Le reste de la journée se déroula sans que le moindre élève de la maison au lion n'eusse à croiser la route d'une cravate verte. Personne ne se montra capable de camoufler l'immense soulagement que cette situation provoquait. Le cours de potion avait drainé tant d'énergie que le cours d'histoire de la magie qui le suivit ne parut pas affreux. Hermione ne parvint pas à retirer ce sourire de soulagement pur de ses traits alors qu'elle rejoignait ses amies aux abords du Lac Noir. Ginny lança un galet en direction de la surface plane de l'eau et elle l'observa rebondir avant de se perdre dans les profondeurs inconnues. Assise en tailleur sur l'herbe fraîche, Luna ne quitta pas une seule seconde son magazine aux images mouvantes qui présentait toutes sortes de créatures.
« Quoi de neuf ? les salua Hermione en les rejoignant.
— Rien d'intéressant pour nous, répondit Luna d'une voix rêveuse en tournant une nouvelle page, mais il paraît que votre cours de ce matin était assez particulier.
— Et pas qu'un peu ! se plaignit-elle en se laissant tomber aux côtés de son amie aux cheveux blonds. Les cours avec les serpentards ne sont jamais agréables, mais c'est une tout autre histoire de devoir travailler avec eux. J'en peux plus.
— Positive en disant que ton binôme n'était pas le plus laid des serpents, blagua Ginny en cherchant le galet parfait à ses pieds. Quoi ? ajouta-t-elle en percevant l'œillade circonspecte de la préfète. On ne peut pas dire que Malefoy est la personne la plus hideuse de Serpentard. »
Jamais le moindre commentaire sur l'apparence de Drago Malefoy n'eut traversé son esprit. Leur première rencontre remontait à plus de huit ans et il restait cet insupportable garçon dont l'égocentrisme aurait pu faire pâlir d'envie Rita Skeeter. Son attitude détestable et son comportement hautain surpassaient son physique. Il restait ce gamin insupportable qui aimait insulter les personnes différentes de lui, cette fouine heureuse de mettre tous les proches de Harry Potter dans des situations qui pouvaient coûter des points à leur maison. Son apparence agréable ne surpasserait jamais son tempérament. Hermione n'était pas idiote. Elle le savait bien plus beau que Crabbe ou Goyle. Mais elle le savait aussi beaucoup plus malin que ses deux laquais.
« Tu trouves qu'il est beau ? s'étonna-t-elle.
— Tout le monde le trouve beau, rit la rouquine. Il n'y a vraiment que toi pour ne pas remarquer la gueule d'ange qui cache la véritable ordure. »
Interloquée par la réflexion de son amie, la brune risqua un coup d'œil dans la direction de Luna. Son magazine abandonné au milieu de brins d'herbe, cette dernière lui offrit un sourire malicieux validant chaque mot prononcé par Ginny. Le second préfet en chef était-il si beau que ça ? Hermione se dessina son portrait dans son esprit. Les vêtements sur mesure soulignaient toujours sa silhouette élancée et aucune imperfection ne marquait sa peau. Son visage paraîtrait presque harmonieux si le dégoût et la supériorité n'en tiraient pas chaque trait. Il conservait ses prunelles changeantes dans lesquelles Hermione pensait observer les changements météorologiques de la Grande Bretagne. Ils passaient de la noirceur des orages les plus violents à la clarté d'un ciel estival. Ils fascinaient la sorcière, mais les lèvres fines du sorcier venaient retirer toute forme d'appréciation.
« Même Mimi Geignarde le trouve beau, commenta Luna.
— Mimi Geignarde trouve tous les hommes beaux, remarqua Hermione dans un soupir. Je pense qu'elle rangerait McLaggen dans les hommes incroyablement charismatique, grimaça-t-elle.
— McLaggen n'est pas si moche que ça, souligna Ginny. Il est juste très lourd. »
Un ricanement échappa à Hermione alors que les souvenirs de son unique rendez-vous avec le garçon lui revenaient. Sa soirée avec Cormac McLaggen ne se rangeait pas dans les nuits mémorables de sa vie. Elle avait tenté de le fuir une grande partie de la soirée et elle avait cru comprendre que le contenu de son estomac avait terminé sur les chaussures du Professeur Rogue. Les jeunes femmes racontèrent quelques anecdotes sur les élèves de chaque maison sur ce ton de nostalgie que l'amusement venait parfois ponctuer. Il paraîtrait que Justin Finch-Fletchley avait entretenu une relation secrète avec une mystérieuse élève de Serpentard alors qu'ils étaient encore en cinquième année. Personne ne sut jamais qui se cachait derrière le serpent dont tous parlaient. Luna suspectait Bulstrode et Zabini pour des raisons qui lui échappaient. Mais la façon dont le cerveau de Luna fonctionnait échappait souvent à Hermione.
Les ragots se fanèrent sur leurs lèvres et ils se transformèrent en anecdotes teintées de nostalgie. Elles discutèrent de leur enfance ; de cette époque où elles n'avaient pas encore reçu la première lettre les invitant à rejoindre les bancs de l'école de sorcellerie. Le sourire mélancolique de Hermione ne la quitta pas une seule seconde alors qu'elle relatait les événements de la journée où elle s'était rendu compte qu'elle n'était pas une enfant comme les autres. De drôles de choses se produisaient toujours lorsque des émotions trop fortes embrumaient son esprit et elle se souvenait des craies gluées par sa simple volonté. Son professeur de primaire avait refusé de l'interroger alors qu'elle connaissait la réponse à une question. Elle se rappelait aussi des lacets de ses camarades de classe qui se nouaient dès qu'ils leur prenaient l'envie de la tourmenter. Tous ces détails étranges avaient pris leur sens lorsque la lettre pour Poudlard s'était retrouvée sur le seuil de sa porte. La réception de la fameuse invitation pour les bancs de l'école n'était pas la même pour les enfants nés dans cet environnement que les sorciers côtoyaient. Ginny et Luna avait toujours su que leurs études se dérouleraient à Poudlard. La maison de la première s'animait chaque jour sous les coups de baguette et la seconde croisait des créatures plus ou moins dangereuses depuis qu'elle savait marcher. Leur lettre pour l'école de sorcellerie avait été une évidence.
« Mais risquer notre vie n'était pas prévu, rit Ginny en jetant un dernier galet à la surface du Lac. Voldemort a changé notre vie.
— Je suis quand même contente que tout ça se soit produit, avoua Luna de son habituelle voix rêveuse. On ne serait jamais devenues amies s'il n'avait pas été là. »
C'était une étrange réflexion. Hermione ne pouvait pourtant pas le nier. Elle ne serait jamais devenue amie avec Harry et Ron si le Professeur Quirrell n'avait pas fait entrer un troll dans l'enceinte de l'école. Elle n'aurait pas adressé la parole à Ginny aussi facilement si elle n'avait pas été la petite sœur de Ron. Et elle n'aurait jamais cessé de surnommer son amie au cerveau si créatif par cette insulte déguisée si elle n'avait pas fait confiance à Harry lorsqu'il criait le retour de Voldemort.
« On devrait rentrer, remarqua Hermione. Il commence à se faire tard et les garçons doivent déjà nous attendre dans la Grande Salle pour manger.
— Ne faisons pas attendre une seule seconde de plus l'estomac vorace de mon frère. »
j'espère que la subtilité de ce chapitre vous a plu. ça fait longtemps que je l'ai écrit donc je n'ai pas beaucoup de choses à vous raconter. je pense que si je m'étends trop dans les détails, je risque de dévoiler certains éléments de la suite. et ce serait pas cool pour vous.
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we used to hate each other
RomantizmSi une personne avait un jour osé annoncer à Hermione Granger qu'il existerait un monde où elle apprécierait Malefoy, elle ne l'aurait pas cru une seule seconde. Et puis quoi encore ? Il ne manquerait plus qu'elle tombe amoureuse de lui. C'était tou...