L'élixir du bonheur Tome 1

Chapitre 5 Kane

CHAPITRE 5

Kane

Je me rends à l'adresse que m'a indiquée Henri. Il voulait que je passe prendre les clés et quand j'ai mentionné Azra, il a commencé à tirer des plans sur la comète.

—On est juste amis, j'ai insisté ?

Et j'ai raccroché. Je regarde en deux fois le numéro pour être sûr d'être au bon endroit. C'est le cas. Je suis très surpris que mon grand-père vive dans un studio. J'appelle Henri pour en savoir plus. Il m'indique qu'il a vendu son appartement pour éponger les dettes de l'agence et de mon frère. De plus, il vivait seul, donc un studio lui suffisait. Il avait contacté la banque pour financer l'achat d'une petite maison dans le quartier d'Azra. Quand je demande où sont les voitures dont je dois hériter. Elles se trouvent à la ferme. Mon grand-père les a mises à l'abri. Je soupire encore. Ma culpabilité me tord le vendre quand Henri me précise que ce sont les seules choses dont Franklin ne voulait pas se séparer. Le choix s'impose à moi mais je ne peux pas m'y résoudre.

— J'ai entendu parler de votre duo à l'agence. Tout le monde parle de ta formidable petite amie. Tu n'as rien à me dire ?

— On devait trouver une excuse pour qu'elle assiste à la réunion. Et mon connard de frère la regardait avec ses yeux de pervers ! En parlant de lui, tu pourrais me faire passer les comptes de l'agence depuis qu'il y bosse, s'il te plaît. ?

— Si tu cherches des choses louches, tu perds ton temps. Franklin nous avait déjà demandé de regarder. Si ton frère magouille, il le fait bien !

— Il a toujours été malin mais je suis plus malin que lui !

Cet endroit n'est pas grand mais ça me fait du bien de retrouver mon grand-père. Le frigo est vide. Seule la panière de linge prouve que quelqu'un vivait ici. Sur son bureau, je trouve une pochette. J'hésite à l'ouvrir sauf que sur la tranche je lis « Super Kane » et ça attise ma curiosité. Des planches de dessins datant d'il y a deux ans pour les plus vieilles relatent mes aventures à travers le monde. C'est signé « AA ». Je comprends que c'est l'œuvre d'Azra faite à partir des récits de mon grand-père. J'hésite à l'appeler. Je préfère la laisser tranquille pour le moment. Je ne veux pas être trop envahissant.

Je passe les deux heures suivantes à lire et relire mes aventures, quelquefois un peu édulcorées. Dans l'armoire à pharmacie, je trouve des médicaments. Petit tour sur Internet : je découvre que mon grand-père souffrait de la maladie d'Alzheimer. J'envoie un message à Azra pour savoir si elle était au courant. Elle me répond qu'elle s'en doutait car ces derniers temps, il avait des trous de mémoire qu'il mettait sur le compte de la fatigue. Je revérifie les dessins. Les derniers datent d'il y a trois mois or je l'ai appelé il y a un mois pour lui parler de la course. Tout concorde.

La voix d'un appareil connecté m'indique qu'il est l'heure de manger et de suivre les instructions du livre. Après quelques recherches, je trouve ce fameux livre. Il a consigné toute sa vie ici, y compris le mode d'emploi des gestes les plus simples. En dernière page, il a écrit « si tu ne te souviens plus d'Azra, il est temps de partir » suivi d'un numéro de téléphone. Je laisse échapper une larme. Azra comptait tellement pour lui qu'il ne pouvait pas supporter de l'oublier.

Je passe la soirée à explorer la dernière demeure de celui qui a été le plus important pour moi, en mettant ses disques préférés. L'enceinte me rappelle d'aller me coucher. Je sors des albums photos et remonte le temps. Je ris, je pleure, je passe par beaucoup d'émotions si différentes. Sur le dernier, il est écrit « Joyeux Anniversaire ». C'est un album souvenir des moments entre le grand père d'Azra et le mien. On les voit militaires, là où ils se sont connus à 20 ans puis pendant la guerre et à leur retour. Il y a une phot deux avec Zeynep. Azra est son portrait craché. Puis on passe à ces dernières années. Je revis les moments heureux de mon grand-père, rattrape un peu ces 5 dernières années, quand je n'étais pas là. Tout à la fin, une photo d'Azra et lui est collée. Ils sont déguisés. La date m'indique que c'était lors de son dernier anniversaire. Je ne sais pas si un jour je pourrai la remercier d'avoir rendu le sourire à mon grand-père et d'avoir rempli son cœur de bonheur.