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Ginerva Weasley n'attendit pas la moindre réponse de sa part. Sa main s'enroula autour de son poignet et elle l'attira à sa suite dans les vestiaires des filles. Elle ne lui laissa même pas la possibilité de baragouiner le moindre mot. Hermione se retrouva assise sur un banc bancal, le cœur battant à toute allure dans sa poitrine et les mains étrangement moites. Elle observa son amie aux cheveux flamboyants extraire des vêtements propres et deux serviettes de son immense sac aux couleurs de la maison au lion. Les autres joueuses de l'équipe ne pénétrèrent pas dans les vestiaires et Hermione en comprit la raison lorsque les yeux malicieux de Ginny se posèrent sur elle. Elle préparait un mauvais coup. Déglutir devint complexe, sa bouche s'assécha et ses mains s'agitèrent de tics nerveux. Hermione connaissait ce regard ; tous les Weasley l'affichaient lorsqu'ils préparaient un mauvais coup ou qu'une idée aussi dangereuse que brillante traversait leur esprit. Un rapide coup d'œil vers la porte lui permit d'évaluer la distance qui la séparait d'une possible fuite et son calcul la cloua sur le banc. Se soustraire à ce que Ginny préparait était une mission impossible.


Alors Hermione resta sagement assise sur ce banc qui se balançait à chacun de ses mouvements, les mains coincées sous ses cuisses pour les maintenir au chaud et camoufler ses tics nerveux. Elle ne parvint pas à réceptionner la serviette que son amie lui jeta. Celle-ci s'écrasa contre son visage et lui arracha une petite plainte de douleur. Ses doigts finirent par s'enrouler autour du tissu et elle épongea ses cheveux dégoulinants. Son amie décortiqua ses mouvements et ses micro-expressions comme si elle cherchait à lire dans son esprit. Elle se sentait comme une souris dans un laboratoire.


« Raconte-moi tout, lui intima-t-elle.

Te raconter quoi ?

Ne fais pas l'innocente, elle pointa un doigt accusateur dans sa direction. Tu sais très bien de quoi je parle. »


Hermione n'en avait pas la moindre idée. Elle soupçonnait le sujet qu'elle souhaitait aborder. Les commentaires inquiets de Ronald se dispersaient comme une traînée de poudre et ils avaient certainement atteint les oreilles de sa petite sœur. Ses doutes se confirmèrent lorsque la rouquine, un large sourire étirant ses lèvres, imita le sifflement d'un serpent dans la quiétude du vestiaire. Un grondement sonore vibra dans la gorge de la préfète. Ginny se moquait d'elle. Dans un mouvement excédé, elle lança la serviette humide au visage de son amie et son hilarité s'accentua. La mélodie du rire de Ginny contaminait toutes les personnes qui le percevaient et Hermione n'était pas une exception. Elle se retrouva à partager la gaieté de son amie et camoufla sa gêne derrière ses mains.


« Malefoy, affirma la rouquine. C'est de Malefoy dont je veux parler.

Il n'y a pas grand-chose à dire, rougit-elle. On travaille juste ensemble et on ne s'insulte pas.

A d'autres ! C'est le genre de mensonge que tu gardes pour rassurer mon frère mais ça ne marche pas avec moi. »


Une confiance brute anima le corps de son amie et Hermione sentit sa voix se bloquer dans ses cordes vocales. La rouquine s'exprimait pour obtenir des réponses et des pistes de solutions sur toutes les théories romantiques qui se ficelaient dans son esprit. La préfète savait toutes ces choses. Elle appréciait les longues minutes où les lèvres de la rouquine articulaient des ragots sur des personnes que Hermione ne connaissait que de nom. La place de cible la rendait presque aphone. Par où commencer ? Hermione ne parvenait même pas à poser des mots sur ce qu'elle appréciait ou détestait chez son collègue. Les mots lui échappaient pour décrire toutes ces choses qui se passaient dans son esprit.

we used to hate each otherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant