CHAPITRE 31

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Je sors du bâtiment pour mieux respirer. Je lève la tête vers le ciel dégagé. Le soleil m'aveugle alors je ferme les yeux. J'esquisse un sourire lorsque je sens les rayons réchauffer ma peau. Une larme couler le long de ma joue. J'entends des personnes passer à côté de moi, mais je n'y porte pas d'importance.

Je n'ai pas la force de pleurer. Je suis épuisée et je me sens tellement seule. Je n'imagine pas l'état dans lequel maman doit être. Elle doit être triste, en colère, fatiguée, pleine de culpabilité de faire vivre ça à ses enfants alors que ce n'est en rien de sa faute. J'ai de plus en plus de mal à la regarder sombrer. Elle se bat, c'est une véritable guerrière.

D'ailleurs la preuve est que le cancer avance doucement, mais si jamais la chimiothérapie ne fonctionne pas et qu elle rechute et qu'il a des métastase qui viennent s'installer ailleurs, il n'y aura plus rien à faire.

Ce sont les mots du médecin.

Nous nous sommes regarde dans le blanc des yeux avec Raphaël et il a hoche la tête. J'imagine qu'il arrive au bout des combats et qu'on va pouvoir parvenir à réunir l'argent nécessaire pour lui faire intégrer l'essai clinique. Pour l'instant le cancer à la taille d'une mandarine.

Je n'ai pas réussi à rester. C'était trop dur. Alors comme une lâche, je me suis excusée auprès du médecin et je suis sortie de la pièce bouleversée. Je sais bien qu'il ne vient pas d'annoncer que c'était la fin et qu'il n y a plus rien à faire, mais je vois ma mère, elle est épuisée, la chimiothérapie lui pompe toute son énergie et la voir avec cette tristesse dans le regard… je n'y arrive plus.

Je l'aime tellement. Elle fait partie de moi, si je le pouvais je prendrai son cancer pour qu' elle en soi débarrassée. Elle a peur qu'on ne la perçoive que comme une personne malade et faible, mais ce n'est pas le cas. Comment peut-on considérer qu'une personne est faible quand elle a déjà combattu deux fois un cancer. Je ne garde pas qu'en mémoire ces dernières années ou elle a été malade, je garde tout en mémoire, et je suis loin de lui en vouloir comme elle l'imagine.

Raphaël et moi ne passons plus trop de temps avec elle parce que nous sommes occuper à gagner de l'argent pour elle, mais si jamais ça ne fonctionne pas, je m'en voudrait toute ma vie de ne pas avoir profiter de ces moments avec elle.

En sortant de la salle, je suis tombée sur Ludo qui m'attendait contre le mur. J'ai été surprise de la voir là, puis je me suis souvenue qu'il y a deux semaines de ça je lui avais parlé de ce rendez-vous. Il n'a pas posé de question, il n'en a pas besoin, il sait. Au lieu de ça, il s'est approché et m'a prise dans ses bras.

Avec Ludo on discute beaucoup de ma mère et de son petit frère, de ce qu'on a ressenti et ressent encore. Ça me fait du bien de parler avec quelqu'un qui parvient à comprendre, qui connaît les phases pars lesquelles on passe. Mon seul regret c'est de ne pas avoir cette conversation avec mon frère. Il s'est peu à peu referme sur lui-même et s'est mis en tête de s'occuper de maman et moi, mais au fond, la seul chose dont on besoin, c'est qu'il soit là pour nous, qu'il nous parle.

Ludo à cette façon à lui de m'apaiser. Il sait toujours trouver les mots justes. A chaque fois que j'accompagne ma mère pour faire des examens  complémentaires ou pour sa chimiothérapie, il fait toujours un détour lors de sa pause pour venir me faire et s'assurer que je me porte bien et que ce n'est pas trop difficile à surmonter.

J'ouvre les yeux en prenant une grande bouffée d'air. Je sors mon téléphone de ma poche pour prévenir mon frère que je les attends à côté de la voiture.

Je relève la tête et m'apprête à rejoindre le parking quand je vois au loin une silhouette qui se précipite vers moi. C'est sans mal que je reconnais Neven et son air contrarié.
Ah non, ce n'est certainement pas le moment.

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