Chapitre 21

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Oscar, des jours plus tard, Bologne

Je gare ma voiture avant d'éteindre le moteur. Le jour ne fait que se lever mais je ne pouvais pas rester plus longtemps chez moi. Il fallait que j'aille la voir. La portière claque et le bruit résonne dans tout le parking. Il n'y a pas encore grand monde. Mes pieds me dirigent mécaniquement jusqu'à l'entrée du bâtiment. 

Déjà deux semaines que je ne fais qu'alterner entre mon QG provisoire et l'hôpital de Bologne. 

Si je pouvais, je resterais dormir à côté d'elle et je passerais les affaires à Edouard. Il s'en occuperait bien. Mais les nuits sont interdites pour les visiteurs et c'est peut-être une bonne chose. J'arrive à m'occuper l'esprit avec autre chose qu'Ange. Je ne deviens pas fou comme ça. 

Même si la savoir à moitié consciente à l'hôpital ne me rassure pas plus. 

-Bonjour monsieur me salue l'hôtesse d'accueil Les visites ne commencent qu'à partir de 9h 

-Je suis un peu en avance, désolé dis-je Je vais m'asseoir dans la salle d'attente

Elle me lance un regard peiné alors que je me dirige vers les fauteuils. Ca fait deux semaines qu'elle me voit chaque matin et chaque soir passer devant elle. J'ai mon ordinateur dans les mains et je me dépêche de l'allumer pour travailler un peu avant que les visites débutent.

-Vous voulez un café? entendis je à travers la musique de mon casque

Je lève la tête et croise son regard bienveillant. Elle tient dans sa main droite une tasse où de la fumée s'en échappe.

-Je vous laisse la tasse, vous pourrez me la rendre quand vous le souhaiterez

-Merci lui dis-je en souriant

-Vous êtes un brave jeune homme pour venir tous les jours. Rares sont les personnes qui feraient autant pour ceux qu'ils aiment déclare t-elle alors qu'elle se relève

-Je tiens à elle. Et c'est de ma faute si elle se retrouve à l'hôpital ajoutais je plus bas Je ne vois pas les choses autrement

-Son état ne peut que s'améliorer me rassure t-elle en un sourire qui dévoile quelques rides

-Vous savez qui est-ce que je viens voir tous les jours? m'étonnais-je

-Tout l'hôpital sait qui vous êtes, monsieur. Avec les moyens que vous avez fourni pour son hospitalisation, vous ne pouvez qu'être un homme fortuné. C'est assez inhabituel pour nous de voir ça dans notre ville

-On ne compte pas quand on aime 

-On ne compte pas quand on peut le faire surtout rétorque t-elle

-Quelqu'un attend à l'accueil dis-je froidement Vous feriez mieux d'aller faire votre job au lieu de juger mes actions

Je pense qu'elle a compris que son attitude m'avait agacé et elle repart à son poste. Si j'avais pu prendre la place d'Ange, je l'aurai fais. Donner de l'argent était le maximum que je pouvais faire pour contribuer à son rétablissement. C'est dans cet instant que l'on se rend compte à quel point on est attaché.

Quand on est sur le point de perdre la personne.

Putain, le souvenir de la voir dans cet état me donne envie de vomir. La moitié de ses vêtements étaient collés à son corps, brûlés. J'étais juste impuissant face à sa souffrance qui se lisait sur son visage. C'est peut-être la seule partie de son corps qui a été à peu près épargnée par le désastre. Mais je sais que lorsqu'elle sera rétablie totalement, ce qui sera dans un long moment, elle ne pourra pas se voir.

Decrescendo (Histoire en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant