What if we leave

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« S'il te plaît ! »
« S'il te plaît ! »
« S'il te plaît ! »

Même des heures après avoir quitté le complex, Camille me supplie encore de revenir sur ma décision.
Je ne pensais pas qu'elle voulait tant partir avec eux. Ça m'étonne un peu connaissant son rapport avec l'espèce humaine de manière générale.

- Aller ! S'il te plaît Eva ! Je ferais tous ce que tu veux !
- Ce que je veux c'est que tu me foutes la paix.

Je plonge ma tête dans mes mains en soufflant.
Elle va me rendre folle... Mais je ne céderais pas !

- Et puis maintenant que j'y pense, coupe mon amie pensive. Je croyais qu'on partait ce soir ?
- Non, t'as dû te tromper, on part demain.

Mensonge.
Enfin, c'est à moitié un mensonge à vrai dire.
Pendant le trajet pour aller au complex en compagnie des autres, j'ai reçu un message de notre covoit nous annonçant qu'il ne pourrait pas partir ce soir. Donc techniquement, on part demain matin. Enfin, seulement si on trouve un nouveau covoit avant demain matin...

Je sens le regard insistant de Camille sur moi alors que le soleil descend lentement dans le ciel.

Je la regarde.
Et elle me regarde.

- Tu mens, affirme-t-elle en plissant les yeux. Qu'est-ce que t'as fait ?
- Moi ? Moi j'ai rien fait ! Par contre, notre covoit à peut-être annulé son trajet de ce soir.
- Oh c'est pas possible...

Camille plonge aussi sa tête dans ses mains.
On a l'air belles. Toutes les deux la tête dans les mains, assises sur un banc au bord des quais, avec nos sacs de voyage aux pieds.

Désespoir : voila le mot parfait pour nous décrire à cet instant.

Je reçois un message et l'ouvre rapidement.

De Papa :
Alors La Rochelle ?

Quel timing parfait.Je pousse un rire ironique et lui répond.

À Papa :
Parfait ! Il fait super beau en plus

De Papa :
Vous avez fait de belles rencontres ?
Tout ce passe bien ?

À Papa :
Ouais on a fait de super rencontres et tout va bien.
C'est trop cool.

Ne m'en voulez pas de lui mentir, il ferait un arrêt cardiaque ou il viendrait nous chercher, si je lui disais la vérité.

De Papa :
Et comment va Camille ?

À Papa :
Elle va très bien.
Elle me tape toujours autant sur le système.

De Papa :
Tant mieux.
Aller, je te laisse profiter.
Tiens-moi au courant et faîtes attention.
Bisous à vous deux.

À Papa :
T'inquiète.
Bisous.

Même si notre situation est quelque peu catastrophique je ne peux pas m'empêcher de me sentir mieux après avoir parlé – et mentis – à mon père.
C'est le seul homme en qui j'ai confiance sur cette Terre. Il m'a accordé sa confiance pour se road-trip et je ne compte pas le décevoir.
Je me relève brusquement du banc faisant sursauter la brune qui me regarde bizarrement.

- Qu'est-ce que t'as ?
- On va pas se laisser abattre ! On va trouver un endroit où dormir ce soir et demain on trouvera quelqu'un pour nous emmener à Royan. C'est pas un petit imprévu qui va nous arrêter. Tu voulais faire ce road-trip et crois-moi quand je te dis qu'on va le faire.