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« Les chances, pour les femmes,
procèdent trop du hasard,
et pas assez de la loi ou plus généralement de la règle du jeu »

Plongée dans ma lecture et les fesses posées sur le trottoir, je ne remarque pas tout de suite Paul qui s'assoit à mes côtés.

- Simone Veil, remarque-t-il, je vois que tu as de bons goûts littéraires.

Je sors de ma bulle et me tourne vers lui, surprise de sa présence.

- Mes amies m'ont offert ce livre pour mon anniversaire.
- Il te plaît ?
- Je vois difficilement comment il ne pourrait pas me plaire, rigolais-je

Il me sourit et le soleil levant se reflète sur ses lunettes teintées. Sa tête se tourne vers le reste du groupe.
Il doit être 7H30 et on se trouve devant le garage ouvert de Philippe. On a tous très bien dormi et à l'aurore, notre dépanneur nous a ramenés à notre van.

Sacha est adossée à sa voiture – garée sur le parking – et Camille finit le reste de cookies du petit déjeuner à côté d'elle. Sofyan reste près de sa moto, une cigarette à la bouche et sa veste en cuir sur le dos. Peter est au téléphone alors que Lili discute avec le garagiste.
Le rideau de fer est relevé et on peut observer Philippe travailler sur le véhicule, le corps penché au-dessus du moteur. La brune, son casque autour de son cou, à l'air intéressée par ce que lui explique le cinquantenaire.
Le jour se lève tranquillement comme la commune. C'est le week-end et j'espère qu'on aura pas trop de monde sur la route.
Une voiture grise s'arrête sur le parking et Isabelle sort de cette dernière. Elle se dirige vers le coffre en nous saluant et la portière côté passager s'ouvre.

- Putain, soufflais-je

La vieille dame du supermarché – la mère de Philippe – croise mon regard et me lance des éclairs avec ces yeux. Je vois que Sacha l'a aussi remarqué, mais on décide de rester silencieuse. Si la vieille ne dit rien, on ne dira rien non plus.

Isabelle s'avance vers nous, une boite en carton dans les bras. Elle le pose devant la voiture de Sacha et se redresse.

- Je vous ai préparé des sandwichs et des boissons pour le voyage.

J'adore cette femme.

- Merci beaucoup, coupe Sofyan en écrasant sa cigarette. Vous n'étiez pas obligé.
- En effet, souffle la vieille dame en jetant un regard au motard

Je ne sais pas si c'est son teint mate ou son allure de mauvais garçon, mais la vieille s'écarte le plus possible de Sofyan – qui ne le remarque pas. Elle se rapproche de la voiture de Sacha mais en voyant Camille, elle se recule immédiatement. Je cache mon sourire derrière mon livre.
Sacha range le carton dans le coffre de sa voiture et Peter revient vers nous. On discute un peu avant que les deux femmes repartent.

- Quand je pense que c'est à cause de cette vieille qu'on est encore là aujourd'hui, soupirais-je

Sacha me lance un regard compatissant alors que Paul me demande pourquoi je dis ça. On leur explique l'incident du supermarché et les autres s'outrent de la situation.

- J'arrive pas à croire qu'il existe encore des gens comme ça, s'indigne Paul
- Crois-moi, il en existe plus que ce que tu penses, ajoute Sofyan en allumant une autre cigarette

Il souffle sa fumée et Peter lui demande de se reculer.

- C'est bon ! s'écrie Lili en sautillant vers nous

What if we leaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant