27 - Commando

27 3 0
                                    


Un bruissement assourdissant d'hélices rompt le fil tendu de mes réflexions. Je lève machinalement la tête, mais je reconnais sans le voir le son caractéristique d'un hélicoptère cougar qui approche notre campement.

— Ils ont réquisitionné un cougar... c'est parfait ! Un peu tard, mais parfait quand même !

Depuis mon promontoire, j'observe le pilote qui œuvre pour le poser et moins de trois, minutes suffisent pour que les roues touchent le sol. Désormais, le rotor tourne au ralenti et le pilote quitte son appareil en attendant probablement un ordre formel du capitaine pour redécoller.

De longues minutes finissent par s'écouler avant que Tonio ne fasse les cent pas autour de l'hélicoptère. Il sait que je suis resté à distance raisonnable, mais il ignore précisément où je me trouve et sa manière de se déplacer indique son niveau de fureur.

Malgré ma rage et mon aplomb face au capitaine, j'ai conscience que s'il décide de faire décoller l'hélicoptère sans moi, je serai condamné à rester sur place ; alors je refoule avec force toute cette énergie au plus profond de moi-même à l'instar de la lave en fusion qui n'a pas encore percé la croute terrestre.

Je suis ce que je suis, je suis un traqueur et je ne m'encombre jamais des protocoles, mais là, j'ai besoin de l'équipe. Je ne dois pas cesser de me le répéter jusqu'à ce que mon cerveau en soit totalement imprégné. Alors, après de très longues minutes et complètement autoconditionné je quitte lestement ma position afin de réintégrer le camp.

— Hum... Capitaine ? Me voilà apte à partir, mais n'attendez pas de moi que je m'excuse pour mon attitude. Vous savez... je ne suis pas né pour ça, mais j'ai été conçu pour ça : traquer, chasser, pourchasser et tuer s'il le faut, c'est ce je fais de mieux, mais rien d'autre. Ne me demandez pas de garder mon calme ou faire de la diplomatie parce que ce n'est pas dans mes cordes.

— Je suis parfaitement informé, vous ne m'apprenez rien !

Toutefois, le Capitaine maintient ses yeux braqués sur moi et seulement après quelques minutes de réflexion intérieures finit par rompre à nouveau le silence.

— J'ai ordonné le détachement d'un hélicoptère parce que nous ne pouvons arpenter la jungle en voiture à l'aveugle et malgré votre propension à déborder, je dois reconnaitre que vous raisonnez toujours de manière juste.

— Je...

— Non ! N'ajoutez rien, c'est déjà assez pénible de l'admettre !

Ces commentaires me font sourire et je ne me gêne pas pour afficher mon amusement et ma victoire même si le moment n'est pas réellement approprié. À qui croit-il donner l'information ? À un novice tout droit sorti de l'école militaire ? Moi, je suis tout sauf ça. Alors, je l'épargne de mes commentaires, car ceux-ci risqueraient de l'irriter et l'idée de m'évincer pourrait à nouveau germer dans son esprit.

— Qu'est-ce que tu as branlé ? T'étais passé où ? me murmure Tonio en m'assénant un coup de coude dans les côtes tandis que le Capitaine expose son plan.

— Si je ne vous intéresse pas, vous pouvez tout aussi bien rester ici ! menace-t-il.

— Ferme la, Tonio ! grincé-je à mi-voix.

Tonio se résout au silence, mais ne manque pas de me jeter un regard réprobateur. Malgré tout, je fais abstraction de son animosité afin de concentrer mon attention sur le Commandant et ainsi je l'écoute donc m'exposer son plan.

C'est ainsi que nous embarquons moins de trente minutes plus tard avec quelques hommes qu'il m'a laissé trier sur le volet.

Le cougar décolle en soulevant des tonnes de poussières. Cet appareil doté d'une technologie ultra développée est capable de rallier n'importe quelle zone géographique grâce à sa vitesse de vol. Mais aujourd'hui, il survole la jungle à basse altitude, à vitesse réduite afin que l'on puisse repérer tout déplacement de quelque nature que ce soit. Puis au terme de plusieurs minutes, l'hélicoptère se positionne en vol stationnaire. À présent, nous survolons la cabane identifiée comme celle des trafiquants et bien qu'aucun capteur infrarouge n'ait enregistré de présence ni de mouvement nous devons descendre inspecter les lieux. Tonio ainsi que les hommes qui m'accompagnent s'équipent d'armes automatiques, tandis qu'un autre reste en faction derrière la mitrailleuse fixée à son bord. En cas d'attaque, cette place importante et stratégique permet de riposter. Aussi, ma fidèle lame et moi terminons la composition de l'équipe.

TRACKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant