Malefoy s'était bien moqué d'elle.
Cette réflexion traversa l'esprit de Hermione Granger dès qu'elle découvrit la salle commune des préfets vide. Son retard passait inaperçu en comparaison de celui du serpent. Un soupir agacé s'échappa de ses lèvres alors qu'elle s'abandonnait au confort du canapé. Elle avait quitté ses proches avec précipitation pour rien et le pressentiment que son camarade de promotion ne franchirait pas le seuil de la lourde porte ne la quittait pas. Elle s'était fait avoir comme une novice et cela la mettait hors d'elle. Pourquoi avait-elle marché dans son jeu ? Elle savait pourtant qu'il n'était pas digne de sa confiance et qu'il donnerait tout pour la mettre dans cet embarras. Elle se pencha pour récupérer un livre qui traînait sur la table basse puis se plongea dans les lignes d'un roman dont elle n'avait pas prêté attention au titre. Ce n'était pas le plus important. Elle voulait juste attendre que le temps s'écoule sans s'inquiéter de l'absence de Malefoy.
La jeune femme s'apprêtait à se plonger dans le cinquième chapitre lorsque la silhouette élégante de Drago Malefoy se dessina dans l'embrasure de la porte. Hermione sentit son regard perçant sur ses épaules et elle dut puiser dans toutes ses forces pour ne pas poser une œillade meurtrière dans sa direction. Elle n'allait pas lui faire le plaisir de la voir en colère. Il resta dans l'entrée durant quelques secondes avant d'amorcer un premier pas. Elle l'entendit s'enfoncer dans le velours du fauteuil et accepta de reposer son livre sur la table basse lorsque les prunelles claires de son camarade lui arrachèrent de désagréables frissons. Affichant une moue courroucée qu'elle espérait crédible, la jeune femme s'installa en tailleur sur le canapé et croisa les bras autour de sa poitrine.
« Tu es en retard, lui reprocha-t-elle.
— Bravo, siffla-t-il. Tu veux une médaille pour tes yeux de lynx ? »
Ses yeux agacés se portèrent sur le plafond et ses lèvres laissèrent échapper un long soupir. Comment un simple être humain pouvait-il se montrer aussi désagréable en prononçant si peu de mots ? Il jouait de son sarcasme avec une adresse remarquable et il pensait chacune de ses phrases pour provoquer des réactions chez elle. Hermione avait autant envie de l'ignorer que de lui faire avaler son stupide sourire en coin. Il prononçait ses mots avec cette intonation particulière que la jeune femme aurait pu caractériser de charmante si les sons qui sortaient de cette bouche étirée d'un sourire en coin n'eusse pas appartenu à Drago Malefoy.
« Qu'est-ce que tu me voulais ? s'impatienta-t-elle. Tu ne m'as quand même pas fait venir ici pour rien. »
Le sourire du blond s'accentua. Hermione risqua un coup d'œil en direction de la porte de la salle commune et estima le nombre de pas qui la séparait de sa libération. Elle avait suffisamment perdu de temps et elle savait qu'elle aurait dû se précipiter hors de la pièce. Mais sa curiosité la poussa à rester. Elle voulait savoir pourquoi Malefoy tenait tant à lui parler. Puis il fit un mouvement et capta le regard sombre de la jeune femme lorsqu'elle reposa ses yeux dans sa direction. Il brandit un livre épais et ancien devant lui. Hermione observa la couverture usée sur laquelle le titre de l'ouvrage se détachait par ses lettres dorées. Des pages jaunies s'échappèrent de l'étreinte de cuir et dévoilèrent une écriture manuscrite. Ses doigts se refermèrent autour des pages avec une attention particulière lorsque son camarade lui tendit l'ouvrage et elle analysa l'objet comme s'il s'agissait du plus rare des trésors.
« Tu m'as apporté un livre ? s'étonna-t-elle.
— C'est un vieux livre de sortilège, précisa-t-il. Il contient plusieurs sorts qui agissent sur la perception des gens et je me disais que ça pourrait être intéressant de se pencher là-dessus. »
Elle feuilleta avec délicatesse l'ouvrage alors qu'il lui contait son périple dans les rangées les plus recluses de la bibliothèque. Ses doigts glissèrent sur le papier comme si elle craignait que les pages ne se transforment en poussière sous son toucher. Elle aimait tant les livres comme celui-ci. Chacun des parchemins renfermait une partie d'histoire ancienne et elle aurait pu se plonger dans ses lignes durant de longues heures. Elle ne put cependant pas ignorer la présence de Malefoy et son regard sur ses épaules. Hermione lui adressa un sourire discret et elle se sentit rougir alors que leurs prunelles si différentes se rejoignirent. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi sa peau se tachait de nuances de rose à chaque fois qu'elle croisait le regard océan de son camarade de classe ou pourquoi son cœur s'affolait en sa présence. Tout cela n'avait aucun sens.
« Il y a un sortilège qui t'intéresse plus que les autres ? »
Une petite dizaine de parchemins s'alignèrent sur la table basse en guise de réponse. Elle découvrit l'écriture élégante du serpent et se plongea dans les sortilèges qui recouvraient les pages. Des lignes et des lignes d'explication suivirent le nom des enchantements. Les informations les plus importantes avaient été soulignées de la main du sorcier aux cheveux presque blancs. Les effets secondaires, les étranges spécificités et tous les autres détails qu'il avait estimés cruciaux se retrouvaient mis en évidence. Jamais Hermione n'aurait pu s'imaginer un tel travail pour une simple soirée d'Halloween. Elle ne comprenait toujours pas la raison pour laquelle ce thème lui tenait tant à cœur, mais voir autant de dévotions dans son travail la rendirent sans voix.
« J'ai eu quelques idées, commença-t-il en dégageant quelques parchemins parmi la pile. On peut déjà en enlever plusieurs parce que je ne suis pas certain que la Professeure McGonagall nous laisse jeter des sorts qui donnent des verrues ou endommagent la voix pour plusieurs heures. »
et voilà ! on entre dans la seconde moitié de cette histoire avec ce chapitre.
on se retrouve dans deux semaines pour le prochain chapitre !
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we used to hate each other
RomanceSi une personne avait un jour osé annoncer à Hermione Granger qu'il existerait un monde où elle apprécierait Malefoy, elle ne l'aurait pas cru une seule seconde. Et puis quoi encore ? Il ne manquerait plus qu'elle tombe amoureuse de lui. C'était tou...