Une place. Sur cette place, quelques magasins, une supérette, un café. Au fond du café, une banquette râpée, en velours vert terne. Lou était là, comme tous les samedis après midi. Elle s'installait toujours ici, relevait ses cheveux cuivrés en un chignon bancal, ajustait ses grandes lunettes rondes, tirait du vieux sac de cuir un carnet à dessin, un crayon mâchonné, et elle attendait.
Elle observait les gens autour, laissait son regard vert flotter d'un serveur maladroit à une une fillette et son chiot, glissait lentement vers l'alignement des tables d'une réunion de famille, dérivait plus loin, vers deux amies assises à l'ombre d'un porche.. Ses pensées filaient au gré d'un courant invisible, s'en allant, revenant, repartant toujours un peu plus... Et de temps à autre, très rarement, un éclair passait dans son regard, elle levait son crayon, et dessinait quelqu'un. Ce samedi, pour la première fois, dans ce petit coin derrière une vitre terne, elle en dessinerait deux.
Le premier, installé sur la terrasse, sous le soleil du mois de mai, était un vieil homme aux cheveux blancs lui frôlant les épaules. Des rides plissaient le coin de ses yeux bleu délavé, et ses lèvres minces étaient étirées en un sourire serein. Le vieillard attendait quelque chose. Cherchait, plutôt ; détaillant chaque passant de son regard aiguisé, il observait les vitrines, fouillait l'ombre sous les porches.. Il dégageait cette aura particulière de ceux qui savent, ceux qui comprennent les Choses. Cet homme, elle en était sûre, avait plus d'histoires à raconter que quiconque. Elle devait le reproduire, le capturer dans les pages des son petit carnet. C'était ce qu'elle faisait chaque fois que quelqu'un captait son intérêt. Elle leva son crayon. un trait, deux traits..
À son doigt, une alliance. Il portait un pantalon court rouge, des chaussettes montantes, des mocassins de cuir, une veste verte usée. Pas du coin, il aurait déjà fini dans ses cahiers. Certes, Saint Léonard s'approchait de la taille d'une ville, mais les nouveaux habitants étaient si rares et tout le monde se connaissait si bien qu'au moindre changement, le village entier bruissait des commérages. C'était tout juste si l'on ne voyait pas les ragots glisser sur la chaussée de pierre comme autant de serpents s'introduisant dans les bâtisses. Pourtant, étonnamment, personne ne semblait lui prêter attention... A l'exception d'un homme, approchant de la cinquantaine, qui s'était approché et discutait maintenant avec lui. Les cheveux ras grisonnants, vêtu d'un blaser sombre et d'un jean, il affichait un air tendu, parlait vite. Ils devaient avoir échangé vingt phrases lorsque le gris fit volte face. Il se dirigea vers le bar, sortit une carte et régla l'addition avant même que l'autre ait vidé sa chope. Il ressortit, le croisa sans un mot, s'en alla d'un pas pressé. Pas très causant, pour sûr. Dans un haussement d'épaules, la jeune rousse reporta son attention vers son portrait.
Le vieil homme resta là, le regarda tourner le coin et sans se départir de son calme posé, il saisit sa bière, la leva en direction de Lou. Derrière la vitre terne, la jeune fille réprima un cri de surprise. Il était la première personne à remarquer sa présence ici. Avec un soupir, elle reprit son croquis. Elle se faisait des idées. Quoi qu'ait signifié ce clin d'œil entendu, il ne lui était pas adressé. Personne ne la repérait jamais...
***
Le vieillard était parti depuis déjà une heure. Lou était replongée dans sa contemplation des va et vient des clients, de nouveau dans sa bulle.
C'était ce qu'elle avait trouvé de mieux pour qualifier ce qui se passait dès que ses pensées dérivaient. Elle n'entendait plus qu'un lointain murmure assourdi, comme le souffle d'une tempête, confortablement installée au fond d'un fauteuil. Rien, pas même un feu d'artifice tiré sous son nez même, ne pouvait la sortir de cette enveloppe douillette, et seuls quelques passants retenaient assez son attention pour la tirer de ses rêveries. Ils étaient d'ailleurs assez similaires, du moins dans leur façon de se comporter, l'air préoccupé et la démarche vide. Mais le plus étrange était cette paroi nacrée qu'elle était la seule à voir, et qui formait comme un écran éclatant entre elle et le monde extérieur. Quoi qu'il en soit, encore une fois, cette bulle l'entourait tandis qu'elle laissait ses pensées dériver sur la jupe à carreaux moutarde que sa prof d'anglais portait la veille, dont l'énorme nœud fuchsia avait de quoi faire parler. Et puis des mots se formèrent dans son esprit. Trois fois le même, un truc tout bête, sur un ton rieur. Qu'est-ce que..? Inconsciemment, elle tendit l'oreille ; rien. C'était sans doute un bruit extérieur..
- Toc, toc, toc!
La jeune fille reprit ses esprits, les idées à nouveau en place:
- Qu'est-ce qui.. Hein?
Elle était éveillée, l'esprit parfaitement clair, et sa bulle n'avait pourtant pas éclaté, chose assez problématique puisqu'elle ignorait comment en sortir volontairement.. Bon sang comment allait-elle faire ?
-Raah, même pas d'épingle pour tenter d'éclater cette foutue.. OH BON SANG!!!
- Oulah, euh.. Salut?Un type à côté. Un type à côté, mais pas juste à côté sur la banquette. Un type à côté DANS sa bulle!
-Comment tu... Enfin... Quoi!?
***
Heyy les potatoes !!!! 🐸
Yes, today I speak AnGLisH, so it's 🦋POTATOES🦋!!
Je sais chapitre plutôt court, mais c'est pour une meilleure régularité...
J'espère que ce chapitre aura plu!!!!
Edit >>>
Hello, j'ai rallongé un peu le chapitre, deuxième modif actuellement, relecture complète au programme pour les jours à venir. Breff, j'espère, pour les gens qui débarquent, que vous avez aimé!
Note à moi même : 581 mots sans NDA. (Oui je sais que vous en avez pas grand chose à frapper du nombre de mots donc je précise que c'est une note "à moi même" histoire de définir l'évolution de longueur de mes chapitres.(je case ça là parceque bon, j'ai pas vraiment d'autre endroit ou le noter...))
Sur ce, byye~
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⟨⟨ We can't catch a cloud ⟩⟩ --En Pause--
ÜbernatürlichesWARNING/!\ → Cette histoire est en Français. [Oui c'est juste moi qui aime HAbLaR EnGliSH. -.°+ ( ̄ω ̄) +°.- ] Note > histoire en pause pour me laisser le temps de rebosser les premiers chapitres, parce qu'à la longue je m'améliore, et que c'étai...