Pourquoi je t'aime ?

chapitre 10

-T'en a pris du temps dites donc, s'exclama Étienne, à peine lorsque Aalayah fut assise sur sa chaise

-Ouais, je n'avais pas fait attention à l'heure, chuchota-t-elle pour ne pas déranger les quelques personnes présentent derrière eux.

Elle se reconcentra sur le spectacle qui avait repris, mais elle fut déconcentrée lorsqu'elle vit quelqu'un en bas, se faufilant dans les allées de sièges pour retrouver sa place. Elle reconnut la chevelure blonde de Leonardo. Visiblement, elle n'était pas là seule à l'avoir remarquée:

-Oh regarde, C'est Celio en bas ? Je me demande ce qu'il fait là, s'interrogea Étienne en se penchant sur son siège pour mieux le voir. Attends, Luna n'est pas avec lui. Tu sais si elle est en cours ?

-Elle n'avait pas cours cette après-midi. Je lui envoie un message ?

Étienne n'eut pas le temps de répondre puisqu'un vieil homme se trouvant juste derrière eux cria « Chut! ».

-On fera ça après, répondit finalement ce dernier d'une voix très basse.

Les deux amis portèrent leur attention sur le ballet, mais Aalayah était ailleurs.

La conversation qu'elle venait d'avoir avec Leonardo tournait en boucle dans sa tête. Il semblait vraiment sincère, et les explications qu'il lui avait données semblaient l'être également. Il avait été froid avec elle, mais c'était pour la bonne raison, enfin, c'était compréhensible.

Ses révélations ont permis d'ouvrir les yeux d'Aalayah, puisque leur mini-guerre venait d'être terminée. Désormais, leur relation élève-professeur sera plus saine, et Aalayah pourra enfin profiter des conseils de son professeur. C'était horrible pour elle de l'ignorer dès qu'elle a su la vérité.

Quant à Luna, Aalayah était plutôt triste pour elle. Vu ce que Leonardo a dit tout à l'heure, il ne va pas tarder à la quitter. Elle qui pourtant croit tant en leur histoire d'amour, et en leur futur ensemble avec leur bébé.

Ça va lui faire mal. Aalayah culpabilisait puisque c'est à cause d'elle que leur histoire d'amour ne fonctionne pas, mais d'un sens, si Luna lui avait parlé de tout ça il y a bien longtemps, rien de tout cela ne serait arrivé. Dans cette histoire, tout le monde est fautif.

Ce bébé devra grandir ses parents séparés, subir un week-end chez maman, l'autre chez papa, fêter Noël dans deux familles différentes...

S'il quitte Luna, je pourrai tenter avec lui, après tout, il m'aime encore ?

Elle chassa immédiatement cette idée de sa tête. Puis quoi encore. Ce serait trahir son amie, en plus de lui mentir. Sans compter que Leonardo a menti lui aussi a Aalayah, il n'a pas été sincère avec elle. C'est également son professeur ! C'est interdit ce genre de relation élève-professeur, et si cela venait à se savoir, ils risqueraient gros. Leonardo, même son père Emmanuel, pourraient avoir une mauvaise réputation. En gros, leur amour n'apporterait rien de bon...

Aalayah fut sortie de ses pensées par des applaudissements. Ce fut déjà la fin du spectacle. Elle n'avait pas vu le temps passé. Cette dernière avait loupé toute la seconde partie, tellement elle pensait.

-Alors ça t'as plu ? Questionna Étienne à la jeune fille qui avait le regard pensif.

-Oui, c'était trop bien ! Répondit-elle, alors qu'elle n'avait vu que seulement cinquante pour-cent du spectacle.

Il sourit, content que ça lui ait plu, puis tranquillement, ils rentrèrent à l'appartement. Ils passèrent par des rues touristiques, et l'image d'un couple s'embrassant en plein milieu du trottoir fit réagir Aalayah:

-Qu'est-ce que tu ferais si la personne que t'aimes, c'est un amour impossible ?

Il laissa un silence avant de répondre :

-Rien n'est impossible. Mais, si ça devait m'arriver, alors j'essaierais de passer à autre chose, même si c'est difficile... répondit-il, se sentant fortement visé.

-Ça ne vaut pas le coup au moins de dire ce que l'on ressent à la personne ?

-C'est en vain si tu sais déjà que la personne ne t'aime pas en retour.

Aalayah sentit que quelque chose n'allait pas chez son ami. Cette discussion avait déclenché quelque chose chez lui puisqu'il marchait en regardant ses pieds, et sa voix tremblait légèrement.

-Ça va Étienne ? Demanda-t-elle en lui prenant la main comme pour le réconforter.

-Oui oui ça va ! Dit-il en relevant la tête en souriant d'un coup, comme si tout allait bien et que son attitude précédente n'était qu'une illusion.

Paris, Appartement d'Aalayah, 17h30:

-On vient d'arriver ! Luna t'es là ? S'écria Aalayah en posant les clés sur le meuble d'entrée, et en s'avançant vers le salon, espérant la trouver là, mais elle n'y est pas.

-Elle doit sûrement être dans sa chambre.

En entrant dans la chambre de Luna, ils la virent allongée dans son lit, sous la couette, en train de regarder la télé. En s'approchant de plus près, ils purent apercevoir ses yeux gonflés, et des larmes séchées sur ses joues. Elle leur offrit un sourire hypocrite dès qu'ils entrèrent :

-Bon anniversaire Aalayah, dit-elle la voix tremblante en se mouchant le nez.

-Qu'est-ce qu'il se passe ma belle ?

-Celio m'a quitté.

À ses mots, elle fondit en larmes et se réfugia dans les bras d'Aalayah. Face à cela, cette dernière lui caressa doucement les cheveux pour lui montrer sa compassion.

-C'était ce matin quand on a déjeuné ensemble. Je devais aller avec vous à l'Opéra cette après midi, mais je n'en avais pas la force, excuse-moi Aalayah...

-T'inquiète pas, tu n'as rien loupé, répondit Étienne d'un ton ironique, tentant de faire rire son amie, ce à quoi elle répondit par un petit rire.

-Vous savez pourquoi il m'a quitté ? Parce qu'il en aime une autre apparemment. Il n'a pas voulu me dire qui .

-Peu importe qui c'est, en tout cas, il ne te méritait pas. Je ne le sentais pas depuis le début ce mec-là, ajouta Étienne, très contrarié et énervé contre « Celio ».

-De toute façon, je le sentais venir. Il était devenu bizarre depuis la semaine dernière, quand je vous l'ai présenté.

-Sèche-moi tes larmes, dit Aalayah, toujours en lui caressant les cheveux.

-Je vais nous commander pizza, ça va te remonter le moral, dit Étienne en composant le numéro de la pizzeria sur son téléphone

Luna sourit tristement, et lâcha un petit « merci »

Si elle est dans cet état, c'est à cause de moi...