Chapitre 1

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Jonathan feuilletait son livre de compte dans le silence reposant de sa cabine quand trois coups résonnèrent sur la porte.

— Sir Jonathan Burgess ? prononça une voix masculine.

Il se leva pour ouvrir la porte et tomba nez à nez avec trois soldats de la garde royale. L'un de ces hommes le salua et, en lui tendant une lettre, il lui annonça :

— Voici pour vous, Sir.

Jonathan grimaça face à l'estampille et survola son contenu. C'était une simple convocation, néanmoins, il n'était nullement fait mention de la raison. Il leva l'enveloppe en la secouant légèrement.

— En quel honneur ? demanda-t-il, sans tact, de sa voix grave et rocailleuse.

Le soldat, étonné et déstabilisé par sa question, l'informa :

— On vous demande au conseil, Sir. Vous en saurez plus une fois là-bas.

Jonathan souffla, passant sa main sur sa tempe rasée puis dans ses cheveux châtins, il s'avança en poussant les soldats qui le suivirent jusqu'à la voiture royale dans laquelle ils entrèrent. Les trois hommes en armures se lancèrent des regards confus devant l'obéissance de l'homme qu'ils accompagnaient. Deux d'entre eux entrèrent dans l'habitacle avec Jonathan tandis que le troisième s'assit à l'avant avec le cocher. Le capitaine regarda les rues défiler à travers la fenêtre. Pourquoi le Conseil de l'Amirauté le convoquait-il ? Il n'avait rien à se reprocher. Il faisait simplement son travail, depuis des années, sans encombre, traversant la Manche et l'océan Atlantique afin de déposer ses passagers et ses marchandises.

Il croisa les yeux bleus du soldat face à lui, qui observait la cicatrice sur sa joue. Le jeune homme détourna le regard, gêné, lorsqu'il constata que Jonathan l'avait remarqué. Le jeune soldat se racla la gorge et osa tout de même :

— Si je peux me permettre Sir, comment vous êtes-vous fait c'la ? dit-il en tapotant sa propre joue.

Jonathan leva un sourcil avant de hausser les épaules.

— Blessure de guerre, répondit-il succinctement.

Le soldat ne posa pas plus de questions et le trajet se termina dans le silence. Les trois hommes l'accompagnèrent jusque dans une petite salle où l'attendaient huit hommes assis autour d'une longue table rectangulaire jonchée de cartes, livres et lettres. Un des hommes se leva et le salua froidement avant de l'inviter à s'asseoir. Jonathan observa leurs visages scrutateurs et leur perruque ridicule. Il porta son regard sur l'immense horloge suspendue au-dessus d'une somptueuse bibliothèque de marbre. L'homme remua bruyamment le thé que contenait sa tasse avant de s'adresser à lui :

— Nous avons besoin de votre aide, Vicomte, annonça-t-il.

Jonathan observait le mouvement hypnotique de la cuillère sans prononcer un mot. L'homme prit une gorgée puis reposa sa tasse sur la coupelle.

— Des bâtiments commerciaux disparaissent les uns après les autres, si cela continue le roi risquerait de le remarquer.

— Sauf votre respect, en quoi cela me concerne-t-il ? demanda subitement Jonathan, nullement impressionné par le rang de la personne face à lui.

— Nous savons que vous avez servi dans la marine, Commodore, vos anciens camarades ne tarissent pas d'éloge sur vous.

Jonathan grimaça, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas entendu ce titre. L'homme se leva et s'approcha de la grande fenêtre pour observer le jardin, les mains croisées et le dos droit.

— Vicomte, il se tourna vers lui, j'ai besoin que vous trouviez l'origine de ces disparitions.

— Vous avez sûrement des marins très qualifiés pour–

Le monde des pirates - T2 [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant