Chapitre 10

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Une semaine, une semaine que presque tous les soirs, Oliver rentrait dans ma chambre pendant que Thomas planait trop pour se rendre compte de son absence. Il me mettait le garrot et me piquait. J'avais confiance en lui malgré ses pupilles dilatées. Un bleu commençait à apparaître à l'intérieur de mon coude et j'étais obligée de cacher avec du fond de teint ou un gilet.J'avais donné comme argument que le climat britannique était beaucoup plus froid qu'à Paris.c


- Diana ?

Une main passa devant mon visage, me faisant revenir à la réalité.

- Quoi ? Ah pardon, dis-je.

J'étais dans le salon de Harry, nous étions allongé sur son canapé, regardant un film à la télé. J'avais la tête posée sur son torse, ses deux bras enserrant ma poitrine. Je me re concentrais sur le film et me mis à rigoler doucement :

- Je ne comprends plus rien.

- C'est normal en même temps, à force de contempler mon superbe corps tu perds la notion du corps.

- Ahah non je ne crois pas. Il est moche ton corps.

- Hé ! Mais c'est trop méchant ! Je fais de la muscu moi !

- C'est vrai ?

- Affirmatif.

Je me relevais vaguement intriguée et soulevais son t-shirt.

- Je me disais aussi qu'on ne pouvait pas avoir autant de muscle en faisant que du skate.

Il me sourit en bombant son torse, avant de se mettre à rigoler. Je le rejoignis dans son rire et me plaçais de l'autre côté du canapé.

- Je suis fatigué, on va se coucher ?

- Ouais, moi aussi, le prof de Sciences m'a tué tout à l'heure.

- Tu n'aimes pas beaucoup ça n'est-ce pas ?

- Je hais ça, si j'étais en France, après mon année de seconde, je devais prendre une filière littéraire.

- C'est-à-dire ?

- C'est un cursus où l'on a moins de Biologie de de Physique et plus du tout de Math.

- C'est vrai ? Mais où est ce paradis ?

- Et bien entre trente et quarante kilomètres par la mer.

Il me lança un regard qui me fit sourire encore plus. On monta dans sa chambre et il mit des coussins par terre afin de se faire un matelas plus confortable que le sol.

- Dors avec moi, lui proposais-je.

- Tu en es sûre ?

- Oui Harry, viens avec moi.

Il se releva, visiblement heureux de quitter le sol et vint se placer près de moi dans le lit. Je portais un jogging et un vieux t-shirt à manche longue néanmoins j'avais froid alors quand le corps de Harry se plaça près du mien, il me brûla.

- Diana, ça va ? Tu es glacée !

- J'ai froid.

Harry me frictionnait les bras et alla hausser le chauffage. Il revint près de moi avec un de ses pulls.

- C'est bizarre que tu sois aussi froide. Tu es sûr que tu n'as mal nulle part ?

- Nan ça va.

Il m'installa dans ses bras et sa chaleur corporelle me réconforta peu à peu.


Je me réveillais toujours dans les bras de Harry, une sonnerie stridente résonnait dans la pièce.

- Harry, ton réveil, grognais-je.

Il grommela également et essaya d'attraper l'objet de malheur qui se trouvait sur sa table de chevet.

- Sérieusement Harry, qui possède encore un réveil comme ça ? C'est vraiment une antiquité !

- Mais je l'aime moi ce réveil.

- C'est pas un réveil, c'est une torture ! Attends, en plus on est en week-end ?

- Et bordel ! J'ai oublié de l'éteindre hier !

- Harry ! T'assures vraiment pas, riais-je.

Je poussais mes jambes hors du lit et descendit en bas dans la cuisine suivit du blond. Sa mère était en train de préparer le petit-déjeuné. Harry se posa à table après avoir embrasser sa mère et m'invita à le rejoindre. Je le fis avec plaisir et sa mère me proposa des toasts que j'acceptais.

- Harry, avec ton père, on part voit ta tante ce week-end. Tu veux venir ?

- Oui !

Il se mit à me parler de sa tante qui venait d'accoucher de triplé et à quel point elle avait du mal à s'en occuper avec son mari.

- Mes parents vont s'occuper des triplés pendant le week-end pour que mon oncle et ma tante puisse se reposer.

- Pauvre Alicia, les trois se réveillent pendant la nuit mais pas au même moment.

- C'est vraiment dur, compatis-je.

- Á côté d'eux j'étais un ange, n'est-ce-pas maman ?! Sourit Harry.

- Même pas, répondit-elle simplement.

Une expression choquée se peint sur le visage de Harry alors que je ne cessais de rigoler devant le tact de sa mère.


- Á plus tard, me fit doucement Harry à l'oreille.

- Á plus, le brailleur.

Il grimaça devant son nouveau surnom que j'avais choisi après que sa mère m'ait raconté comment Harry la réveillait toutes les nuits à 3h du matin. Il me laissa rentrer chez moi où je vis ma mère et Henri en train de regarder un film niais. Je plaquais un rapide bisou sur la joue de ma mère et montait en haut. Je fermais la porte de ma chambre, lâchait mon sac au sol et me précipitait vers mon ordinateur. Je commençais à correspondre avec Manu et Anaïs qui étaient enthousiaste par ma venue en France avec le lycée. Je leur promis d'essayer de négocier de passer quelques jours là-bas après le jour de l'an. Ma porte s'ouvrit doucement et je fermais l'écran de mon ordinateur avant de tournoyer sur ma chaise et me tourner vers mon invité. Oliver se tenait devant moi, un grand sourire aux lèvres. Thomas se cachait derrière lui et souriait aussi.

- Trop de joie en vous, ris-je.

- Tes parents sont partis, ça te dit qu'on fasse mumuse ensemble ?

Je voyais bien le sous-entendu et descendit de ma chaise. Oli s'approcha d'un carton qui était resté dans ma chambre et en sortit la platine. Il la posa au sol et l'installa avant de repartir dans la chambre de mon demi-frère et de revenir. Il mit la platine en route et le saphir commença à gratter la surface du vinyle. Les notes dissonantes de « Anarchy in the UK » et ses fausses rimes résonnaient entre les murs de ma chambre. Oliver remonta l'élastique qui lui servait de bracelet au dessus de son coude lui donnant ainsi la fonction de garrot. Une de ses veines gonfla rapidement et il prit sa seringue pleine et la planta dans sa veine déjà percée de nombreux trous. Sa pupille se dilata rapidement et il s'approcha de moi. Thomas s'était fait son injection tout seul et commençait déjà à délirer. Je ne sentis même pas l'aiguille s'enfoncer dans ma veine alors que Johnny Rotten chantait son hymne à l'anarchie. Les sensations désormais familières mais toujours aussi exceptionnelles s'emparèrent de moi. La chaleur, le saut dans le vide, le sang dans mes tempes, tout se bousculait comme toujours. Alors pourquoi aujourd'hui devait être différent. Je sentais la nervosité et la peur griffait mes entrailles tandis que résonnait des pas dans le couloir. Je relevais la tête du corps d'Oliver. Non pas d'Oliver, ce n'est pas le visage d'Oliver. Le mot s'échappa de mes lèvres, les syllabes se bousculant, sachant que je voulais pas de la personne qui était devant moi :

- Papa !

Save me from myself (avec Oliver Sykes de Bring Me The Horizon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant