Chapitre 2

20 5 7
                                    




Je me précipite dans la cour mais je réalise que je ne peux aller nulle part, je suis prisonnière. Ma respiration s'accélère, j'ai besoin d'air et ici je n'en ai pas. Je longe le bâtiment pour trouver un coin tranquille, mais où que j'aille il y a des militaires. Je me retrouve face à un préau, près du mur d'enceinte ouest, où plusieurs véhicules sont garés. Des militaires sont en train d'examiner les moteurs. Là non plus je ne serais pas tranquille. Je lève alors la tête et me dis que le seul moyen pour moi de me sentir libre est de prendre de la hauteur.

Je recule pour étudier la structure. J'avise la Jeep qui est garée à gauche d'un camion qui est trop grand pour rentrer entièrement sous le préau et dont le toit touche presque le plafond du préau. Je souris avant de m'élancer vers la Jeep. Un des mécaniciens me voie et ne semble pas comprendre. Lorsque je saute sur le capot de la voiture puis sur le toit du camion je l'entends me hurler de redescendre. Affolés par les cris, plusieurs militaires se sont approchés. Une fois sur le toit du préau, je suis suffisamment haut pour ne pas entendre les gens d'en bas. Mais les barbelés m'empêchent de m'échapper plus loin. Je m'assoie près du bord en tailleur et je fixe à l'horizon le soleil qui se couche et laisse mes pensées défiler. Comment Marcus a-t-il pu me faire ça ? Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ? Pourquoi m'avoir abandonné après mon exclusion ? Et surtout, pourquoi réapparaitre maintenant ?

Soudain une voix masculine me sort de mes pensées.

- Fiou, c'est haut.

- Qu'est-ce que tu me veux Cain ? lançai-je en me retournant.

- Juste profiter de la vue, répond-t-il en s'asseyant à côté de moi.

Je fixe l'horizon sans rien dire. Au bout de quelques secondes il rompt le silence.

- Alors, dis-moi, pourquoi tu es monté si haut ? Tu sais que d'en bas aussi on peut voir le couché de soleil ?

Je ne réponds rien, je me contente de froncer les sourcils. Il insiste :

- Tu préfères la jouer muette ? Ok, je comprends. Mais tu sais on va passer pas mal de temps ensemble alors il va bien falloir que tu parles à un moment ou à un autre.

Je reste silencieuse quelques secondes avant de me lever et de répondre :

- En dehors de la mission, je ne suis pas obligée de te parler si j'en n'ai pas envie.

Ma réponse le fait sourire et je l'entends me lancer alors que je saute sur le camion pour descendre.

- C'était un vrai plaisir de discuter avec toi.

Je rejoins ma chambre au pas de course. Je claque la porte pour me retrouver de nouveau en prison. Soudain on frappe à ma porte. Sans grande surprise il s'agit de Marcus.

- Je t'ai apporté de quoi dessiner, me dit-il en me montrant son butin.

Je le fixe quelques secondes avant de me tourner en le laissant sur le pas de la porte. Il finit par entrer en fermant derrière lui. Je m'installe sur une chaise sans dire un mot.

- Je sais très bien que lorsque tu pianotes avec impatience sur la table avec tes doigts, c'est que tu te retiens d'exploser, dit-il en s'asseyant sur la chaise à côté de moi.

Je fronce les sourcils puis je me cale sur le dossier de la chaise en croisant les bras sur ma poitrine.

- Qu'est-ce que tu veux Marcus ? Ou je devrais peut-être t'appeler Major Clarkson ? demandai-je d'un ton froid.

- Je serais toujours Marcus pour toi, tu le sais bien.

- Non, Marcus, je n'en sais rien, rétorquai-je en haussant le ton. J'ai l'impression que les quatre dernières années n'ont été qu'une vaste imposture. Je n'arrive pas à comprends pourquoi tu m'as caché ça pendant si longtemps.

SurvivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant