Chapitre 5 AZRA

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Azra

Il est resté ! J'ai envie de faire une danse de la joie. Puis je me rends à l'évidence : il n'est pas resté pour moi. Il doit avoir des remords par rapport à son grand-père.

J'ai très peu dormi, comme ces derniers jours. La perte de Franklin a bouleversé ma vie. J'ai profité de ma nuit blanche pour élaborer un plan. Le but étant de convaincre Kane de rester pour sauver l'agence et ma ferme au passage et on aura tout gagné.

Et j'ai besoin d'un ami ! Même si on passe notre temps à se chamailler, sa présence me fait du bien. Elle comble un peu le vide de Franklin. Je sais que je ne devrais pas m'habituer car ce sera d'autant plus difficile quand il partira.

Je sors de la douche et entends Didi aboyer. Quelqu'un frappe. J'enfile mon peignoir pour aller ouvrir. C'est Kane. Il me regarde de pied en cape.

— Salut ! Je n'en ai pas pour longtemps, je te ramène tes plats.

La nostalgie à la vision de ces plats que je préparais pour Franklin me rattrape. Je ravale cette bouffée de tristesse qui menace de déborder à tout moment.

— Salut ! Je n'en ai plus vraiment besoin maintenant. Tu veux une tasse de thé ?

Je frissonne. Il fait très froid dehors et je suis en peignoir, les cheveux mouillés. Il semble hésiter.

— Rentre au moins une minute. Je me change et je te fais du thé. J'ai des choses à te dire.

Intrigué, il accepte mon invitation. Je l'escorte jusqu'à la cuisine où Didi l'accueille chaleureusement. Petit problème ! La salle de bains se trouve juste en face de la cuisine et il n'y a pas de porte. Je les ai enlevées pour gagner de la place et surtout parce que je vis seule. Non regards se croisent. Il sourit en me voyant gênée.

— Je vais t'attendre dans le salon.

— Merci !

Je me sens rougir. Quand je le rejoins dans le salon, il a entre les mains ma dernière planche de dessin : notre journée d'hier et sa course.

— C'est génial ! Tu as beaucoup de talent.

— Merci.

— C'est dommage que tu n'en fasses pas profiter plus de monde.

— Je l'ai fait à la demande de Franklin. Maintenant, je ne sais pas pourquoi je continuerai.

— Pour moi ! Enfin, si tu le veux !

Je l'invite à me suivre dans la cuisine et tout en préparant le thé, je lui avoue :

— Pour le moment, je suis un peu perdue. C'est difficile de continuer sans lui. Il était mon pilier quand mon grand-père est parti et...

— Et tes parents ? Tu n'en parles jamais.

Je ferme les yeux pour retenir mes larmes. Je pose ma main sur ma bouche comme pour ravaler mes sanglots. Je croyais cette plaie refermée depuis le temps mais je suis à fleur de peau en ce moment et c'est trop dur. Je retiens mes larmes tant bien que mal et prends une grande inspiration.

— Ils sont morts quand j'étais petite. Accident de voiture.

— Désolé.

— C'est pour ça que je n'ai pas le permis : j'ai peur de conduire.

Je prends de grandes inspirations pour me calmer. Ça fonctionne. Je verse le thé, le pose sur la table et m'installe en face de lui. Il me dit :

— J'ai eu mon père ce matin et mon frère. C'est dingue ce que cette histoire d'héritage rappelle à ma famille que j'existe.

L'élixir du bonheur Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant