Chapitre 3

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Je suis chez moi. Dans un rêve.

Au premier abord je suppose que la scène va se dérouler dans le passé, comme durant mes précédents rêves, avant de me rendre à l'évidence : ce n'est pas le cas puisque je suis présente, grandie, les cheveux plus longs de quelques centimètres et un air mature sur le visage.

Mais... cela veut dire que... je suis dans le futur ? Comment est-ce possible ?!

Surprise, je parcours donc le décor des yeux. Un gâteau sur la table, que moi et mon père dévorons gaiement. Ses yeux marron, rieurs, me rappellent ceux de tata Lucie, qui avaient la même teinte...
Visiblement, il n'est plus fâché.

Et une pile de cadeaux à côté. Mon anniversaire, apparemment.

Je m'approche, pour constater qu'il est écrit sur le gâteau "16 ans" avec un glaçage vert. Donc ça se passe bientôt...

J'ai intérêt à être attentive car tout en moi me crie que ce rêve, comme les autres, n'en est pas réellement un. Ou plutôt si. Un rêve réel. C'est... dur à expliquer mais je sens que ce que je vais voir sera un tournant dans mon histoire. Comme tous mes autres rêves. Il va se passer quelque chose que j'ai intérêt à comprendre si je veux pouvoir suivre le fil de mon destin plutôt que de m'égarer et de changer de futur : si c'est celui-là que je vois, alors c'est le plus important pour moi.

Je suis soudain transportée dans une autre scène, plus tard dans la journée.

Il fait presque nuit et pourtant je suis parfaitement éveillée .
J'ai attaché ma tignasse en queue de cheval, et ma peau bronzée est couverte par une cape noire.

Les premières étoiles commencent à pointer le bout de leur nez. Il doit être aux environs de dix heures.

J'attrape un baluchon puis saute par la fenêtre avant de me rendre aux écuries en courant.

Puis je selle Amphitrite, ma jument frisonne noire -et en somme ma meilleure amie-, avant de la brider, et de partir au grand galop sur le sentier qui mène aux bois d'Hadès. Une forêt d'arbres décimés par la folie humaine, le cimetière des restes d'une civilisation oubliée.

J'essaie de me suivre mais déjà je sais que ce rêve ne va pas durer ; je sens Morphée s'en aller et mon esprit vainement tenter de le retenir.

Et avant de me réveiller, je me vois me retourner sous les squelettes des chênes, ralentir, les joues rougies (je suppose que je ne suis pas restée très sobre le soir de mon anniv) et me regarder dans les yeux. Un regard ardent, qui m'en brûlerait presque les rétines, et cette simple phrase, pourtant si déroutante, qui brise le silence de ce soir d'été :

-Fais-le. Il le faut. Rester chez toi ne guérira pas notre Terre.

Comme les deux ailes d'un papillon (Anna)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant