent le temps d'un instant leurs voeux.

L'histoire était en train de changer et jamais une lignée si puissante n'avait connu pareil retournement. Les regards se tournaient vers la future Maison qui allait prendre le pouvoir, celle qui permettrait à certains la gloire pour laisser la défaite aux autres.
Quel serait le sort réservé aux partisans des perdants ? Quel serait le sort réservé aux plus opportunistes ? L'égoïsme des hommes éclatait au grand jour devant le macabre du champ de bataille.

.
.

Robert Baratheon gémissait, la main posée sur sa côte de mailles. Les coups avaient fusé et il ne s'en était pas sorti indemne. La plaie qui ouvrait sa lourde cuirasse en témoignait mais il lui en fallait davantage pour abandonner. Il payait de son sang le prix de la gloire. Il avait croisé le fer quitte à y perdre la vie. La route vers Port Réal se profilait au loin, la victoire était proche. Alors qu'il ralentissait sa monture en se plaçant à l'arrière des troupes, un éclaireur arriva à sa hauteur. Essoufflé, le jeune chercha ses mots sous l'impatience du Cerf :

« Qu'attends-tu pour articuler, je n'ai pas de temps à perdre !»gronda-t-il d'une voix sévère

« Mille excuses mon seigneur, bredouilla l'homme qui devait sortir des jupes de sa mère depuis peu, j'ai fait route depuis Accalmie pour vous annoncer la défaite de l'ennemi. Les armées du Nord menées par lord Eddard ont aidé le seigneur Stannis à tenir la forteresse. Il arrive de ce pas pour vous seconder en prenant d'assaut la capitale »

« Parfait, les Dieux continuent de nous sourire ! J'ai hâte de planter ma lame dans le cœur du roi pour mettre fin à cette lignée impure... Il ne mérite pas sa foutue couronne»

« Ne souhaitez-vous pas venger la Maison Stark ? Sur ces mots, le seigneur le toisa d'un regard noir. Il n'acceptait pas qu'un homme lui étant inférieur se permette de telles paroles. Néanmoins, il resta muet et la prestance de son interlocuteur fit son effet. Êtes-vous blessé ?» changea t-il de sujet.

« Je serais blessé le jour où je crèverais d'agonie, une catin dans mon lit !»

Il fit virevolter la bride de son cheval pour clore le débat. Son corps bouillonnait d'impatience, il le sentait. Pour la première fois de sa vie, le seigneur au Cerf savait pertinemment le destin que lui réservait les Sept. Il monterait sur le trône. Avec brutalité, il talonna sa monture et rattrapa le petit groupe en amont des rangs.

.
.

Suite aux événements et au ralentissement des armées de Robert dû aux blessures de guerre, les hommes du Nord gagnèrent avec facilité la capitale. Eddard avait fait courber l'échine aux fuyards qui avaient déserté leur devoir. La peur de finir embrocher, l'armure baignant dans la boue et la souffrance de la mort en avaient gagné plus d'un.

Bombant le torse davantage sous l'appréhension de la tournure de la situation qu'à la victoire en elle-même, voyait se dessiner devant lui les murailles de la ville. Une pensée émue pour les siens vint traverser son esprit et il la rejeta d'un revers de nuque. Il n'était pas homme facilement impressionnable et essayait tant bien que mal de privilégier le bien de Westeros que celui de sa propre Maison. Néanmoins, quelle tâche ardue pour une personnalité si honorable et fidèle aux traditions. Alors qu'il se laissait malgré lui distraire par son environnement, il se perdit sous la berceuse du brouhaha des sabots.

Et si son ami Robert n'avait pas levé les armes contre l'ennemi ? S'il ne s'était pas rebellé, qu'aurait-il fait ? Il se maudit en connaissant la réponse. Il n'était pas dupe et la coutume Nordique l'obligeait à plier le genou devant la Couronne. Forcément, il serait resté de marbre. Si son frère et son père n'avaient péri, Lyanna n'aurait jamais vu l'armée du Loup répandre le sang et les larmes pour elle. Un sentiment de dégoût naquit en lui. Parfois, le jeune seigneur qu'il était ne se reconnaissait pas et il se doutait de la raison. L'influence que son ami pouvait avoir sur lui malgré son fort caractère était connu de beaucoup de monde. Le continent entier savait que les aventures de Ned et de Robert n'étaient pas roses et Robert embarquait Ned dans ses affaires douteuses. Cependant, il veillait sans cesse sur son ami.

Le règne de l'Usurpateur | Baratheon/Lannister/Stark [Game of Thrones]Where stories live. Discover now