Journal d'un amour perdu

21/04/2023

Aujourd'hui, je ne vais pas parler de toi. En tout cas, pas tout de suite. Mes premières pensées sont tournées vers Elsa. Elle a décidé de m'ignorer. Ça fait mal, mais elle en a le droit. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est que ça ne changera rien. Je sais déjà ce qu'elle représente pour moi. Je sais que je la veux dans ma vie, ce n'est pas le problème. Cependant, tout est beaucoup trop compliqué pour le moment. C'est peut-être facile pour de larguer quelqu'un et de prendre sa vie en mains pas pour moi. Ne voit-elle pas que ça fait des semaines que je dors mal parce que je me demande comment je vais pourvoir aller au bout de mon projet de master ? Dans ma tête, j'ai déjà abandonné et ça me ramène à la sous-merde que je suis. Pourquoi elle ne le sent pas ça ? Que je suis en train de m'écrouler... Que je suis en haut de la pente et que petit à petit je la dévale. J'ai cru à un moment que j'allais pouvoir me sortir de tout ça, mais en fait rien du tout. Mes problèmes sont toujours les mêmes. Je suis toujours aussi incapable qu'il y 4 ans de faire les choses. Toi non plus tu n'avais pas compris le véritable problème d'ailleurs. Comme tous les autres, tu me prenais pour une faignasse qui ne voulait rien faire de sa vie. J'en prenais plein la tête alors que j'essayais juste de survivre dans la jungle. Tu étais mon pilier et mon oxygène sauf que tu n'as jamais cherché plus loin que ce que je te montrais. Tu ne m'as jamais vue.

Elle, elle pense me voir. Peut-être qu'elle voit que je suis quelqu'un de bien, avec un grand cœur mais je suis sûre qu'elle n'aperçoit pas le reste. Cette peur quotidienne du monde et des gens alors que mon plus grand rêve était de jouer des matchs devant des milliers de personne, parce que c'est le seul endroit ou je me sens bien : sur un terrain de hand ou de foot, bien positionnée devant mes buts. Sauf que j'ai une mère qui n'a jamais compris cela et qui m'a enlevé les seules choses qui me permettaient de rester à peu près stable dans ma tête : le sport, la musique et la photo. Heureusement, elle ne peut pas toucher à mes mots. Personne ne le peut d'ailleurs. C'est le seul endroit ou je peux être moi-même et me dévoiler sans craindre le jugement d'autrui. Le mien est déjà bien assez insupportable. Tu sais ce que ça fait de ne pas vouloir aller se coucher le soir car tu sais que tu vas faire des cauchemars ou la peur de se réveiller parce que tu vas devoir affronter à nouveau le fait d'être une merde ? C'est ce que je ressens depuis des années. Spectatrice de ma propre vie, je la vois partir en fumée, sans rien pouvoir y faire, encaissant les critiques chaque jour.

Elle dit que si vraiment je tenais à elle, je la quitterais sur le champ. Alors, comme ça, effectivement ça parait facile. Ça m'éviterait de gueuler la nuit pour que l'autre me lâche et arrête de respirer dans mon oreille. Je ne supporte plus quand elle me prend dans ses bras. Et puis pourquoi elle me colle la nuit alors qu'elle ne l'a jamais fait ? Comment tu dis à quelqu'un qui t'aime que toi tu la vois comme ta meilleure amie, comme la personne qui t'apporte une certaine stabilité dans ta vie de psychopathe ? Elle ne comprend pas que je ne peux pas me retrouver seule tout le temps parce que je vais finir par péter un câble. Elle ne voit pas que je suis fragile, tellement plus faible que ce qu'elle croit...

Je ne peux pas risquer de me fracasser la gueule au sol juste pour lui prouver que ce que je ressens pour elle n'est pas du vent. C'est peut-être blessant pour elle mais le simple fait que je la compare à toi veut tout dire. Elle est arrivée dans ma vie avec ses blagues de merde, sa grande gueule et son caractère de merde. J'ai direct su qu'elle allait me bouffer tout cru, moi, le petit mouton apeuré. Peut-être que je ne devrais pas mais pour une fois, je dois penser avec ma tête et non pas avec mon cœur. La passion et l'amour ne m'ont jamais réussi. Je suis beaucoup trop instable. Si je commence à la laisser entrer dans ma vie, jamais je ne vais régler le reste (déjà que c'est mal parti). Je sais que ça va me faire basculer du mauvais côté. Mon humeur dépendra complètement d'elle. Toute lucidité va s'en aller. La distance va me bouffer et je vais redevenir cette bombe à retardement que je suis quand j'aime quelqu'un.

C'est horrible d'écrire ça alors que j'ai passé la nuit à rêver d'elle, à imaginer ce que ma vie aurait pu être avec elle. Tu m'as dit de penser avant d'agir, de ne plus faire de mal à une fille. C'est la bonne décision, non ? Dis-moi que je ne fais pas n'importe quoi. J'ai besoin que tu me dises que je ne fuis pas par peur de souffrir et que ce soit un échec à nouveau...