Aujourd'hui, je devais écrire sur Léa mais j'ai besoin de te raconter ma soirée d'hier parce qu'on a abordé des sujets importants.
On est allés au Comptoir du Malt. Tu en disais du bien, mais c'est vraiment bof. C'est une chaîne quoi. Tu mangeais vraiment n'importe quoi... Enfin bref, j'ai encore pris un burger. Je me fatigue. Voilà pourquoi je préfère rester chez moi : pourquoi payer pour quelque chose que je peux faire ? Cependant la, le frigo était vide et j'avais envie de sortir. J'avais besoin de parler d'un sujet qui me tournait en tête depuis qu'on avait vu Ninie et Cam' : les enfants.
Plus précisément, la PMA et l'adoption. Elles sont en pleine procédure en Espagne. Plus je les entendais parler et plus je trouvais degueulasse d'avoir un enfant comme ça. Payer, passer une batterie de tests, pour ne même pas être sûr que ça fonctionne : ça n'était pas pour moi. J'ai vraiment envie de porter mon enfant mais à ce prix ?
Ensuite, on a abordé l'adoption. Je crois qu'avec ce genre de sujet, mon sens de la justice et de protection ressortent puissance 1000. J'ai parlé pendant des heures des enfants qui sont déjà sur Terre, qui ne demandent qu'à être aimés mais qui parce qu'ils ne sont plus bébés ou qu'ils ont subit trop de traumas ou qu'ils sont trop dans la fratrie, ne trouvent pas de famille. Ça me désole. Ça me révolte. Ça me donne envie de hurler qu'il y a des enfants à sauver juste en leur donnant de l'amour...
En rentrant, on a dévié sur nos exs, enfin plutôt sur les miennes. Je ne sais plus comment on est arrivé là-dessus. On discutait de ma phobie sociale, mon hypersensibilité, mon anxiété et puis ça s'est enchaîné. Je lui ai parlé de tout ce que j'ai pu te dire ici : mon incomprehension face aux rupture, mes interrogations face à vos sentiments, l'ignorance des gens face à qui je suis, ect... On était là, debout, comme des connes, dans la salle d'eau. J'aime bien parler dans des endroits insolites. Elle s'est un peu confiée aussi. Ça change. C'est sûrement parce que je lui ai dit qu'elle n'allait pas bien. Elle a fini par céder et parler. Elle pensait avoir connu le fond du trou, je lui ai dit que non, qu'elle n'imaginait pas ce que c'était.
Après, on est allées se coucher parce qu'elle en avait marre de parler debout et on en est venue à Manon : la drogue, les coups, le fait qu'on soit fiancées... Elle n'imaginait pas que c'était à ce point là, que tous les jours, je pouvais lutter pour ne pas finir aux urgences ou pire... La casserole d'eau bouillante, ses doigts autour de mon cou, les tiroirs sur la gueule, la tête contre le carrelage, ces nombreuses fois où j'ai dû lutter pour ne pas tomber dans les escaliers, où je devais subir parce que si je sortais, elle m'aurait enfermée dehors. D'ailleurs, ça je ne lui ai pas dit, mais c'est arrivé. Jetée dehors en pyjashort, chausson avec mon téléphone qui n'avait plus de batterie pour seule compagnie. J'avais froid, je ne pouvais aller nul part. Elle a fini par m'envoyer mes clés de voiture et mes papiers, mais pour aller où ? Je ne pouvais pas rester là, sinon les voisins allaient me voir. Cette conne jouer à Assassin's creed avec la musique à fond. Je pense qu'elle était défoncée...
Elle a fini par me dire que je rentrerai quand je serai calme et que je me serai excusée. Comme si c'était à moi de le faire. J'avais la haine. Je me sentais impuissante, prise au piège, comme une proie. Elle a jugé que je n'étais pas assez calme alors j'ai encore attendu des heures et des heures. Je devenais cinglée...
J'ai dit à J. que même après tout ça, j'avais été la seule là pour elle. La seule qui l'avait soutenue dans sa reconversion, la seule qui lui a dit de ne pas abandonner quand elle a perdu son patron et qu'elle devait chercher une autre entreprise. J'ai toujours pris sur mon temps et sur mon énergie pour elle.
J'aimerais juste qu'elle s'excuse, qu'elle réalise la gravité de ce qu'elle a fait et d'à quel point j'ai pu la protéger derrière, au dépend de ma propre santé et de ma propre estime.
J'ai pleuré. D'abord de légères larmes sur mes joues et puis c'est devenu insoutenable et j'ai éclaté en sanglots. Je ne me rendais pas compte de tout le poids que je portais... Tout est sorti. Ça m'a fait mal tout ça... Je ne sais même pas comment ça a pu arriver. J. dit que c’est la drogue. Je l'ai dit aussi mais peut-on vraiment faire ça, même sous emprise, à la personne à qui on a demandé de nous épouser ?
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Journal d'un amour perdu
Non-FictionJ'ai tellement de choses à te dire mais je ne peux pas, alors j'ai décidé de tout mettre par écrit ici.