11 - Bienvenue à Huánuco

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L'inconnu s'offre à moi.

Je ne suis jamais allée en Amérique du Sud, mes maigres revenus ne m'ont jamais permis cette fantaisie. Alors j'ai bien l'intention de profiter de ce voyage pour conjuguer professionnalisme et tourisme — quoi qu'en dise monsieur Weber —. Je fournirai le travail pour lequel je suis payée, mais je gèrerai mon temps libre à ma guise. Ainsi, je compte visiter l'ancienne cité inca : le Machu Picchu et tous les sites archéologiques, car j'ai soif de découverte.

Le périple s'annonce fatigant : seize heures de vol. À L'arrivée, mon organisme aura encaissé sept heures de décalage horaire en moins par rapport à la France, alors j'ignore dans quel état physique je serai. J'espère seulement que l'accueil sera agréable et chaleureux.

Mon avion décolle aujourd'hui. Afin de me préparer au mieux, j'ai consulté le site « France Diplomatie », mais j'avoue que les informations glanées ont refroidi mon engouement pour l'aventure.

En effet, entre les risques sismiques, les accidents de la route fréquents, les mouvements sociaux qui bloquent souvent la circulation et la délinquance, je ne suis plus aussi joyeuse, mais une équipe de collaborateurs — des homologues probablement — seront à destination à mon arrivée.

Bref, me voilà embarquée. Maintenant et pour les heures à venir, je vais m'adonner à l'oisiveté en picorant la nourriture emmenée par mes soins devant des films. Je déteste les repas servis à bord, je préfère miser sur les boissons. Je ne souhaite surtout pas arriver à Lima l'estomac retourné à vomir la tête enfermée dans un sac, car cette première impression risquerait de laisser des souvenirs inaltérables dans la mémoire des personnes chargées de me récupérer. Alors, autant éviter d'être baptisée de « madame vomi ».

Les films se succèdent sans qu'aucun retienne mon attention, le siège me semble plus dur d'heure en heure et je finis par m'endormir, fatiguée et courbaturée.

À mon réveil, je m'agite sur mon fauteuil afin de chasser cette lourdeur dans mes yeux et me soulager des fourmillements qui ont envahi mon postérieur. Mais ce que je déteste le plus c'est cette sensation de bouche pâteuse et pire encore le filet de bave qui s'en est échappé pendant mon sommeil et que j'essuie à la hâte.

Après cette remise en route, je consulte ma montre et compte les minutes qui me séparent de mon arrivée en espérant que les personnes désignées pour m'accueillir seront bien au rendez-vous, car sinon les ennuis risquent de commencer.

Finalement, me voilà à fouler le carrelage beige de l'aéroport. Mes membres ankylosés se remettent en marche peu à peu et à présent c'est chargé de ma valise que je cherche du regard un panneau où serait inscrit mon nom.

— Ah le voilà !

Sans plus attendre, je trottine vers le comité d'accueil trop heureuse que tout se passe comme prévu. Malgré tout, je ne cache pas ma surprise lorsque le groupe en question est tout de kaki vêtu.

— Bonsoir, je suis Perle de Lalonde, m'adressé-je à eux en souriant. Vous savez ? Le nom indiqué sur la pancarte ! pointé-je du doigt.

— Ah ! Oui évidemment, qui d'autre ? Nous sommes missionnés par votre directeur pour vous récupérer, vous amener à bon port et veiller sur votre sécurité durant votre séjour.

— Merci. Mais... dites-moi, pourquoi est-ce que vous, enfin vous êtes militaires ? Je m'attendais plutôt à un guide.

— Madame, regardez-moi bien ! Est-ce que selon vous je ressemble à un guide touristique ?

— Euh... Non en effet ! C'est juste que je ne comprends pas bien pourquoi... C'est curieux, mais après tout si Monsieur Weber ne m'en a pas parlé c'est que ça n'avait pas d'importance.

TRACKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant