Chapitre 42 : Anger

36 2 3
                                    


Abandonnant Joanna avec sa meute, je rejoignis les membres rentrés un à un dans le salon constatant quelques dégâts au sol. Pourquoi est-ce qu'il y a du sang dans la cuisine ? Soudain, dans l'atmosphère calme, je vis Masson faire son entrée. Il pénétra par les baies vitrées, tenant son téléphone d'une main. En se déplaçant devant moi, son parfum envoûtant laissa une empreinte puissante sur mon être, frappant violemment chaque fibre de mon corps. Mollement, il se laissa tomber dans le canapé sans prêter attention à personne autour de lui.

Je croisai les bras contre moi et réfléchissais à la possibilité de tuer Luce dans son sommeil. Si je fais ça, Albraz risque d'être triste, ou de m'en vouloir un bon moment et ce n'est pas ainsi que je vais montrer l'exemple du calme que j'impose à tous. Perdue dans mes pensées, je fus soudainement captivée par un regard intense, presque brulant, posé sur moi. Lorsque je tournai légèrement la tête en direction des autres membres, mon regard rencontra celui de Masson. Ses yeux d'une coulée qui se situe quelque part entre le vert des jeunes feuilles du printemps et le vert bleu des eaux claires d'une lagune. Ils semblaient dévorer chaque centimètre de mon corps, parcourant ma silhouette avec une avidité à peine contenue. Ils s'attardèrent brièvement sur mes lèvres, suggérant une envie irrépressible de s'en rapprocher. Il détourna finalement son regard, presque contraint par sa propre retenue, tout en toussant discrètement comme s'il cherchait à réprimer un flot d'émotions.

— C'est bon ? Tout le monde est enfin présent ? Juste quelques petits détails à régler avec vous. Mais surtout un en particulier. J'ai été contacté par une personne, et cette personne m'a fait une offre. Je sais que beaucoup ne seront pas d'accord avec mon choix, mais je suis votre chef, donc je vous demanderais de faire avec.

— C'est-à-dire ? la coupait Sara.

— Sara, la prochaine fois que tu me couperas la parole, je te retire tes armes. On se tait quand son chef parle, tu n'es plus une enfant.

À mesure que Sara ouvrait la bouche pour répliquer aux paroles de Luce, une lourde atmosphère pesait sur le clan. Des regards échangés en silence circulaient parmi les membres, témoignant de leur désaccord inexprimé avec le ton autoritaire de leur chef. C'était comme si l'harmonie qui avait autrefois uni le groupe commençait à se fissurer sous la pression des tensions internes. Dans mon for intérieur, je sentais que cette situation ne pouvait plus durer. Le temps était venu d'agir, mais je savais que la tâche ne serait pas facile.

Luce jouait avec le feu, se croyant intouchable. Pourtant, comme me l'avait confié Joanna, en moins de deux jours, certains membres du groupe avaient déjà laissé éclater leur colère à son encontre, dès que tous avaient le dos tourné. C'était un signe évident que la situation devenait de plus en plus instable et que les tensions internes risquaient d'exploser à tout moment.

— Donc je disais avant qu'on me coupe. J'ai invité nos anciens amis, pour une bonne entente je vous ordonne de le prendre avec un sourire et accepter les nouvelles règles.

— Qui as-tu invité sans nous consulter avant ? lui demandait Masson brisant le silence.

— Tyler et Leila.

— Tu es complètement malade ! s'écriait Albraz se redressant à l'entente de ses noms.

— Je ne veux rien entendre ! Toutes plaintes seront vues comme une trahison à notre clan ! Alors on sourit, on leur souhaite la bonne bienvenue. Vous verrez qu'ils ne sont pas ce qu'ils laissent voir. Prenez un peu sur vous, deux fois que je vous l'ordonne !

D'un geste ordonné, tous les membres se tournèrent vers moi, leurs regards implorants en attente d'une action de ma part. La main de Zack se posa sur la mienne, m'incitant silencieusement à intervenir et à ne pas laisser Luce poursuivre sur sa lancée. Un silence glacial s'éleva dans le salon, seuls les souffles chauds des membres rythmaient l'ambiance de cette réunion qui n'avait pas lieu d'être.

L'unique (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant