Le règne de l'Usurpateur | Baratheon/Lannister/Stark [Game of Thrones]

VI. Le siège d'Accalmie

Il attendait dans la grande salle principale, les bras croisés, adossé au mur. Stannis Baratheon méditait, la moue boudeuse et la mâchoire contractée. Cela faisait bientôt une année, à quelques jours près que le Siège d'Accalmie avait débuté et il avait la douloureuse impression qu'il ne cesserait jamais. Il assistait à la mort lente et douloureuse de ses hommes, qui périssaient sous la famine, la déshydratation et la folie. Les armées de Mace Tyrell et de ses bannerets encerclaient le château par voies terrestres et maritimes. Il n'y avait aucune issue possible, hormis la rédemption, ce qui lui était inconcevable. Il préférait mourir quitte à laisser l'héritage de sa famille aux mains de l'ennemi. Pendant ce temps, Robert était en pleine campagne militaire, entouré des Maisons rebelles qui avaient rejoint son camp. Téméraire et assoiffé de vengeance, sa guerre serait terminée une fois la tête du Dragon, Rhaegar Targaryen à ses pieds. 

Stannis avait été à la fois honoré et perplexe quant à la demande de Robert, de tenir la forteresse d'Accalmie. En effet, se voir refuser la demande du roi en personne, pour prendre le parti de son frère hors la loi, l'avait dérangé au point d'en faire des insomnies à répétition. Mais il ne pouvait être déloyal envers son propre sang. Il aurait aimé prendre position sur le champ de bataille, l'arme au poing et combattant pour la justice de Westeros. Toutefois, il était avant tout fin stratège et se voir en retrait lui était davantage bénéfique. Il avait le privilège de tenir la sûreté de son nom et de ses ancêtres. Accalmie était le fief de la Maison Baratheon, des Terres de l'Orage : il était au final au bon endroit, au bon moment. La seule raison de cette tension, qui se décuplait en lui depuis de nombreux mois, était de se savoir acculé, pris au piège et encerclé par les armées adverses. Il était impuissant et en pleine tourmente devant sa propre défaite, qui sévissait au sein même du château. La famine poussait ses soldats, maigre garnison de surcroît, à se recroqueviller en gémissant sous des crampes abdominales interminables. D'autres hurlaient à la mort, hésitant à se rendre. Puis, les derniers à résister étaient ceux qui dévoraient ce qui leur passait sous la main... les rats en premier, puis les reliures en cuir des livres de la bibliothèque seigneuriale, qui une fois bouillie, suffisait à tromper leurs estomacs. Son visage défiguré sous la fatigue se crispa soudainement, alors qu'il tenta de ne pas penser lui aussi, à un festin imaginaire. La porte s'ouvrit au même moment sur ser Gawen Wylde, qui piétinait jusqu'à lui, abattu :

« Lord Stannis, commença t-il d'une voix presque inaudible, je vous en conjure, nous ne pouvons continuer ainsi. Les hommes dépérissent et une émeute pourrait éclater sous vos yeux. Nous devons nous rendre, nous ne pouvons faire face à la faim qui nous tiraille. Il en va de notre survie ! » 

La réaction du seigneur au Cerf ne se fit pas attendre, il se rua sur lui, le regard noir et accusateur :

« La survie ? Vous dîtes la survie, chevalier ? Qui êtes-vous pour oser proférer de telles mesures devant ma personne ? Je ne suis pas homme qui baisse les bras, ni n'abandonne ses devoirs ! Je ne laisserais Accalmie qu'une fois mon dernier souffle rendu. Alors, si une mort rapide vous est préférable à la faim qui ne cesse de vous rappeler à l'ordre, faites... Ma lame vous serait libératrice si votre fuite échouait. Hormis cela, agissez en chevalier, tel vous l'avez été nommé et protégez cette maudite forteresse jusqu'à la mort ! Je suis le seigneur de cette bâtisse, les âmes de mes ancêtres parcourent ces lieux, la garder en notre possession est d'une importance capitale. »

« Nous n'avons aucune nouvelle de votre frère et de ses victoires sur le champ de bataille, peut-être est-ce une cause perdue mon seigneur... Les armées royales sont nombreuses et penser les battre n'est que pure folie. Robert votre frère nous a abandonné, admettez le ! »