Chapitre 23

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Oliver se réveilla doucement, bercé par le rouli des vagues frappant la coque du bateau. Il se redressa lentement avant de tâter son crâne et son pansement propre. Combien de temps avait-il dormi ? Ses jambes lui hurlaient de se lever, alors il s'exécuta. Titubant légèrement, il marcha jusqu'au bureau de Jonathan avant de s'asseoir sur la chaise, finalement trop faible pour rester debout. Il remarqua le verre d'eau et s'empressa de prendre une goutte, seulement sa gorge était si serrée qu'il s'étrangla et mouilla le carnet de Jonathan posé sur le bureau. Il l'essuya rapidement de sa main et l'ouvrit afin de s'assurer qu'il n'avait pas abîmé l'intérieur. Lorsqu'il vit la somptueuse écriture de Jonathan, il eut envie de tourner les pages. Il avait l'impression de lire une histoire, et les quelques dessins griffonnés entre les lignes la rendait vivante. Des paysages, des créatures marines, des cartes... Il tourna une énième page, mais son cœur loupa un battement quand ses yeux tombèrent sur le portrait d'un homme endormi. Il se reconnut. Le pansement indiquait que ce dessin avait été fait récemment. S'il comparait ses autres croquis, celui-ci était particulièrement soigné. Tous les détails montraient que Jonathan avait pris le temps de l'étudier. Avait-il dormi si longtemps où cet homme était-il simplement très talentueux ? Il se mit soudainement à repenser à ce baiser qu'ils avaient échangés. Toutes les sensations qu'il avait ressenties ce jour-là lui revinrent comme une claque monumentale. Ses joues devinrent si chaudes qu'il se demanda s'il ne faisait pas de fièvre.

L'entrée de Jonathan dans la cabine n'arrangea pas sa condition et son cœur faillit lui sortir de la poitrine. Il se leva brusquement, comme s'il venait d'être pris en plein délit, mais un vertige le fit basculer.

Heureusement pour lui, Jonathan était rapide et il parvint à lui éviter la chute.

— Je suis désolé, s'excusa Oliver, je ne voulais pas espionner votre journal.

— Je n'ai rien à cacher, répondit l'Amiral en fermant son carnet.

Il posa ensuite ses mains sur les joues rosées d'Oliver, s'assurant de son état de santé. Leurs regards s'ancrèrent dans celui de l'autre, les yeux huileux de Jonathan le scrutaient avec envie malgré son inquiétude. L'homme s'avança lentement vers ses lèvres, lui laissant le temps de refuser, ce qu'Oliver fit en reculant légèrement.

— Lorsque vous... dit-il hésitant, m'avez embrassé l'autre jour, vous avez dit que vous souhaitiez que je reste auprès de vous. Pourquoi ?

Jonathan se redressa, surpris par cette question. Oliver n'avait-il pas compris les signaux qu'il lui envoyait ?

— Parce que je veux que vous soyez en lieu sûr, affirma Jonathan en caressant le front du jeune homme et le pansement qui faisait le tour de son crâne.

— Je peux veiller à ma propre sécurité.

— Je n'en doute pas.

— Alors dites-moi les réelles raisons, ordonna Oliver d'une voix ferme.

— Au début, je voulais que vous restiez au royaume, là où je saurais, qu'au moins, je pourrais vous rendre visite lors de mes escales-

— C'est égoïste, s'indigna Oliver, lui coupant la parole.

Pourquoi devrait-il s'imposer une vie de misère en évitant son père à tout prix, simplement sous le prétexte d'être en sécurité à attendre que Jonathan lui rende visite ?

— Je le sais, répondit Jonathan, prenant conscience de ce qu'il lui avait demandé. Et, j'y ai réfléchi, affirma-t-il. Mon... cœur a changé d'avis. 

Le regard d'Oliver se posa sur la statuette encore présente sur le bureau. Il comprit enfin le conflit intérieur de l'homme, alors il l'a pointa de son menton et décida qu'il était temps :

Le monde des pirates - T2 [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant