Quelques mois après que je sois arrivée, Papi nous a emmenés voir la mère de Mikey et Shinichiro. Moi, c'était la première fois que j'allais la voir en plusieurs mois, alors que Shinichiro et Mikey la voyaient toutes les semaines.
Elle était allongée sur son lit d'hôpital, mais se redressa quand elle nous vit entrer. Elle avait les cheveux bruns et des yeux noirs comme ceux de Shinichiro et Mikey.
- Salut, Maman ! S'écria Mikey en la câlinant.
Shinichiro aussi s'approcha et elle lui caressa la joue.
Moi je restais un peu à l'écart, derrière Papi.
Maman me l'avait déjà expliqué avant de partir. Je ne suis pas sa fille mais la fille de son mari et la sœur de ses enfants. Je ne sais pas pourquoi mais Maman m'a dit qu'elle me détesterait à cause de ça.
Quand son attention se porta sur moi, elle sourit en ma direction.
- Et qui est cette mignonne petite fille ?
- C'est Emma, la sœur de Shinichiro et Manjiro, la fille de Makoto.
Elle le regarda puis me regarda.
- Oh... Je vois...
Je le savais. Je ne suis pas sa fille, elle va me détester.
- Est-ce que vous pourriez nous laisser seules un instant ?
- Mais Maman...
- Écoute ce qu'elle te dit, Manjiro !
Papi et les autres sortirent de la pièce, me laissant seule avec leur mère. Je restais toujours à une certaine distance et baissais la tête. Mais elle me sourit et me fit signe d'approcher.
- Approche Emma, je ne vais pas te manger, tu sais.
Je me rapprochai jusqu'à être près de son lit, mais toujours avec la tête basse. Quand elle me releva le menton.
- Tu n'as pas besoin d'être aussi prévenante, Emma. Je ne te déteste pas le moins du monde, tu sais.
- Mais, Maman...
- Ta maman a eu raison de te dire ça, ça aurait pu être le cas. Mais je te rassure, je ne ressens aucune haine envers toi.
- Maman m'a laissé chez Papi et m'a dit que vous me détesteriez si vous me voyiez.
- Elle t'a abandonnée chez Papi ? Quelle femme horrible.
Abandonnée... ? Qu'est-ce qu'elle veut dire par abandonnée ?
- Non... Elle m'a pas abandonnée...
Sans que je ne puisse l'empêcher, une larme dévala ma joue.
- Maman ne m'a pas abandonnée ! Elle a dit... Elle a dit qu'elle reviendrait quand elle aura fini !
Plusieurs autres suivirent cette larme solitaire. Sans que je ne puisse y faire quelque chose, je me jeta dans ses bras, en pleurant. Mais je me ressaisis rapidement, et la lâcha.
- Excusez-moi.
Mais elle me pressa à nouveau contre elle.
- Tu n'as pas à te retenir, Emma. Pleure si ton cœur te dit de pleurer.
Sa voix était rassurante, son contact était chaud, malgré le fait que sa peau était froide, sûrement dû à la maladie.
Je me sentais bien dans ses bras, et mes sanglots redoublèrent tandis qu'elle caressait doucement ma tête. Ça dura un long moment, mais à aucun moment, je n'ai senti les minutes passer.
Elle avait une douceur et une affection que Maman n'avait pas. Ça faisait tellement de bien d'être câlinée comme ça. C'est donc ça que ressentent les autres enfants quand ils sont avec leur mère ?
Après ce jour, nous rendions visite Sakurako-san toutes les semaines. Malheureusement, chaque fois que nous allions la voir, sa santé se dégradait un peu plus.
Un jour, Shinichiro entra en trombe dans la salle à manger, pendant le petit-déjeuner.
- Papi ! C'est Maman, l'hôpital a appelé ! L'état de Maman s'est aggravé, elle est dans un état critique !
Nous nous sommes dépêchés de nous rendre à l'hôpital. Le médecin nous a dit que ce sera peut-être notre dernière discussion avec elle.
Quand ce fut mon tour d'entrer dans sa chambre, je remarquai à quel point son état s'était aggravé. Les poches sous ses yeux s'étaient approfondies, ses joues s'étaient encore plus creusées, sa peau était encore plus pâle qu'avant, elle avait l'air épuisée.
Mais elle avait toujours ce sourire rassurant sur son visage.
- Emma.
- Sakurako-san !
- Les médecins m'ont dit que je n'avais plus beaucoup de temps à vivre. Ils ne me donnent pas plus de deux jours. Alors, je voulais profiter que tu sois là aujourd'hui pour te donner de derniers conseils de mère.
- Je vous écoute.
- Je voudrais que tu t'ouvres plus et que tu arrêtes de toujours tout garder pour toi, et de contenir tes sentiments au fond de toi. Dans quelques mois, tu vas aller à l'école. J'aurais aimé être là pour ta première année, mais je voudrais que tu me promettes de devenir plus sociable d'ici là et de te faire plein d'amis. Et mon conseil, c'est ; profite et vis à fond ! La vie est courte, il faut en profiter le maximum, avant qu'il ne soit trop tard. Je pourrais te demander une dernière chose ?
- Allez-y.
- Prends soin de Manjiro pour moi, s'il te plait. Il est maladroit et turbulent, il ne sait pas comment se comporter en présence d'une fille. Mais je veux que tu lui pardonnes toujours ce qu'il pourrait faire. Il fera sûrement des mauvais choix à l'avenir, et il s'écartera souvent du bon chemin. Alors je veux que tu sois là à ses côtés quand ça arrivera. D'accord ?
- Oui, je le ferais.
- Merci beaucoup de m'avoir écouté. Je sais que je n'ai pas pu être très présente pour toi, mais j'ai adoré être ta mère de substitut ces derniers mois. Prends soin de toi, Emma.
Je sors de la chambre, le visage toujours figé et impassible. Il n'y avait aucune expression sur mon visage, personne n'aurait pu dire ce que je ressentais en ce moment.
- Tout va bien, Emma ? Demanda Shinichiro
- Oui, tout va très bien.
Ma voix était tremblante, mon sourire factice. Il disparut petit à petit, alors que les larmes m'arrivaient aux yeux. Sans pouvoir l'empêcher, je lâchai un cri déchirant alors que Shinichiro me prit dans ses bras pour m'empêcher de m'effondrer.
On rentra à la maison dans le silence le plus complet. Personne ne parlait. Même Mikey qui avait d'habitude la langue si pendue, n'avait pas dit un mot.
Le lendemain, on nous annonça que Sakurako-san était morte. Après son enterrement, je me suis enfermée dans ma chambre pendant une semaine, ne sortant que pour manger et me laver. Shinichiro faisait son deuil en silence. Il ne voulait pas qu'on le voit pleurer alors il faisait comme si tout allait bien, mais on l'entendait souvent pleurer quand il était seul dans sa chambre. Mikey, lui, ne plaisantait, ni ne riait plus comme avant, mais se refusait à pleurer. Papi, lui, avait érigé un autel où il venait prier tous les soirs.
Chacun faisait son deuil comme il le pouvait, mais chacun souffrait profondément aussi.
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Emma, just Emma // Tokyo Revengers
FanfictionAprès celui des frères Kawata, je m'attaque au passé d'Emma Sano, la petite sœur de Mikey ! Plus de détails dans le prologue. Bonne lecture !