Chapitre 30

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PDV Ellie

Je m'étais absentée toute l'après-midi. Ça avait été trop pour moi. Je n'en revenais pas, comment avait-il pu accepter de voir cette fille en ayant pleinement conscience de ses intentions ? En fait, je m'en voulais profondément d'avoir eu la prétention de penser que j'aurais pu être celle qui aurait fait changer Pierre. Je ne comprenais pas pour qui je m'étais prise. Je n'avais rien de plus que les autres. À cet instant, ce qui me hantait était l'idée que Pierre ait pu me percevoir comme une simple nouveauté, une possibilité d'élargir son éventail de conquête. Guide de musée, ça devait faire joli dans son tableau de chasse. Je me sentais idiote de m'être livrée en pensant que cela en valait la chandelle. Je lui avais ouvert la porte de chez-moi, je lui avais consacré tout mon temps et toute mon attention. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'à la première occasion, il court dans les bras d'une autre.

Ces pensées étaient les seules choses qui avaient tourné dans ma tête durant les dernières heures. Je m'étais senti submergée et étais partie me réfugier dans un grand parc. Je ressentais le besoin de prendre l'air, de peindre et d'apprécier les derniers rayons de soleil de l'année sur mon visage. De plus, j'avais fait en sorte que personne ne puisse venir me trouver. La solitude était mon remède.

Même si toutes mes dernières rencontres m'avaient apporté beaucoup de bonnes choses, j'avais finalement l'impression de ne pas me sentir significativement plus heureuse par rapport à mon ancienne vie. Alors certes, il y avait aussi la prise définitive de mon indépendance avec mon appart et mon métier qui intervenait, mais c'était surtout les garçons qui avaient impacté ma vie. Mes émotions n'avait fait que jouer aux montagnes russes, un coup j'étais plus qu'heureuse et un autre, j'étais 6 pieds sous-terre. En comparaison, avant, ma vie était, certes, plate et un poil ennuyante, mais au moins elle était stable. Là maintenant, je ne savais pas dire ce qui était mieux ou pire, mais dans tous les cas, ce dont j'étais sûre, c'était que je ne voulais plus ressentir la douleur que j'avais actuellement dans ma poitrine. Je ne l'avais jamais ressenti auparavant et j'aurais préféré ne jamais connaître son existence. Je voulais simplement retrouver ma sérénité passée. Pourtant, plus le temps avançait, et plus je comprenais que cette volonté était incompatible avec le monde de la F1 et tout ce qui allait avec. En soi, si je ne m'y étais jamais intéressé auparavant, ce n'était pas pour rien. Et ça, je l'avais oublié bien vite, trop vite. Je commençais à comprendre ce que les gens entendaient par « l'amour rend aveugle ». Et si tant de personnes parlait de ce phénomène, ce n'était pas pour rien. J'avais foncé, tête baissée, dans une vie aux antipodes de mon ancienne pour la simple et bonne raison que je tenais à Pierre. Mais était-ce réellement un argument suffisamment valable ?

Caillou : Coucou Ellie, j'espère que tu vas bien. Je t'ai cherché partout cet après-midi, en vain. Alors d'abord, la première chose que tu mériterais d'avoir, ce sont mes excuses, mais permet-moi de ne pas te les faire maintenant. Je veux qu'elle ait une vraie valeur, que tu ressentes l'honnêteté avec lesquelles je te les dirais. Plus simplement, je voudrais qu'elles soient à ta hauteur pour espérer que tu puisses me pardonner. Ainsi, je voudrais que tu me rejoignes ce soir. Mais avant ça, je t'ai préparé un petit quelque chose, j'y ai mis tout mon cœur et tout l'amour que j'éprouve à ton égard. Si tu es d'accord, un chauffeur t'attendra devant ton hôtel à 18h, monte à l'arrière et laisse-toi aller par ce que j'ai préparé. Pour une fois, permets-moi d'inverser les rôles et d'être ton guide :)

Face à son message, ma première pensée fut un refus catégorique. Il ne pouvait pas, systématiquement, faire n'importe quoi puis revenir comme une fleur, quelques temps après, pour s'excuser, c'était trop facile. Mais d'une autre part, après réflexion, les paroles de Charles tournaient en boucle dans ma tête : « Pense avec ton cœur plutôt qu'avec ton cerveau ». Alors, quelle partie de moi ne voulait pas aller rejoindre Pierre ? Était-ce dans ma tête ou dans ma poitrine ? Je devais apprendre à faire la part des choses. Qu'est-ce que, au plus profond de moi, désirais-je vraiment ? Est-ce que mon refus n'était finalement pas une sorte de barrière de sécurité que mon esprit me mettait par peur de souffrir ? Ou était-ce réellement une mauvaise idée ? Il fallait se rendre à l'évidence que rien de tout ce qu'il a fait ne pouvait disparaître et que je ne pourrais pas l'empêcher de recommencer plus tard. Mais d'un autre côté, est-ce que je ne regretterais pas si je n'essayais pas ? Tout était si contradictoire dans ma tête, je ne savais plus quoi penser. J'étais incapable de prendre une décision. J'avais l'impression que dans tous les cas, cette dernière serait mauvaise. Et puis en même temps, est-ce que, dans la vie, tout était binaire ? Soit oui, soit non ? Soit super bien, soit super nul ? Pas tout à fait à vrai dire, et pour preuve, même dans les pires moments, il y avait toujours une petite part de positif. La vie était faite pour être vécue, je devais saisir toutes les opportunités qu'elle m'offrait. Vu sous cet angle, écouter ce que Pierre avait à me dire ne me coûtait pas grand chose et ne m'engageait à rien. Et surtout, cela ne faisait pas de moi, une fille aveugle qui retombait systématiquement, dans les bras de son copain, malgré ses erreurs. J'étais simplement pleine de bonnes volontés et désireuse de prendre la main qu'on me tendait.

Mon bel inconnu - Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant