Mon bel inconnu - Pierre Gasly

Chapitre 1

PDV Ellie

« - Détendez-vous, ne vous inquiétez pas, reprenez, me dit-il avec un sourire se voulant rassurant. Si vous vous tenez devant moi, c'est que vous avez toutes vos chances.
- Merci beaucoup, excusez mon stress, j'avoue avoir imaginé ce rendez-vous des centaines de fois. Bizarrement, tout se passait mieux dans mes rêves, riais-je doucement pour évacuer mon stress.
- Aucun problème, commencez par vous présenter, cela vous mettra en confiance. À moins que vous n'ayez des doutes sur votre âge, continua le directeur, dans la bonne humeur.
- Effectivement, je pense maîtriser ceci ! Je reprends, je suis Ellie Brown, bientôt 24 ans et fraîchement diplômée de l'Institut National de Patrimoine, après avoir obtenu ma licence d'Histoire, à l'université de Nice. Mes principaux centres d'intérêt sont la peinture et la course à pied.
- Je vous arrête ici mademoiselle Brown, je vais peut-être vous paraître cru, mais tout ça, je l'ai lu dans votre dossier, 5 minutes avant que vous arriviez. Votre CV a déjà passé la première étape, maintenant, je veux savoir qui est Ellie. Ne me donnez pas les informations que vous pensez que je voudrais entendre, vous saisissez ? Qu'est-ce qu'il vous fait vibrer, qu'est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ? 
- Oh, pardon, je suis confuse, je pensais bien faire..., répondis-je, déstabilisée.
- Ne vous morfondais pas dans les excuses, je vois que vous voulez bien faire. Dans 90% des entretiens, votre premier jet aurait été parfait. Cependant, nous sommes dans le secteur de l'art, j'apprécie l'originalité et l'authenticité. Pour mon équipe, je recherche la créativité, l'hors du commun, et non pas des archétypes, alors sortez des sentiers battus !
- C'est noté, laissez-moi reprendre une dernière fois alors, demandais-je en inspirant un grand coup. Ellie est une jeune femme de 23 ans, qui ne prend rien, ni personne pour acquis, elle travaille toujours plus dur et perfectionne tout ce qu'elle peut. Ce serait bateau de vous dire qu'elle réussit tout ce qu'elle entreprend, mais de son point de vue, c'est le cas, car même un échec est une réussite. Elle le perçoit comme une occasion de faire mieux la prochaine fois. 
- Excellent, merci de vous être ouverte, j'apprécie votre sincérité. Vous titillez ma curiosité avec votre parti prix d'utiliser la troisième personne, bien joué. Maintient, j'aurais une autre question pour vous : pourquoi notre musée et pas un autre ?
- Honnêtement, on ne présente plus sa renommée, à travers le monde. De plus, j'ai arpenté ses allées de très nombreuses fois, je m'y sens comme chez moi. Pendant de très nombreuses années, ses salles silencieuses ont été mon refuge. De plus, lorsque j'avais 5 ans et que ma grand-mère m'a amené ici pour la première, je m'y suis senti comme chez-moi. Ainsi, au fil de mes visite, j'ai fini par me faire la promesse de faire de cet endroit, mon lieu de travail. C'est donc pourquoi, aujourd'hui, je me tiens devant vous.
- Je vois que vous semblait réellement attachée à cette institution, cela fait plaisir. Aussi, il me semble avoir lu dans votre dossier que vous n'habitiez pas à Monaco, exact ?
- Oui effectivement, je suis française, mais j'habite à Nice depuis petite donc à seulement 30 min d'ici. Je compte déménager ici, je considère Monaco comme ma ville de cœur à vrai dire.
- Super, je crois avoir fait le tour. On passe à l'aspect administratif ? me demanda-t-il en tapotant son dossier sur le bureau pour réaligner les feuilles. » 

    ***

Je sortis enfin du bureau du directeur. Après 1h de discussion, ma batterie sociale était vidée. En revanche, je n'étais pas mécontente de la tournure que cela avait pris. Même si j'avais été déstabilisée, je m'étais plutôt bien raccrochée aux branches.

Je marchai d'un pas actif vers ma voiture, pressée de rentrer chez moi et pouvoir débriefer avec ma mère. Je slalomais dans les rues en lisant chaque panneau dans l'espoir de reconnaître le chemin que j'avais emprunté plus tôt dans la matinée. Le parking du musée étant plein et le stationnement dans la principauté rare, j'avais dû prendre une place à près d'un kilomètre.