And Now?

CHAPITRE 35

Flashback

Point de vue de Neven

Maman me sert fort la main, à tel point que j'en viens à avoir mal. En s'en rendant compte, elle relâche sa prise. L'empreinte de ses ongles est restée sur ma peau. Elle m'observe et m'adresse un sourire en me caressant les cheveux. J'ai du mal à le lui rendre. Son oeil au beurre-noir commence à disparaître contrairement à ces cernes qui sont de plus en plus présentes. Je m'en veux de ne jamais avoir réussi à la protéger. L'entendre pleurer et hurler, c'était tellement... horrible. Même si j'ai une certaine pression, et que la culpabilité me ronge, je suis rassuré que cela ne soit bientôt qu'un mauvais souvenir.

Il est incriminé pour tellement de choses qu'il risque de rester un long moment en prison. J'espère qu'il va en baver comme il nous en a fait baver, c'est tout ce qu'il mérite. Le voir derrière les barreaux est un réel soulagement. J'essuie mes mains moites sur mon pantalon. Même s'il n'est pas près de moi, j'ai peur de croiser son regard. Il a une emprise sur moi et bordel je déteste ça. Je me sens tellement faible, tellement inutile. Avant de sortir de la voiture, maman s'est mise à pleurer. Je crois qu'elle aussi a peur, et encore plus du fait qu'elle va passer à la barre.

Je baisse la tête et fixe mes pieds. Les gens s'installent tout en chuchotant. Ça me met extrêmement mal à l'aise, mais j'essaie de faire abstraction de tout ça. C'est la seconde fois que je mets un pied dans un tribunal, sauf que cette fois, je ne suis pas juste un spectateur. Je ferme les yeux pour éviter de paniquer.

Soudain, maman émet un petit hoquet de surprise. Je relève la tête, me redresse et suit son regard. Une femme plutôt jeune s'avance dans l'allée, accompagnée de deux enfants qui je suppose sont les siens. Mes prunelles se posent directement sur la fille. Elle à l'air d'être un peu plus jeune que moi. Un bandage entoure sa tête et elle a un plâtre au bras gauche. Ses yeux sont brillants, comme si elle refoulait une envie de pleurer. Malgré tout, elle sourit à son frère qui lui tient l'autre main.

Elle porte une jolie petite robe blanche avec un court gilet bleu marine. Je l'analyse de la tête au pied. Elle est super jolie. En remontant mes yeux sur son visage, je remarque que son regard s'est posé sur moi, elle penche la tête et m'adresse un sourire. Pour un raison que j'ignore, mes joues s'échauffent un peu. Je détourne d'un seul coup mes iris. Son sourire semblait tellement bienveillant et rassurant qu'il me donne le courage d'affronter cette journée éprouvante.

J'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec le plafond de mon salon. Je fronce les sourcils et me crispe. Pourquoi est-ce que je ne me souviens de ça seulement maintenant ? Je n'avais jamais fait le rapprochement, mais maintenant je comprends mieux. Je me sens totalement idiot d'avoir enfouit en moi ce souvenir. J'aurais pu comprendre plus tôt.

Je soupire.

Subitement, je la sens bouger contre moi, ce qui me ramène à moi.

- A quoi tu penses ? Questionne-t-elle avec douceur.

Malgré moi, un sourire naît sur mes lèvres. Comme lorsque je n'étais qu'un adolescent, sa présence à quelque chose qui m'apaise.
Je passe ma main dans ses cheveux emmêlés, songeur.

- A la première fois que je t'ai vu.
Elle redresse sa tête et dépose des baisers sur mon torse un peu amoché.

- Lorsque tu as déposé Raph' dans un piteux état devant chez moi tu veux dire ? sort-elle amusée.

Je secoue la tête et lui caresse la joue. Ses lèvres sont encore gonflées par nos nombreux baisers, et bordel, j'en ai encore envie. Elle me fait totalement perdre la notion du temps. Je suis mitigé entre le fait d'aimer ça et le fait de le détester ça. Je ne suis plus vraiment maître de mes émotions et j'en ai horreur.