Chapitre 4

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Oliver n'avait d'autre choix que d'observer les mains d'Edward et de Thomas assis en face de lui qui, se glissaient de temps à autre sous la table. Il aurait préféré se faufiler entre ces deux-là plutôt qu'être coincé entre ces deux bougres ivres qui ne cessaient de renverser leur bières sur sa chemise. Les bras croisés sur son torse et la mine fermée, il maudissait la cruelle persécution du destin contre lui. Le brouhaha de la taverne lui causait un mal de tête insupportable.

— Qu'est c'qu'il a c'ui là ? demanda Richard à Edward.

Oliver fronça les sourcils face à ce doigt crasseux pointé sur lui pendant qu'Edward ricanait.

— Il arrive pas à combler sa femme, se moqua celui-ci.

Le regard si noir qu'Oliver lui lança aurait pu percer sa peau. Richard pouffa et un marin passa son bras sur les épaules d'Oliver dont la mine se rida de dégoût :

— Y'a bien une de ces demoiselles qui pourrait t'aider, proposa-t-il en faisant un clin d'œil à l'une des femmes assise non loin d'eux.

Oliver repoussa ce bras puant, mais n'eut pas le temps de répondre. Une femme s'assit sur ses genoux et passa ses mains autour de son cou :

— On peut peut-être aller discuter un peu plus loin mon chou, proposa-t-elle.

Le sourire d'Edward s'agrandit tandis que l'angoisse de Thomas grandissait; il connaissait son frère et il ne tarderait pas à s'énerver. L'éducation de Joseph O'Neil avait fortement imprégné le caractère d'Oliver, et, lorsque celui-ci se mettait en colère, il devenait une réplique exacte de leur père. C'était cet aspect-là de son grand frère que Thomas détestait.

— Il n'a pas d'argent, dit-il en essayant de convaincre la jeune femme de le laisser tranquille.

— Oh, la première fois est gratuite, offrit-elle de bon cœur tout en caressant la joue d'Oliver.

— Ôtez vos mains de mon visage ! la chassa-t-il. Si vous croyez que je pourrais m'allonger avec une personne telle que vous, vous vous trompez ! s'énerva-t-il.

Outrée par ses propos, la jeune femme le gifla. Thomas se pinça les lèvres pour réprimer son sourire satisfait, bien qu'il craignât la réaction que pourrait avoir son frère. Cependant, avant même que ce dernier ne réagisse, il se fit saisir par le col.

— Mais c'est qu'il prend du bon temps mon p'tit marquis !

Edward se leva brusquement et pointa son pistolet sur le pirate.

Immédiatement, toutes les armes furent dégainées, un courant électrique traversa la taverne. Plus aucun son, plus aucune musique, l'ambiance devint menaçante. Le pirate relâcha Oliver et leva les mains, ses matelots baissèrent leur armes.

— Être mis en joue par le Capitaine Edward Morgan ? s'exclama-t-il d'un sourire carnassier avant de demander : Que me vaut cet honneur ?

Edward rangea son fusil et invita le pirate à s'asseoir.

— Ton matelot, entama-t-il en pointant Oliver, il m'intéresse.

L'homme prit une gorgée dans la chope réservée au jeune homme blond avant de passer ses doigts sur sa longue barbe mal coiffée.

— Et qu'est ce qui t'fait croire qu'il est à vendre ? s'amusa-t-il en s'adossant à son siège tout en reposant son bras sur le dossier de la chaise d'Oliver.

— Allons, dirais-tu non à quelques pièces d'or ? se moqua Edward en imitant l'homme, reposant son bras derrière Thomas.

— Mmh, sembla réfléchir le pirate, "quelques" ?

Le monde des pirates - T2 [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant