CHAPITRE 18

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  Le ciel se couvre de plus en plus de gros nuages noirs, près à exploser en un millier de petites gouttes d’eau. L’odeur de la pluie se fraie un chemin jusqu’à mes narines tandis que j’hume l’atmosphère orageuse.

J’accélère l’allure de crainte de finir trempée des pieds à la tête. Intérieurement je maudis mon frère de m’avoir posé un lapin. Il aurait au moins pu avoir l’amabilité de me prévenir pour que je ne l’attende pas durant une demi-heure à l’arrêt de bus.

Je rouspète toute seule dans la rue, ce qui attire l’attention de quelques passants bien trop curieux, qui ne s’en cachent pas puisqu'ils jettent des regards qui lorgnent dans ma direction.
Au fur et à mesure que je m’approche de la maison, un mauvais pressentiment m’envahit. Je l’ignore d’un revers de la main et je presse le pas.

  En arrivant dans ma rue, je ralentis en voyant un gros 4x4 noir garé à cheval sur le trottoir juste en face de la maison. Je fronce les sourcils et fait le tour du véhicule qui m’est totalement inconnu. Soudain grondement sourd me fait faire un bond en arrière. Un éclair ne va pas tarder à se manifester. Je ferais mieux de rentrer me mettre à l’abri avant que la tempête ne s’installe pour de bon.

  Je m’avance vers la porte d’entrée, tout en fouillant dans mon sac à main à la recherche de mes clés. Au même instant, mon téléphone se met à vibrer. Je peste, et suis obligée de m’accroupir pour chercher mon portable dans mon sac. Le prénom de mon frère s’affiche sur l’écran. On peut dire qu’il a bien pris son temps, mais, mieux vaut tard que jamais comme le dit si bien l’expression.

  - Allô ? Merci de m’avoir prévenue ! J’ai dû rentrer à pied parce qu’il y a la  grève des bus, je l’informe doucement.

  - Tu es où ?

  - Euh devant la maison pourquoi ?
  Il souffle dans le combiné, puis une porte claque.

  - Ashley ! Écoute-moi bien ! Ne rentre pas à la maison ! Retrouve tes amis et reste avec eux !

  Ma bouche s’ouvre. J’essaie d’aligner une phrase qui a du sens, mais sa demande me déconcerte ; d’autant plus que ses paroles sont accompagnées d’un objet qui tombe, puis qui se brise.

  - Quoi ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? C’était quoi ce bruit ?

  - Rien ! Pour une fois Ash, fais ce que je te dis bordel ! m’ordonna-t-il, ne laissant aucune place à la discussion.

  Je m’apprête à accepter sans discuter. Je tourne même les talons avec mon téléphone toujours collé à mon oreille. Mais je m’immobilise quand un bruit fracassant me parvient de l’étage au même moment où la ligne coupe.

Pourquoi m’a-t-il demandé cette requête ? Est-il en compagnie d’une  fille ? Ou alors autre chose ? Intriguée, je fais demi-tour et pousse la porte déjà entrouverte. Je fronce les sourcils. Pourquoi la porte est-elle ouverte ? Est-ce si compliqué de la fermer ?

  A peine ai-je franchi le seuil qu’un cri étouffé sort de ma gorge. Je cale mon corps contre le mur à l’entrée, horrifié par la vision d’horreur qui s’offre à moi. J’étais loin de la vérité. Très loin. Mon sac glisse brusquement le long de mon bras et finit par terre.

Je l’enjambe et me précipite vers le corps sans vie qui gît au sol. Du sang s’est répandu sur le parquet du salon. Je prends aussi délicatement qu’il m’est possible la tête de ma mère, que je dépose sur mes genoux.

Ses yeux sont fermés, son visage est livide, son corps ne se soulève plus, comme si la vie l’avait quitté. Je ferme les yeux et les rouvre dans l’espoir que ce ne soit qu’un cauchemar, mais non, c’est bien réel. Je vois un éclair fendre le ciel, puis le grondement résonner jusqu’à mes oreilles, mais je n’y prête presque pas attention, bien trop occupé à essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. J’ai peur de la secouer, de crainte que ça n’empire son état parce qu’elle est encore vivante, ça ne peut pas en être autrement.

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