Chapitre 56 : Loser

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...

Timidement ou plutôt, craintif, Kais avança le premier, l'entrainant avec lui dans notre direction. Son regard uniquement porté sur le mien étant surement curieux de la manière dont j'allais réagir et de ce que j'allais lui dire ; ma nièce, la fille de notre ennemi juré.

Neila, je te présente ta tante, Melinda. C'est la petite sœur de ta maman, tu la reconnais ?

— Elle ne ressemble pas à maman, commençait cette dernière me regardant avec de grands yeux. Mais elle te ressemble tonton, surtout au niveau des yeux, en amande et...

— Kais, qu'est-ce qu'elle fait ici ?

Le sourire de cette chère enfant disparue aussitôt entendant le son de ma voix qui n'avait rien de charmant ni de tendre comme une tante devrait être. Parce que je savais, je savais qu'elle était sa fille et qu'il ferait tout son possible nous détruire jusqu'au bout. Il fait partit de ces monstres de ce monde qui pouvaient parfaitement utiliser des enfants pour s'en prendre à d'autres. Si tout ceci lui réunissait, il gagnerait.

— Tu as vu ? Elle ressemble trait pour trait à Leila, on dirait son mini-elle. Jusqu'à la couleur de ses yeux. Et sa taille ? Elle a poussé en quelques années !

— Maman ne m'a pas raconté la raison de ma taille et ma vitesse à grandir, elle m'a dit que c'était encore un secret que je devais...

— Kais, les coupais-je tous deux légèrement irritée de la tournure que prenait les choses. Dois-je te rappeler qui est son père ? Je sais qu'elle n'est pas dans nos conflits familiaux, mais il y a de ça quelques semaines, il m'a planté un pieu dans le cœur et comptait faire de même avec les tiens. Et s'il était en train de l'utiliser pour nous approcher ?

— On ne va pas l'abandonner à cause seulement de son père ?

— Si.

Il s'apprêtait à engager la conversation avec nous, mais percevant mon désir de ne pas discuter en sa présence, il choisit le silence. Le poids de l'inconfort flottait dans l'air, rendant chaque seconde plus lourde que la précédente. Ses yeux, empreints d'une compréhension résignée, cherchaient les miens, mais je m'efforçais de les éviter.

Lentement, comme si le temps lui-même avait cessé, il se retourna vers sa nièce. Ses mots, choisis avec précaution, résonnaient dans le silence pesant qui nous entourait. Il lui expliqua calmement qu'il valait peut-être mieux remettre notre rencontre à une prochaine fois. Une lueur de déception passa dans les yeux de la jeune femme, son regard se transformant en un mélange de tristesse et d'accusations. Elle acquiesça d'un signe de tête empreint de résignation, comme si elle comprenait la situation même si cela la chagrinait. Puis, sans un mot de plus, elle s'éloigna brusquement en courant le long du sentier, disparaissant rapidement dans l'obscurité de la forêt noire.

***

Les paupières closes, un souffle léger faisait danser mes cheveux, apaisant mon esprit malgré les hurlements lointains de Kais. Je choisissais de les ignorer, me persuadant qu'il n'était qu'une création de mon imagination, un personnage émergeant d'un rêve éloigné ou d'un cauchemar selon mes humeurs changeantes.

Plongée dans mes pensées, je gardais tout de même un soupçon de réalité, ce qui s'avéra être ma bouée de sauvetage lorsque j'entendis distinctement le sifflement de la balle se dirigeant droit vers moi. En un éclair, je me penchai en avant, esquivant habilement le projectile qui aurait autrement percé l'air en direction de ma tête.

— Kais, le jeu n'a pas encore commencé, cesse de faire ton intéressant, le reprit Sera.

— Elle se permet de dormir sur le terrain, je ne fais que la réveiller il n'y a pas de mal à cela non ? Ce n'est pas une petite balle qui va égratigner ton chef.

L'unique (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant