PDV Pierre
Ellie était là, quelques mères devant moi, elle était venue. Il fallait se le dire, j'en avais aucune certitude. Dès l'instant où j'avais déposé la dernière enveloppe à la rivière, mon stress était monté crescendo. J'étais arrivé à la colline il y a déjà une heure, ne sachant pas combien de temps Ellie mettrait à élucider mes énigmes. Chaque mineure qui passait me confortait dans l'idée que je l'avais perdu. Mais maintenant qu'elle se tenait devant moi, j'étais fier de savoir qu'elle avait débusqué tous mes subterfuges. Ça signifiait qu'elle se rappelait de chaque élément, je n'étais pas seul à m'être attarder sur des détails anodins comme le tableau de Napoléon. Ces derniers l'avaient marqué tout autant que moi. Mon objectif était qu'avant qu'elle ne me revoit, elle ait eu une piqure de rappel de tout ce qui avait fait, qu'aujourd'hui, nous en étions arrivés là. Je savais pertinemment qu'elle avait souvent tendance à se focaliser sur le négatif. Ainsi, maintenant qu'elle allait avoir les bons souvenirs frais dans sa tête, ça lui serait plus simple d'écouter ce que j'avais à lui dire. Au moins, maintenant, elle avait toutes les cartes en main pour décider de la suite. J'avais normalement réussi à mettre toutes les chances de mon côté.
Je m'approchai de sa silhouette illuminée par la clarté du ciel. La légère brise animée ses cheveux blonds. Je reconnu l'ombre de son éternel tote-bag jaune qu'elle tenait du bout des doigts. Elle était immobile, dos à moi. Sans même voir son visage, je savais pertinemment que ses yeux étaient fermés. Elle était très certainement en train de s'imprégner de l'air frais. C'était ça, sa thérapie : de longues inspirations, en pleine nature avec pour seule compagnie, le silence et la lune.
Enfin ça, ce n'était plus pour longtemps. Je parcourus les derniers mètres qui me séparait d'elle et allai placer ma main valide sur ses yeux.« - Pierre ! s'écria-t-elle en se tournant vers moi. »
Il eût un moment de flottement. Elle n'avait sûrement pas anticipé la proximité à laquelle je me trouvais derrière elle. De ce fait, dès l'instant où elle se tourna vers moi, nos visages se retrouvèrent à quelques centimètres. Les habitudes que nous avions prises lors de notre cohabitation nous criaient de nous embrasser. Je le sentais, elle le sentait. Une tension s'était instaurée entre nous. Et même si j'en mourrais d'envie, je vis bien qu'Ellie avait une certaine retenue. J'entendais son cerveau se battre avec son cœur. Mes actions nous avaient rattrapé au pas de course. Nous étions si proches que je pouvais sentir son souffle caresser mon visage. Nos regards étaient perdus l'un dans l'autre. Je ne saurais pas dire combien de temps cela avait duré, mais de mon point de vue, cela se comptait en milliers d'années. Le temps paraissait comme arrêté. J'avais la sensation de lire à travers elle, ses yeux reflétaient la peur, le doute et la tentation. Je ne rompais pas cet instant, dans l'attente que ce dernier sentiment reprenne le dessus. En revanche, elle, elle coupa la connexion en fermant ses paupières. Je sentis une décharge électrique traverser tout mon corps, comme si toute la tension qui nous entourait m'étais revenue en pleine face. Ellie finit par se reculer d'un pas en arrière, non sans prendre une longue inspiration.
« - Je pense que tu as mangé ta pizza donc tu m'excuseras, je ne t'ai ramené que le dessert, entamais-je.
- T'as vraiment pensé à tout.
- Évidemment, tu me prends pour qui, répondis-je en lui tendant un muffin.
- Ahhh mon préféré ! Merci Pierre !
- J'ai pensais à tout, je te l'ai dit.
- Au fait, je voulais te dire, euhm...
- Non attends Ellie, c'est à moi de commencer. Déjà, je ne veux pas que tu aies l'impression que je me dédouane de mes actes, bien au contraire, je les assume et je suis conscient que c'était indécent.
- Je ne t'en veux pas Pierre, je sais que tu as un bon fond. Ma colère s'est dissipée, il ne reste que de l'incompréhension. Pourquoi as-tu accepté de voir cette fille ?
- Je préfère être honnête, quitte à ce que cela ne te plaise pas. J'aime plaire et c'est mon principal travers, j'ai toujours eu l'habitude qu'on cherche à m'avoir. J'ai longtemps vécu à travers les gens, mes émotions dépendant du nombre de personnes qui s'intéressait à moi. Je me sens bien lorsque je sais que les autres m'apprécient. C'est comme une addiction à l'attention, tu vois ?
- Je l'avais remarqué et c'est pour ça que je ne t'en veux pas. Je me doute bien que c'est plus fort que toi. C'est d'ailleurs pour ça que je suis convaincue que tu n'iras jamais plus loin que des compliments échangés. Mais j'espère que tu as conscience qu'une fois engagé dans une relation, tu ne peux plus faire ça. L'attention que tu recherches, c'est à moi de te l'apporter. Je suis prête à t'aimer pour 10, 20 ou 100 personnes. Je suis là pour toi, Pierre. Parle-moi, tu n'as pas à avoir honte de tes faiblesses.
- Tu sais que t'es une perle rare, toi ? Ta maturité et ta bienveillance me fascineront toujours. Je crois que tu viens de me dire tout ce que j'ai toujours chercher à entendre, et ce, sans même en être conscient. Et pour revenir sur le fait que je t'ai caché que j'étais pilote, c'était, certes, car c'était une façon pour moi, d'avoir la certitude que tu m'appréciais pour ce que j'étais et non, pour ma profession. Mais finalement, plus le temps avance, et plus je me rends compte que c'était aussi l'attrait pour une nouvelle forme d'attention qu'on m'apportait. Et puis, au fil du temps, j'ai appris à te découvrir. Je me suis rendu compte que je pouvais avoir une relation saine avec une personne. J'étais capable d'aimer une personne pour elle et non pas pour l'attention qu'elle me donnait. J'aimais notre jeu, tu prenais le temps de me dessiner des paysages, tu m'offrais de ton temps de façon moins traditionnelle que ce dont j'avais l'habitude. Je me sentais important. Je découvrais qu'on pouvait s'intéressait à moi pour qui j'étais. Tu m'as donné confiance en moi Ellie. J'aimais ce que tu m'apportais et j'avais peur que tout cela change lorsque tu apprendrais qui j'étais vraiment. Mais bien au contraire, tu es restée la même et ça, je ne t'en remercierais jamais.
- Évidemment que je tiens à toi pour qui tu es, gros débile. Malgré tous tes défauts et ce que tu laisses paraître, je commence à cerner le vrai Pierre. Ça serait prétentieux de dire que je te connais, mais je pense comprendre qui se cache derrière cette grosse masse de muscles et de blagues nulles.
- Eh ! La fin de ta phrase n'était pas nécessaire !
- Je ne vais pas te faire que des compliments non plus ! Tu me prends pour qui ? Tu préférerais peut-être que je me jette à tes pieds pour vénérer monsieur Gasly le talentueux champion de Monza ?
- Ouais nan, t'as raison, ça serait pas vraiment toi si t'étais pas désagréable.
- Fallait bien qu'on se trouve un point commun.
- REDIS-MOI ÇA, OSE REDIRE QUE JE SUIS DÉSAGRÉABLE, la menaçais-je en la fixant distinctement.
- Non mais t'inquiète, t'es super sympa !
- Je préfère, merci.
- Je disais juste que t'étais désagréable à REGARDER, continua-t-elle, les yeux pleins de malice.
- ALORS TOI !
- Tu vas faire quoi ? Tu n'as qu'un seul bras en plus, me tenta-t-elle en partant en courant.
- Tu n'as pas envie de savoir, je t'assure, clamais-je en me lançant à sa poursuite.
- Je t'attends. »J'arrivai à sa hauteur en moins de deux et l'attrapai, passant un bras autour de sa taille. Une fois calée sur mon épaule, je la transportais jusqu'à la nappe de pique-nique que j'avais étendu et la déposai dessus. Je ne saurais pas dire lequel de nous deux était le plus hilare. Je dû me concentrer pour réussir à reprendre le contrôle de ma respiration tant je riais. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions allongés, côte à côte, le regard vissé dans le ciel. Nos éclats de rire avaient été chassé par le calme de la nuit. Je profitai à 200% de l'instant présent. J'étais simplement bien, heureux, je me sentais léger. La main d'Ellie tâtonnant autour de la mienne me sortit de mes pensées. J'ouvris alors ma main pour lui faciliter la tâche et la laissai entrelacer nos doigts.
« - Au fait, ta chasse au trésor était incroyable. Ok, j'avoue, j'ai eu des envies de meurtre à plusieurs reprises mais l'idée était bien trouvée. Tu m'étonneras toujours, dit-elle.
- Je crois que j'avais besoin de me rappeler de tout ce qui a fait que nous en sommes ici, aujourd'hui. Ça m'a permis de prendre conscience de la chance que j'avais de t'avoir à mes côtés.
- Ça a eu le même effet sur moi, des bribes de souvenirs remontaient à la surface à chaque nouvelle étape.
- En préparant tout ça, je me suis aperçu que chacun de ces éléments m'avait fait tomber amoureux de toi, un peu plus chaque jour.
- Amoureux ? répéta-t-elle en tournant sa tête vers moi.
- Amoureux, acquiesçais-je en recopiant son geste.
- Amoureux, souffla-t-elle, rêveuse en reportant son regard vers les étoiles.
- Ellie ? demandais-je en me relevant pour m'asseoir.
- Oui ? répondit-elle en m'imitant.
- Je crois que je t'aime, lâchais-je en n'osant pas la regarder dans les yeux.
- Tu crois ?
- Non, je le sais. Ellie, je t'aime. »Pour seule réponse, elle se rapprocha de moi, plaça ses mains de part et d'autres de mon visage et fondit sur mes lèvres. Je me décollai légèrement pour l'admirer avant de réintensifier notre baiser. Je me sentais en paix avec moi-même. J'avais été transparent avec elle et ça avait porté ses fruits. J'étais simplement heureux de la retrouver et je me promis que c'était la dernière fois que je m'empêchais d'être si loin d'elle.
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coucou !! Enfin la trève entre nos 2 compères haha :)
Au fait, vous en pensez quoi des inondations d'Imola ? Ça pue l'annulation du GP non ?
kiss kiss, à demain <33
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Mon bel inconnu - Pierre Gasly
Фанфик"Enjoy the butterflies", c'est la phrase que la mère d'Ellie utilise pour la décrire. En effet, cette jeune guide de musée calme et débrouillarde est capable de s'émerveiller devant tout. Voir de simples papillons virevolter autour d'elle est capabl...