XIX. La Brise

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Mes paupières s'ouvrent légèrement puis se referment. Comment retourner dans mon rêve ? Je veux sentir à nouveau mon corps flotter si paisiblement pour l'éternité, mais la réalité me repousse : quelque chose danse, bouge et me ramène à la lumière terne de la vie. J'ouvre les yeux en torpeur et je tombe sur le visage angélique d'Octavien. L'atmosphère change, les couleurs se ravivent et je sens la brise matinale effleurer ma peau.

Octavien : Bonjour.
Sa voix s'accompagne de petits bisous sur mon visage et mon cou.

Moi : Bonjour...
Je tourne ma tête vers mon portable sur la commode : Il est quelle heure ?

Octavien : Hmm...
Il se lève et prend une chemise bleue sur l'étagère.

Octavien : Il est temps que tu te prépares en tout cas.

Je prends mon portable pour regarder l'heure : huit heures moins quart. Je me baisse pour ramasser mes habits sur le sol. Octavien se rapproche de moi, sa chemise est ouverte et je pouvais sentir son torse toucher le mien de derrière.

Moi : Octa... Sérieusement je dois me préparer !

Ce dernier s'éloigne et ricane en mettant sa chemise.

Moi : Tu sais quel jour on est...

Il soupire : Oui. Bien sûr que oui. Une fois sa chemise correctement mise, il s'approche à nouveau et me murmure : N'oublie pas que tu m'appartiens.

J'essaye de cacher cette chaleur montante mais trop tard. Je pouvais déjà sentir son regard malicieux admirer et tirer profit de mon embarras – Une fois à mon tour habillé, je lui lâche un dernier regard avant de partir.

Octavien : Bonne chance.

Son expression était sincère, un bonheur si pur dans ses yeux et nul ne peut le nier — Je me suis magné pour fermer la porte, peut-être parce que j'avais une envie violente de cacher mes sentiments ou juste parce que je ne voulais pas arriver en retard aux préparatifs pour le défilé de ce soir.

Dehors le silence régnait, je regarde à gauche puis à droite, personne. Je me presse de rentrer : ce couloir me paraissait si long et si étroit, quelque chose ne va pas. Je continuais à marcher en essayant d'être le plus discret possible quand tout à coup, une voix douce et cristalline brise le silence crispé : Connor ? Je me retourne vers cette voix, Lara fixait mes habits : Les mêmes qu'hier. En la voyant devant moi j'étais bouche-bée, aucun mot ne s'échappe de ma bouche. Bouleversé par ce scénario catastrophique tant redouté, je reste immobile à quelques pas de ma porte. Cette dernière s'approche de moi et je me retourne vivement vers ma porte, priant qu'elle ne dise pas un mot. C'est alors que je sentis sa présence chaude derrière moi, Lara ne dit rien, un lourd silence s'installe. Je ferme les yeux rendant ainsi la situation viable à mes yeux puis j'entre dans ma chambre évitant tout regard.

Lucas faisait son lit quand je suis rentré, mais voyant l'expression horrifiée sur mon visage, il me prend dans ses bras : Connor ? Qu'est-ce qui a ?, je reste immobile devant la porte.

Moi : Je pense que Lara a découvert.

Je vois un regard confus se dessiner sur le visage de Lucas.

Lucas : Comment ça ?

Ce dernier me prend par le bras et me fait m'assoir sur mon lit.

Lucas : Connor ? Il s'est passé quoi exactement?

En lui expliquant la situation son visage changea passant d'inquiétude à un léger énervement.

Lucas : Je le savais ! Comment aurais-tu pu le cacher ?
Il pose sa main droite sur la mienne.

Lucas : Tout se sait ici.
Il soupire puis se relève afin de finir de se préparer.

Lucas : Tu attends quoi ? Faut que tu te prépares, la journée va être longue et ce nouveau problème n'est qu'un détail actuellement.

Il a raison. Si je ne bouge pas je vais juste perdre la seule chose pour laquelle je suis venu — Je me relève et une fois prêt je sors affronter la réalité.
Les préparatifs pour le défilé se sont déroulés plutôt tranquillement, Lara ne semblait pas énervée ce qui rendait la situation encore plus étrange et vu le bonheur d'Octa qui se manifestait à travers son grand sourire, tout semble indiquer que Lara n'a rien dit. Il était déjà presque neuf heures du soir et je n'arrivais pas à me concentrer à cent pourcent : Pourquoi Lara n'en parle pas ? Pourquoi elle ne semble pas affectée ?

Lucas s'approche de moi : Réveille-toi les mannequins t'attendent. Au son de ces mots, mon cerveau se met en mode automatique. J'effectuais les tâches sans même y réfléchir et je priais juste pour ma survie.

Staff :  Attention le show commence dans 2 minutes !

Je regarde une dernière fois les mannequins : j'examine leur make up et l'état des habits. Tout semble être parfaitement réussi, mais le stress et l'angoisse persistent.

Une fois la lumière verte allumée, je ne peux plus rien faire : le show commence.
Derrière le grand écran, je vois les collections passer d'abord celle d'Octavien puis celle de Adrien et juste avant la mienne celle de Lara. Mon cœur se glace à chaque fois que nos regards se rencontrèrent, mais tout souci s'efface quand je vois ma première pièce à l'écran. L'une après l'autre, tout semblait parfait quand tout à coup je vois ma dernière mannequin vêtue d'une robe complètement métamorphosée, déchirée et verdâtre. Mon visage se décompose et je sentis une présence chaudement familière derrière moi : Tu pensais t'échapper aussi facilement?, la voix de Lara me fait tressaillir. Je me retourne nerveusement vers cette dernière : Lara..., ma voix tremblante semble amuser cette dernière.

Lara : Si j'étais toi je partirais d'ici et je retournerais d'où t'es venu. Tu ne mérites pas ta place et tu ne l'as jamais méritée.

Avant même que je puisse répondre, Lara part fêter sa réussite avec son staff. Octavien me regarde au loin et dès que mon regard croise le sien, il le baisse.

C'était la goutte de trop. Je pars sans même dire au revoir à mon équipe. Comment pouvais-je affronter cette honte ? Mon travail... Je ne parvenais pas à croire que cette situation était bien réelle et que Lara m'ait fait une chose pareille. Une fois dans ma chambre, je fais mes valises.

Une fois mes valises prêtes, Lucas rentre brusquement : Connor ! Tu fous quoi ici ? Viens en bas !, je lui fait signe de partir, ce dernier s'approche et me prend dans ses bras.

Lucas : T'es le gagnant ! T'as gagné le concours !

Je ricane nerveusement.

Moi : Tu te fous de moi ?

Il me lâche gentiment et me regarde droit dans les yeux : Non. Tu es le gagnant !

Je me laisse alors emporter par Lucas jusqu'en bas. Tout le monde m'attendait, le sourire aux lèvres. Ce scénario me semblait juste impossible. D'une seconde à l'autre j'étais sur scène avec un trophée dans la main et un micro face à moi, je ne pouvais que dire : Putain, je... je l'ai fait. Merci à tous ceux qui ont vu mon potentiel et qui m'ont confié ce prix. Je n'arrive pas à croire, tout me semblait impossible il y a deux secondes et me voilà ici.

Après de multiples photos et remerciements, je me retrouve au backstage : Connor, avant que tu partes... je voulais juste te dire que j'ai des vrais sentiments pour toi.




Fin

STYLE (boy X boy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant