Orphelins et disparitions

326 35 15
                                    

Vieil-Oeil fit une pause, sa bouche était sèche. Il bu un peu de sa soupe et prit son temps avant de reprendre...

Il y avait là, dans cette stalle, une vingtaine de chatons. De toutes les couleurs, toutes les longueurs de poils, et enfin, tout les ages.

– C'est quoi ça?! S'étrangla Alto.

– Des orphelins mon fils. Aucun n'est à nous.

– Sans blague... Et d'où tu en sors autant?

– De la rue. Ça a commencé il y a un mois environ. Bracsa est revenue de la chasse avec un petit. Puis on en a trouvé de plus en plus.

– Quand j'ai trouvé le premier il était le seul de sa portée en vie. Tout les autres étaient morts. Je pouvais pas le laisser crever lui aussi ! Alors je l'ai ramené à maman. Deux jours après, j'en trouvais deux autres, et ainsi de suite. Pour quelques uns il était trop tard, on a pas pu les requinquer. J'ai du en ramener une trentaine, il n'en reste que vingt... Je les ai tous trouvé aux alentours de la boulangerie et dans les rues adjacentes

Elle soupira

– Alors voilà, à nous trois on chasse chacun notre tour pour tous les nourrir. On leur donne de la viande premachée, et parfois la fille du palefrenier nous amène du lait. Amati avait peur de leurs réactions quand ils verraient les petits. Mais apparemment on tue suffisamment de rats pour compenser l'occupation de la stalle.

Je demandais où étaient passés les parents. Ce fut Amati qui me répondit.

– Bah justement, on se le demande. On est en pleine saison des naissances, et les mères devraient être là... Mais il n'y a plus personne. Nombre de nos amis ont disparus d'un coup, et personne de sait pourquoi. Y'a des chiens aussi qui s'évaporent... Mais où... Et pourtant ce n'est pas la famine pour les humains! On ne devrait rien avoir à craindre.

– Les disparitions ont commencé où? Demanda mon ami.

– Vers la boulangerie apparemment, là ou ta sœur les a trouvé en premier. La chose étrange, c'est qu'on a jamais retrouvé de corps. Alors peut être que nos amis ont fuis, mais sans les chatons, ca me surprendrais beaucoup.

– On est à l'abri nulle part alors... Vous avez chassé aujourd'hui?

– Non. Je me motivais à y aller quand vous êtes arrivés. Tout ces ventres à pattes ça demande pas mal d'efforts, crois moi.

Le noiraud réfléchit un moment.

– Bon, on va participer avec le petit, évidemment. Restez là tous les trois, on part en chasse.

Mon oncle soupira de soulagement et acquiesça de suite.

– Partez vers le moulin, y'a encore de quoi manger là bas.

– Très bien. A plus tard alors. Laslo, suis moi.

Je me calais sur son pas sans rien dire. J'étais perplexe sur toutes ces histoires de disparitions, je ne savais pas quoi en penser. Pour le moment, je décidais de mettre tout ça de coté, et de me concentrer sur les alentours, pour tout mémoriser.

En fait, l'écurie était à l'entrée de la ville. En marchant vers le moulin, on passa devant une taverne, une boulangerie, un boucher. L'odeur qui s’échappait de ces échoppes torturait de bonheur mon museau. Je dus me forcer à suivre Alto pour résister à leurs attraits. Nous passâmes ensuite devant la forge fumante, et ensuite un couturier. Ici s'ouvraient trois rues. A l'ouest la caserne, au nord le château, et à l'est, ce qui nous intéressait, le tanneur puis le moulin. En passant devant la tannerie, je fus agressé par les odeurs acres et lourdes qui en sortaient. Je pressais le pas et nous arrivâmes enfin devant le moulin.

Vieil-œil et le chatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant