Comme les deux ailes d'un papillon (Anna)

Chapitre 7

Coucou ! Dans ce chapitre, il va y avoir un passage avec du sang. Si vous êtes vraiment très sensibles, vous pouvez le sauter, je le mettrai en gras. Voilà, j'espère que ça va vous plaire !

Devant moi, des centaines et des centaines de gratte-ciel se dressent, imposants, comme les gardiens de cette ville. Ils me font un effet étrange, comme s'ils me jugeaient, du haut de leurs dizaines d'étages.

Je progresse, au petit trot. Autour de moi, les gens me regardent bizarrement, telle une intruse.

Ils n'ont jamais vu de cheval ou quoi ?! On ne les a pas laissés en vie pour les oublier... je sens déjà que je déteste le milieu urbain. Dans mon désert, le désert de Galatée, c'est calme au moins. Là, je me sens oppressée par tous ces regards inquisiteurs et vides de savoir à la fois..

Il y a même un petit qui se réfugie dans les bras de son humanoïde. Ça me dégoûte. Depuis quand les enfants ont plus peur des chevaux que des robots ?!

En plus, et car les humains sont parfaitement CONS, ils ont oublié qu'en rayant les végétaux de la surface de la planète, on aurait un (tout petit) problème lié à la photosynthèse. Et pour remédier à ce problème, au lieu de laisser reverdir la planète, on a construit un peu partout des générateurs de dioxygène. Ce qui rend encore pire le paysage, déjà plus que moche.

Je talonne Amphitrite, et on part au petit galop pour finir le trajet.

J'arrive au pied d'un bâtiment plus immense encore que ses confrères, dominant la ville.

Dessus, plaquées sur la façade grise de béton, trois lettres, connues de tous.

MRD.

Je sens mon monde s'écrouler autour de moi. Ça y est. Pendant une semaine, je vivrai chez l'ennemi. Et c'est la réalité cette fois. Il ne s'agit ni d'un rêve ni d'un projet. Je vais le faire.

...Vais-je le faire ? Je perds tous mes moyens. Qu'est-ce qui m'a pris ? Pourquoi j'ai fait ça ? Hein ? Je ne suis pas particulièrement courageuse d'habitude, alors pourquoi a-t-il fallu que je me fourre là-dedans ?

Mais je vois passer une ado avec un tee-shirt qui scande "Vous êtes tous des MeRDeux".

Et je vois aussi son sang, écarlate, qui s'envole dans les airs, l'entourant comme d'un halo de brume rouge, lorsqu'un émissaire de la MRD lui tire un balle dans le cœur. Ce cœur qui battait encore il y a deux secondes. Ce cœur dont la percussion a cessé de résonner à cause d'une histoire de tee-shirt... humour audacieux, ou âme rebelle ? Je ne le saurai jamais.

Elle avait l'air gentille. Elle avait mon âge. Nous aurions pu nous connaître. Mais ce ne sera jamais le cas puisqu'elle vient de s'éteindre, puisque ce salopard vient de mettre fin à sa vie.

L'émissaire se retourne, et m'apostrophe.

-Eh, toi, qu'est-ce que tu regardes ? Tu veux savoir ce que ça fait ?

Puis il éclate d'un rire gras. Sa petite voix nasillarde me fait encore souffrir les tympans quand je marmonne :

-Non, Monsieur.

-Alors détourne les yeux, et vite.

Je tourne la tête vers l'immeuble. Je sais pourquoi je me révolte. Pour ça. Pour ça, et pour tout le reste, je dois me battre.

Alors je prends mon courage à deux mains et, fermant les yeux, je pousse la porte de ma future prison.