chapitre 9

55 8 52
                                    



Le spectacle venait de commencer. Aalayah et Étienne étaient placés au balcon pour avoir une vue du haut sur la scène. Il n'y a rien de pire que des gens qui se lèvent sans arrêt pour aller mille fois aux toilettes, ou encore ceux qui filment et qui mettent leur téléphone juste dans ton champ de vision. Au moins, d'où ils sont, ils ne seront pas dérangés.

Pendant la première partie, la jeune fille fut penchée vers l'avant sur son siège, comme si cela permettait de mieux voir le spectacle qui s'offrait à elle. Elle ne lâchait pas des yeux la scène, ne voulant pas en rater une miette.

Étienne tentait quelques approches, en lui disant « t'es contente d'être là ? » ou encore « t'aimes bien ? », ou pleins de questions de ce genre, mais cette dernière était tellement concentrée qu'elle n'entendait pas la voix de son amie.

Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il n'aime pas la danse, encore moins la danse classique. Il trouve ça « ennuyant », « ringard », et pourtant, il avait organisé cette petite après-midi, devant un spectacle de deux heures qui ne l'intéresse même pas, juste pour elle.

Même après ces deux belles surprises, Aalayah ne se doutait toujours pas que le beau brun à la peau métissée en pinçait pour elle. Ces deux surprises étaient clairement une déclaration d'amour. Cependant, elle était si obsédée sans le savoir par son professeur de danse qu'elle ne remarquait point les messages qu'essayait de lui faire passer Étienne.

Depuis le collège, il en pinçait pour elle, et à chaque anniversaire, il lui faisait de beaux cadeaux. Pour ses quinze ans, il lui avait offert un énorme bouquet de fleurs, essentiellement constitué de roses et de tulipes rouges (la couleur de l'amour). Pour ses seize ans, elle a eu le droit de sa part à des places de concert pour l'un de ses artistes préférés.

Pourtant, elle l'a toujours considéré comme son meilleur ami. Elle est aveugle comme Adrien dans Miraculous qui ne se doute pas que Marinette l'aime.

Tandis que la jeune fille était émerveillée par le spectacle, Étienne ne la quittait pas des yeux. Il s'imaginait un million de scénarios avec elle. Au moins, mon cadeau l'aura rendu heureuse, se disait-il, et ça, c'était le principal.

La voir sourire, c'était tout ce qui comptait pour lui. Peut-être qu'un jour, elle se rendra compte de ses sentiments. En tout cas, jamais il ne le lui avouera de peur de gâcher leur belle amitié, mais surtout, de se faire recaler, car il savait qu'elle ne ressentait pas la même chose que lui.

Après une heure de spectacle, l'entracte fut annoncé. Toute la salle dégageait de la chaleur, étant donné que tous les spectateurs étaient collés les uns aux autres, mais aussi à cause de la sueur des danseurs sur scène. Donc, Aalayah songea à sortir, afin de respirer de l'air frais.

-Je vais aller dehors, tu viens avec moi ?

-Ça va, je suis bien là. Je préfère rester ici, répondit celui-ci

-Je ne sais pas comment tu fais, il fait trop chaud.

Elle tenta de se frayer un chemin, tant il y avait du monde dans les allées, et elle parvint à sortir de ce labyrinthe deux minutes plus tard.

Devant l'opéra, un certain nombre de personnes attendaient, et il n'y avait aucune place pour s'asseoir, alors elle s'éloigna un peu de l'opéra pour y trouver un banc ombragé pas très loin où elle s'y assit.

Le vent lui caressait le visage. La jeune fille ferma les yeux pendant ce moment de tranquillité, et pour mieux profiter de l'air frais qu'elle pouvait respirer après avoir été assise durant une heure dans une salle chaude sans climatisation.

Elle entendait le chant des oiseaux, et le vent ne cessait de lui caresser la peau. Son moment paisible prit fin lorsqu'elle recouvrit les yeux, puisqu'elle constata qu'elle n'était plus seule.

Leonardo se tenait face à elle, debout contre l'arbre, et ses beaux yeux verts portaient leur attention sur Aalayah

Mais ce n'est pas vrai, il est partout.

A sa main droite, il tenait une cigarette, ce qui fit réagir la jeune fille :

-Depuis quand tu fumes ?

-Depuis toujours.

Il laissa un blanc, avant de poursuivre :

-Ça dépend de mon humeur.

-Et là, tu te sens comment ?

-Je ne sais pas .

Tous deux restèrent silencieux, laissant place au chant des oiseaux, et le jeune homme s'avança vers le banc pour s'y asseoir.

-Tu vas avoir un enfant, dit Aalayah, le regard vers l'horizon, rompant le silence.

-Je vais avoir un enfant. Mais, crois-moi, ce n'était pas-

-Ah non non, je t'arrête tout de suite, l'interrompit-elle. Que ce soit voulu ou pas, je n'en ai rien à faire, c'était avant que l'on se connaisse, je n'ai pas mon mot à dire.

-Donc, tu ne m'en veux pas ? Dit-il en se penchant vers elle.

-Tu rigoles, j'espère ? Tu as abandonné Luna parce que tu te sentais mal à propos de ce bébé. Tu es tombé sur moi en Italie, et tu as profité de moi. C'était pas réel, en vérité, tu aimais Luna, cracha-t-elle, à la fois triste et en colère.

Il la laissa sans réponse quelques secondes, le regard pensif, puis il colla son dos au banc, et joua avec ses mains, avant de répondre :

-Le bébé, ce n'était pas prévu. Luna, ce n'est rien de sérieux. Oui, je l'ai abandonné avant juillet parce que je ne voulais pas d'enfants maintenant, et encore moins avec une inconnue. Je suis revenue parce que j'ai pensé au bébé. Grandir sans père ou même avoir ses parents séparés, ce n'est pas facile. Alors, je me suis dit que je pourrais tenter le coup avec Luna, je pourrais nous laisser une chance pour le bébé.

-Quelle belle histoire d'amour.

-Je n'ai pas fini. Je ne pensais pas que j'allais te revoir, et encore moins à l'école de danse. C'était réel nous deux, j'avais développé de vrais sentiments pour toi, et je n'aurais pas dû, même si c'est clairement la meilleure chose qui me soit arrivée.

« C'est la meilleure chose qui me soit arrivée ». Aalayah avait envie de sourire, mais elle ne voulait pas lui rendre la tâche trop aisé. Il poursuivit :

-En rentrant d'Italie, je ne voulais plus penser à toi, sinon ça n'aurait pas marché avec Luna, mais avec toi aux alentours, c'était compliqué. C'est pour cela qu'au début j'étais froid avec toi. Je n'avais pas le choix. Tu ne sais pas à quel point c'est difficile de ne pas pouvoir te parler, de devoir t'éviter, d'être loin de toi, je n'en peux plus.

Waouh. Je rêve ?

Il posa sa grande main sur celle de la fille qu'il aime, sans la confronter du regard. Ce geste a visiblement plu à la jeune fille puisqu'elle ne retira pas sa main. Ils restèrent sur le banc, sans parler, mais leur contact leur fit ressentir du bien, et donna également l'impression de la fin d'un conflit, donc de la paix.

-Je sais que je t'ai perdu. En tout cas, ça ne peut pas marcher avec Luna.

Sur ces mots, il partit, la tête baissée, sans laisser répondre Aalayah.  Elle resta plantée la, sur le banc ombragé, l'observant partir. Elle avait envie de ne retenir mais les mots ne sortaient pas.

Mince, le spectacle !

Cette discussion quelque peu déstabilisante avait fait oublié à la jeune fille le spectacle. Elle se précipita à l'intérieur de l'opéra, et elle entendit la musique de l'extérieur.

Elle allait louper quelques secondes , même toute la seconde partie, puisque les propos du beau blond l'avaient troublée, mais cela ne l'avait pas rendu indifférente. Elle n'avait désormais que cette discussion en tête...

Pourquoi je t'aime ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant