Si une personne avait un jour osé annoncer à Hermione Granger qu'il existerait un monde où elle apprécierait Malefoy, elle ne l'aurait pas cru une seule seconde. Et puis quoi encore ? Il ne manquerait plus qu'elle tombe amoureuse de lui. C'était tou...
Le contrecoup de la soirée d'Halloween frappa les élèves de Poudlard avec une force aussi surprenante que désagréable. Hermione ne cessa de repenser à l'inconnu qui avait occupé sa nuit et elle se souvenait de la sensation de ses lèvres contre les siennes dès qu'elle fermait les yeux plus de deux secondes. Son parfum envoûtant la hantait et lui arrachait des frissons familiers. La jeune femme ne parvenait pas à chasser ces flashes de sa mémoire. Des sursauts la réveillaient même la nuit lorsqu'elle découvrait le visage harmonieux de Malefoy sous le masque. Elle avait espéré que son camarade se trouve derrière ce déguisement qu'il apparaissait dans ses rêves. Les battements de son cœur s'accéléraient à chaque fois qu'elle croisait le ciel tempétueux de ses yeux au détour d'un couloir.
« Tu penses encore à ton bel inconnu ? l'interrogea Ron alors qu'ils disputaient une partie d'échecs dans la salle commune de la maison au lion. Tu as encore perdu en très peu de coups, remarqua-t-il lorsqu'elle l'interrogea du regard. »
Les yeux bleus de son ami témoignèrent d'un amusement si fort qu'elle ne parvint pas à le supporter. Elle avait l'impression que son meilleur ami lisait dans ses pensées et cela la plongeait dans un malaise incontrôlable. Un esclaffement attendri résonna dans la pièce alors qu'il déplaçait son pion sur le plateau. Hermione observa sa tour blanche se faire détruire par le cavalier noir de son ancien amant. Le talent de Ron Weasley pour les échecs ne se discutait plus depuis de nombreuses années, mais elle ne perdait jamais aussi rapidement contre lui.
« Et toi ? elle évita la question en retournant le sujet vers lui. Ton bel inconnu de la soirée ?
— Ne m'en parle pas, gronda le rouquin. Je pense que je ne m'en remettrais jamais. »
La fête des morts s'était conclue par la formation de couples aussi éphémères qu'improbables et Ron s'ajoutait à la longue liste des victimes du sortilège. L'ambiance de la soirée l'avait porté et il avait discuté avec tant de personnes que les sujets de conversation se mêlaient dans son esprit. Puis il avait croisé le chemin de cet homme au sourire enjôleur avec lequel il avait passé une des meilleures nuits de sa vie. Il s'était perdu dans les bras de cet inconnu et il avait profité de chaque attention comme un trésor. Puis ils avaient enlevé les masques après ce que le rouquin décrivait toujours comme la meilleure partie de jambes en l'air de sa vie. Il avait chuté de son nuage d'extase.
« J'ai couché avec Théodore Nott, se plaignit-il en déplaçant une nouvelle pièce. J'ai couché avec ce gars et j'ai pris mon pied.
— C'est si grave que ça ? s'inquiéta la jeune femme dont le visage se déforma alors qu'une nouvelle pièce claire se transformait en poussière.
— Pas vraiment, admit-il, mais ça reste un serpentard. »
Cette conversation ressemblait à toutes les précédentes évoquant la nuit d'Halloween. Ron conservait la plupart de ses préjugés sur la maison au serpent. Il avait grandi dans l'univers sorcier et il avait toujours entendu que les mauvaises personnes se retrouvaient assises autour de la table des verts et argents. Hermione savait que la méchanceté ne se propageait pas chez tous les élèves de Serpentard. Leur ambition et la façon dont ils se pliaient en quatre pour atteindre leur objectif passaient souvent pour de la vanité ou un machiavélisme inégalables. Mais Ronald Weasley ne pouvait pas se défaire de ses idées préconçues en un claquement de doigts.
« Mais ne change pas de conversation, Hermione Jean Granger, l'accusa-t-il en pointant une pièce intacte dans sa direction. Tu dois me parler de ton bel inconnu. Ça fait plusieurs jours que tu refuses de nous en parler et on ne sait presque rien de lui.
— Parce que je ne sais presque rien de lui. »
Ce constat rendit plus triste qu'elle ne l'aurait cru possible. Son cerveau lui hurlait d'en apprendre plus sur cette personne avec laquelle elle s'était tant amusée. Elle bougea sa reine sur le plateau et rafraîchit son visage en posant ses mains glacées sur ses joues bouillantes. Pourquoi rougissait-elle pour si peu ? Elle avait déjà embrassé d'autres personnes.
« Je sais juste qu'il est grand et qu'il embrasse bien, ajouta-t-elle. Ça ne m'aidera pas à le retrouver. Il y a plein de grands gars qui embrassent bien à Poudlard.
— Je confirme. »
Les deux amis spéculèrent sur l'identité de l'inconnu aux lèvres douces jusqu'à la fin de leur partie. Plusieurs noms franchirent la barrière de leurs lippes et Hermione grimaça à chacune identité articulée par Ronald. L'identité du sorcier avec lequel elle avait dansé s'était figée dans son esprit et elle ne parvenait pas à imaginer une autre personne que Drago Malefoy sous le masque de l'inconnu. Elle devenait folle. Elle avait l'impression de faire une fixation sur le serpentard et cela lui déplaisait. Elle ne voulait pas subir la déception de se faire repousser et elle refusait de découvrir que sa présence dégoûtait le blond ; comme si les dernières semaines n'existaient pas.
C'était pourtant le schéma pessimiste qui se dessinait dans son esprit. Malefoy redevenait plus distant depuis que l'obligation de la soirée d'Halloween se retrouvait derrière eux. Il ne lui adressait la parole qu'en cas de nécessité et il s'éclipsait dès qu'elle avait le malheur de pénétrer dans la même pièce que lui. Il affichait ce masque familier d'homme distant et froid. Il affichait le masque de la personne qu'il avait toujours été avant qu'ils ne partagent plus de temps ensemble. Hermione refusait de s'inquiéter autant de l'absence du sorcier dans son entourage, mais le manque s'était infiltré dans chaque pore de sa peau. Elle peinait à se concentrer sur les mots des enseignants, cherchait son regard fuyant dans les parties communes du château et s'impatientait lorsqu'il prenait trop de temps à revenir de ses rondes dans les couloirs.
« Echec et mat, se félicita Ron. J'ai encore gagné.
— Je vois ça, gronda-t-elle. Je n'étais pas concentrée.
— C'est une excuse bidon, blagua-t-il. Je suis juste beaucoup plus doué que toi. »
Et beaucoup plus humble, pensa la jeune femme. Nier le talent de son ancien amant pour les échecs serait inutile. Ron Weasley ne se démarquait pas pour son talent scolaire, mais il analysait un plateau avec une précision que beaucoup devraient lui envier. Cette capacité leur avait sauvé la vie en première année et il cultivait son talent depuis ce jour-là. Au cas où, commentait-il souvent. Hermione ne connaissait pas meilleur joueur et elle aimait disputer des parties avec lui dans l'espoir de lui voler une victoire. Ce n'était arrivé que deux fois depuis qu'ils se connaissaient, mais elle persistait.
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on approche de la fin de cette histoire. encore trois chapitres et c'est terminé :)
on se retrouve dans deux semaines pour le 20ème chapitre !
