Chapitre 3

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L'entrainement continu et dure deux jours, trois jours pendant lesquels on apprend à survivre en zone de guerre, à se défendre et surtout que l'on doit se faire confiance. Plus facile à dire qu'à faire. Malgré les risques, je reste convaincue que je ne peux faire confiance à personne. Avec mes révélations sur mon passé, je savais qu'ils ne me ferraient pas de cadeau et ça a été le cas. Pendant deux jours ils m'ont surmené comme pour me faire payer ce que j'avais fait. Mais je n'ai jamais rien dit et j'ai tout encaissé en silence. Seul Cain n'a pas été dur avec moi. Il commence à gagner mon estime et, même si je ne l'admettrai jamais, je l'apprécie de plus en plus.

Le grand jour arrive. Je n'ai pas beaucoup dormi peut-être même moins que d'habitude. Je suis stressée. A l'aube je retrouve le reste de l'équipe devant le grand portail. Shadow et Tender finissent de charger la Jeep améliorée qui va nous servir de refuge pendant cette mission. Cain inspecte les sacs de provisions et Strike discutent avec le colonel. Je les observe de loin en appréhendant le départ.

- Ne t'inquiète pas, tu es prête.

Marcus me sort de mes pensées et en posant sa main sur mon épaule il ajoute.

- Je sais que tu ne l'avoueras jamais devant tes camarades mais tu es morte de trouille, n'est-ce pas ? (Je souris en baissant la tête) C'est normal d'avoir peur. N'oublie pas que ressentir de la peur ...

- ... c'est être conscient des risques, finis-je par dire. Tu me l'as assez répété pour que je ne l'oublie pas.

- Je suis fier de toi, ajoute-t-il en me prenant dans ses bras.

Je ne réponds rien je me contente seulement de fermer les yeux pour retenir les larmes qui menacent de couler.

Une fois les adieux terminés, je prends place à l'arrière de la Jeep. Tender est au volant, Shadow joue les copilotes. A l'arrière Cain est assis à côté de moi et Strike en face de nous. L'imposant portail s'ouvre et je serre les points pour retenir ma peur. Cain le remarque et pose sa main sur la mienne.

- Ne t'inquiète pas, je te protège, me dit-il alors que je tourne mon regard vers lui.

Je ne réponds rien, je regarde droit devant moi.

Il y a 600 kilomètres entre la base militaire et la côte espagnole où se trouve le camp. Mais comme nous sommes en terrain hostiles nous ne pouvons pas prendre la grande route. Et bien sûr Shadow choisi les routes les moins praticables possible. Le trajet qui devait nous prendre six heures en temps normal, nous en prends dix.

Au bout de cinq heures à se faire secouer dans tous les sens, Cain supplie Strike de nous accorder une pause.

- Très bien, mais cinq minutes pas une de plus, rétorque-t-il. Tender, Shadow sécurisé le nord. Cain avec moi pour le sud. Et vous vous restez là, me lance-t-il en descendant de la voiture.

- Quoi ? Non, hors de question que je reste enfermée dans cette boîte de conserve, répliquai-je en descendant à mon tour. Et puis j'ai besoin de pisser.

- Alors faites vite, m'ordonne-t-il. Et ne vous éloignez pas trop, ajoute-t-il dans mon dos.

- Oui papa, marmonnai-je en m'enfonçant dans la forêt.

C'est la deuxième fois que je vois les zones hors enclaves, celles qui sont dévastées par la guerre. La première fois j'étais dans la voiture qui me conduisait au camp et, déjà à l'époque à travers les fenêtres, le paysage était désolant. Aujourd'hui ça me frappe à nouveau mais autre chose me frappe aussi en m'enfonçant dans la forêt : la beauté de la nature qui tente de reprendre sa place. Plus j'avance et plus la végétation est luxuriante, des papillons volent autour de moi et j'entends même quelques oiseaux timides. Le paysage qui se dessine devant moi m'éblouis et j'en oublie presque ce que je suis venue faire. 

SurvivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant