L'élixir du bonheur Tome 1

Chapitre 2 Kane

Kane

Henri m'a appelé cinq fois avant que j'accepte de venir le rejoindre au bar. Cette histoire d'héritage et de mariage m'a mis à bout de nerfs. Je n'ai qu'une envie : prendre le premier vol disponible et partir le plus loin d'ici. Mais quelque chose au fond de moi me pousse à rester. Je n'arrête pas de repenser aux paroles de cette Azra. Cela fait 24h que je suis ici et je ne supporte déjà plus ce monde.

Le bar est plein à craquer. Sur l'écran du fond, j'aperçois un match de basket. Cela me ramène à l'époque où j'étais étudiant... naïf et trop sûr de moi, avec un avenir tout tracé. Henri me fait signe de le rejoindre. Il a déjà commandé une bière pour moi.

— Ça fait un moment que je n'en ai pas bu !

— Pourquoi ?

Je souris en lui faisant un clin d'œil :

— Comment crois-tu que j'entretiens ce corps ?

Il me tape sur l'épaule :

— C'est la fête ce soir !

— Peut-être pour toi ! Moi j'ai l'impression d'avoir été manipulé par mon grand-père.

— Je t'avoue que je n'étais pas pour la première fois qu'il m'en a parlé mais il est revenu à la charge et m'a convaincu en me disant qu'un autre avocat ferait moins de manière.

— Cette fille, t'es sûr qu'elle n'a pas profité de lui pour l'argent ?

— J'ai enquêté sur elle. Elle est herboriste et épicière. Elle a une petite boutique à Snekeatels. La ferme dont elle parlait appartenait à ses grands-parents. Elle a aussi un employé, un certain Charly Smith. Il lui livre les marchandises pour le magasin deux fois par semaine.

— Si tu as un dossier sur elle, envoie-le moi. Elle est vraiment dans le pétrin comme elle le dit ?

— Tous ses comptes sont dans le rouge.

— Mais pourquoi mon grand-père ne l'a pas aidée avant ?

— Elle n'a jamais voulu de son argent. Elle voulait lui en donner. Il m'a demandé conseils pour que ta famille ne lui fasse pas d'histoires au moment de l'héritage. Tout était prêt mais elle a refusé !

— Et Zeynep ? Que sais-tu d'elle ?

— Pas grand-chose. Franklin m'a juste dit qu'elle l'avait poussé dans les bras de ta grand-mère avec un élixir d'amour alors qu'elle l'aimait.

— J'ai toujours pensé que c'était le surnom qu'il donnait à ma grand-mère.

— Et non ! Elle existait pour de vrai et elle s'est consolée avec le meilleur ami de Franklin. Ils sont restés en froid à cause de ça.

— Ça ne devait pas être évident de voir la femme qu'on aime dans les bras de son meilleur ami.

Je sais de quoi je parle sauf que moi, c'était dans les bras de mon frère. Bref !

— Assez parlé de ça. Et toi ? La santé ? Les amours ?

— Je vais bien et je suis toujours célibataire.

— Pourquoi ?

— Tu sais comment est le monde ici ! Je ne vais rien t'apprendre !

— Oh non !

— Je suis marié à mon travail et je sors avec des femmes de temps en temps. Et toi alors ?

— J'ai rencontré une fille mais elle veut se marier pour le fric !

On éclate de rire. Il me frappe que l'épaule.

— Avoue qu'elle te plaît !

Je secoue la tête négativement.