Chapitre 10

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PDV Pierre

« - T'es sûr de toi Charlot ?
- Mais oui, fais moi confiance et pose ce dessin ! »

On était mardi matin et j'étais en train de déposer une feuille à l'endroit qu'Ellie dessinait sans cesse. Ça serait mentir de dire que je ne suis pas terrifié. J'ai l'impression de jouer ma vie avec ce plan, on avait passé la nuit à l'élaborer. Tu voulais de l'originalité Ellie ? Alors en voilà. Tout ce qu'on avait échafaudé reposait sur des suppositions, il allait falloir qu'un sacré paquet de planètes s'alignent. Mais je croyais en ma bonne étoile. Maintenant, c'est à toi de jouer Ellie, je compte sur toi.

                                          ***

« - Rentre bien mon Pierrot, on se voit dans 2 jours !
- Merci pour tout Charlot, toute cette gentillesse me donnerait presque envie de te laisser gagner dimanche.
- Je n'en crois pas un mot.
- Ouais tu fais bien, je compte t'écraser, mais c'est l'intention qui compte comme on dit !
- Allez si tu veux, se marra-t-il en me lâchant une petite tape dans le dos. »

PDV Ellie

Une journée terminée de plus. Aujourd'hui, cela faisait officiellement une semaine que j'avais commencé ma nouvelle vie. Elle état simple, sans artifices, tout comme j'aimais. Il était 19h mais le soleil ne se coucherait pas avant un bon moment, je décidai que c'était le bon moment pour apprendre à maîtriser les dégradés du bleu du ciel. Ni une, ni deux, je me mise en route.
Une fois arrivée, je m'assisse dans l'herbe en calant mon dos sur une grosse pierre. Un crissement me coupa dans mon action. Je me relevai pour regarder la bêtise que je venais encore de faire. Je découvris un dessin assez hasardeux. J'eus un pincement au cœur, un enfant avait dû perdre son oeuvre. Instinctivement, je retournai la feuille, qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir une signature. Comment ça « le relou du musée » ? Je parcourus la feuille du regard. Je n'en revenais pas, c'était vraiment Pierre qui avait écrit ça ? Il était inscrit « Alors le voilà ton jardin secret, celui que tu as tant dessiné. Tu voulais de l'originalité ? Alors, tu devrais être servie. Tu m'as dit que tu ne connaissais pas spécialement la ville, bonne nouvelle, moi non plus. Je te propose qu'on se fasse visiter mutuellement, comme une sorte de chasse au trésor. Je t'ai dessiné un autre lieu où j'aime aller quand je viens ici. À toi de le retrouver. Et si tu acceptes, libre à toi d'y déposer un dessin d'un autre endroit que tu apprécies. J'y passerais la semaine prochaine pour voir si tu m'as répondu. Petit bonus, je te propose d'apprendre à se connaître en même temps. Je commence, quelle est la chose dont tu es le plus fière dans ta vie Ellie ? En espérant découvrir Monaco avec toi, signé le relou du musée. ».
Je pris le temps de relire son mot plusieurs fois. Je n'arrivais pas à réaliser, c'était la chose la plus mignonne que j'avais jamais vu. Cette idée me ressemblait tellement : du dessin, de la balade et le tout, sans nécessité d'une connexion internet. Mais qui es-tu Pierre ? Je croyais t'avoir cerné. Tu viens de me prouver que je me trompais sur toute la ligne. J'avais sincèrement envie de suivre son jeu mais est-ce que cela ne m'engageait pas à quelque chose derrière ? Je n'arrivai pas à savoir si Pierre attendait quelque chose de moi. Je lui avais bien mentionné le fait que je n'étais pas célibataire, mais ça n'avait pas l'air de le freiner. Il voulait peut-être simplement gagner mon amitié. Dans ce cas, je ne commettais aucune erreur en répondant, vis-à-vis de Noah. Je griffonnai, de tête, une ruelle que j'appréciais, repris mes affaires et parti en quête de l'endroit que Pierre m'avait dessiné pour lui déposer la prochaine missive.

                                        ***

Cela faisait 2 bonnes heures que je tournai en rond. Pour ma défense, le dessin n'était, à priori, pas son centre d'intérêt favori. Je ne reconnaissais pas grand chose. Le seul indice qui pouvait m'aiguiller était un panneau. Mon dessinateur y avait inscrit Nice 20 km et Cannes 55 km. Autant vous dire que c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Je traversais les rues en scrutant chaque distance pour savoir dans quelle direction m'orienter. Par chance, alors que j'étais en train de maudire Pierre pour son idée,  je tombai sur le fameux panneau. Je tournai sur moi-même pour trouver l'angle sous lequel il avait dessiné son oeuvre. Une fois la bonne orientation trouvée, je compris son choix de lieu. Il avait raison, la vue était superbe. On pouvait observer la mer derrière une allée de cyprès. Je pliai ma réponse et la mise dans une enveloppe avant de la déposer. Avant de rentrer, je pris une rapide photo pour me souvenir de l'endroit.

Mon bel inconnu - Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant