CHAPITRE 15

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J'observe ma mère, couchée sur le siège, les yeux fermés, les écouteurs enfoncés dans les oreilles.  Son ventre se gonfle à chacune de ses inspirations. Elle en est au stade 3 du cancer du sein. Il y a eu 2 faux espoirs, 2 fois où elle a été en rémission, 2 fois où on y a cru, mais cette saloperie est revenue. 

Son combat continue, mais j’ai peur qu'elle perde espoir, la chimio ne fonctionne pas comme on le voudrait. C' est pour cette raison que l'essai clinique sonne comme une chance pour elle et pour nous qu'elle puisse enfin s'en débarrasser complètement. Avec Raph on l'accompagne chacun notre tour ou du moins on fait une ronde lorsqu'on est disponible pour être avec elle. Pour l'accompagner et qu'elle n'ait pas à vivre ça toute seule.

Mon ordinateur sur mes genoux,  je peaufine des travaux, et j'en profite pour réviser. La voyant gigoter, je pose ma main sur son bras, la faisant ouvrir les yeux. Je brandis l'oreiller pour lui demander si elle veut que je le lui passe sous la tête. Elle acquiesce. Elle lève un peu sa tête afin que je puisse y glisser l'oreiller. Je laisse un baiser sur sa tempe, lui procurant un petit sourire. 

-Tu veux que je t'apporte quelque chose à boire ou à manger ? je demande avec bienveillance.

Elle secoue la tête en me remerciant.

- D'accord, je reviens, je vais aller me chercher quelque chose au distributeur, je poursuis en parlant doucement pour ne pas déranger les autres patients. 

Je me redresse et me précipite à l'extérieur, pour ne pas qu'elle voit ma vue se brouiller de larmes. C'est tellement difficile de la voir comme ça. Je ne veux pas la perdre. Ça m'effraie tellement. Je m'adosse contre un mur en me couvrant la bouche pour ne pas faire de bruit. J'ai senti cette boule me submerger, il fallait absolument que je trouve un moyen d'échappatoire pour pas qu'elle me voit comme ça. Je dois paraître forte pour elle. Je n'ai pas envie qu'elle pense que je la prends en pitié ou autre.

Avec Raph on agit normalement, même si à certains moments on ne peut s' empêcher d' agir pour lui venir en aide, on essaye de faire comme si elle n' était pas malade. Elle a horreur de ça, de se dire que ses enfants s' occupent d' elle alors que c' est elle notre mère et que c’est son rôle de s’occuper de nous et non l’inverse. Elle ne veut pas qu' en la regardant, on y voit quelqu'un de malade qui requiert de l'aide, mais seulement notre mère. Une mère qui nous aime et qui feins d'être en bonne santé. 

C'est dur de faire semblant, mais si agir de la sorte peut l'aider, on n'a pas le droit de ne pas exécuter ce qu'elle souhaite. 

Je me redresse, et commence à marcher, mais avec le voile qui s' est formé, je rentre dans quelqu’un. Je me confonds en excuses, embêtée.

- Faites atten…., Ashley ? 

Je passe ma main sur mes joue et sous mes yeux pour retirer toutes larmes. Je lève la tête et reconnais Ludo. 

- Ludo ? Je m'exprime, surprise.

Il est habillé d'une blouse blanche avec un badge qui affiche son nom complet Ludovic Floshq et son attribution : infirmier. Je ne me serai jamais douté pouvoir le croiser ici. 

- Qu’est-ce qu’il se passe ? s'enquiert-t-il.

Je hausse les épaules et affiche un faible sourire. 

- Je suis venue accompagnée…, je m’étrangle secouée par un sanglot. ma mère, pour sa chimiothérapie, je réussis à poursuivre.  

- Viens là.

Il sonde mon regard comme pour avoir mon approbation, puis il me serre doucement contre lui. Je ne le connais pas, mais là, je ne parviens pas à me contenir, alors, je me laisse aller.  En ce moment les larmes sont au rendez-vous, la fatigue y est pour quelque chose.  Je suis crevée. 

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