Le monde des pirates - T2 [MxM]

Chapitre 20

Le son régulier des gouttes d'eau qui tombaient résonnait dans la grotte seulement éclairée par la bioluminescence marine qui tapissait les murs et la petite étendue d'eau. Un calme soudainement perturbé par l'inspiration profonde d'Edward, qui émergea de cet étang souterrain, tenant toujours fermement Thomas contre lui. Ce dernier toussa frénétiquement pendant qu'Edward le hissait sur la rive. Une fois en sécurité, ils scrutèrent la surface de l'eau à la recherche des deux hommes.

Quelques longues secondes plus tard, Jonathan émergea, portant péniblement Oliver, inerte, dans ses bras. Edward l'aida à remonter le jeune homme alors que Thomas paniquait en voyant le sang qui teintait les cheveux blonds de son frère.

Il secoua Oliver qui resta sans réponse. Il se pencha sur lui et hurla soudainement :

— Il ne respire plus !

Jonathan poussa Thomas précipitamment et rapprocha son oreille du visage d'Oliver.

— Faites quelque chose ! s'écria le jeune homme totalement affolé.

Jonathan posa deux doigts tremblants sur la jugulaire d'Oliver et soupira de soulagement en sentant son cœur battre. Il inclina sa tête vers l'arrière en lui pinçant le nez et, sans attendre, il lui souffla dans la bouche.

Thomas agrippa l'avant-bras d'Edward, le visage livide. Terrifié à l'idée de perdre son frère, il sentit son cœur faillir sous le poids de l'angoisse.

Les secondes, régies par le silence, étaient interminables, seuls les souffles de Jonathan s'entendaient. Thomas remarqua que le sang d'Oliver s'immisçait dans les cavités poreuses du sol rocheux sur lequel ils étaient assis alors il tenta de déchirer un bout de sa chemise, sans succès. Ses mains étaient trop faibles et anxieuses. Edward arracha la manche de sa propre chemise et, entre deux compressions thoraciques de Jonathan, il noua le tissu autour de la tête d'Oliver.

Un fin filet d'eau sortit de la bouche de celui-ci, ce qui encouragea Jonathan à continuer son massage.

— Allez Oliver ! supplia Thomas. Des larmes perlaient sur ses joues et sa jambe tressautait nerveusement.

Jonathan commençait à perdre son souffle, ses gestes devenaient imprécis. Il ne pouvait pas le perdre. Pas lui. Pas maintenant. Lui qui pensait ne pas pouvoir aimer une autre personne que feu son épouse. Dès l'instant où il avait croisé les yeux bleus d'Oliver remplis de tristesse le jour de son mariage avec Heather, une étincelle avait jailli, ravivant la flamme de son cœur mourant. Depuis lors, chaque escale avait un peu plus embrasé ce feu jusqu'à ce que son instinct de protection envers le jeune homme se transforme en autre chose. Une chose qu'il avait eue du mal à comprendre puis à avouer, et maintenant qu'il lui avait montré clairement ses intentions, il comptait bien le garder près de lui.

Edward l'aida en continuant les compressions tandis que Jonathan se concentrait sur sa bouche et souffla une énième fois sur les lèvres d'Oliver jusqu'à ce qu'une respiration laborieuse s'en échappe.

— Vous avez réussi ! hurla joyeusement Thomas alors que Jonathan secouait les joues d'Oliver en l'appelant.

Le jeune homme ouvrit les yeux lentement et toussa légèrement, provoquant une douleur insupportable à l'arrière de son crâne. Il essaya de se redresser, mais un violent vertige l'en empêcha. Jonathan le récupéra dans ses bras avant qu'il ne s'écroule. Il pressa son épaule et expira discrètement, rassuré de le voir vivant.

— J'ai cru que... prononça Thomas en sanglotant.

Oliver lui sourit fébrilement en caressant doucement le dos de sa main qui reposait sur la sienne.

Thomas enlaça tendrement son frère, ne se souciant guère des bras de Jonathan qui entouraient déjà ses épaules.

— Laisse-le respirer, prononça doucement Edward en caressant son dos.