chapitre 15

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Aalayah observait la Duster bleu de Leonardo partir au loin, sans pouvoir faire quelque chose. Elle venait de le perdre une deuxième fois, mais cette fois, c'était pour de bon. "Tu m'as apporté plus de mal que de bien" avait-il dit. Cette phrase avait blessé la jeune fille, et pourtant, c'est la réalité. Avant de "s'engager" avec lui, elle avait pesé le pour et le contre et s'était dit qu'elle ne devait pas être avec lui, mais elle a écouté son coeur. Le coeur a ses raisons que la raison ignore. Elle venait de tout perdre en un instant, à cause d'une simple image.

Luna paraissait tant furieuse et frustrée. Il y avait peu de chance que cette dernière lui pardonne étant donné leur dernier échange. Cela aurait été plus simple de dire toute la vérité quand il était encore temps.

Aalayah se trouvait toujours immobile sur le parking, mais se résigna au bout d'un long moment à aller à l'intérieur pour récupérer ses affaires et à rentrer. Comment allait-elle rentrer puisque c'était à Leonardo de la ramener ? Rien n'allait. Aalayah marchait lentement, les yeux fixant le sol, les mains dans les poches .

Elle songea qu'elle n'avait même pas d'argent sur elle pour prendre le bus ou encore le métro. Elle allait devoir marcher au moins deux bonnes heures, mais ce n'est pas ce qui l'embêtait, puisqu' à l'appartement l'attendait sûrement un froid avec ses amis tel qu'il n'y en ait jamais eu.

Tant bien que mal, elle arriva au hall d'entrée de la salle, mais en se dirigeant vers les loges, une personne l'interpella:

-Vous êtes bien Aalayah ?

Aalayah leva la tête, enleva les mains de ses poches et essuya ses larmes d'un mouvement rapide pour paraître mieux présentable devant cette inconnue qui connaît visiblement son prénom.

Il s'agit d'une dame aux cheveux bruns ondulés, les yeux de couleur noisette, vêtue d'une robe noir moulant ses formes en s'arrêtant au niveau de ses genoux. Elle avait l'élégance de Malèna.

-Oui, c'est bien moi, Aalayah Sigman, dit-elle en serrant la main de cette dame.

-Je me présente, Lydie Coleman, je suis professeur de danse à la School of American Ballet à New-York, ça vous dit quelque chose ?

Bien sûr que ça me dit quelque chose, elle fait partie de ma wishlist des écoles que je veux intégrer.

Elle hocha simplement la tête.

-Très bien, je vous ai vu danser, et vous avez énormément de potentiel, et la School of American Ballet est une école qui forme de très bon danseurs comme vous.

Je rêve ?

-Tenez ma carte, je vous laisse le temps de réfléchir, dit-elle en sortant une carte de sa poche et en la lui donnant. Appelez-moi quand vous aurez réfléchi !

-Merci beaucoup! s'exclama Aalayah en collant précieusement la carte contre elle, tellement cela lui fit plaisir.

C'était comme un don du ciel. Aalayah allait intégrer l'école de ses rêves !

Moi qui pensais que c'était que dans les films qu'il arrive ce genre de chose..

Cette histoire d'école de danse lui mit du baume au coeur, et sur la route pour rentrer, elle imaginait déjà les monuments qu'elle irait visiter à New-York, les fastfoods qu'elle allait essayer, les stars qu'elle pourrait rencontrer à chaque coin de rues, parce que oui, partir dans cette école, c'est aussi partir à l'aventure dans un pays inconnu, une ville inconnu. Elle améliorera également son niveau en anglais, qui n'est d'ailleurs pas très exceptionnel, et là-bas ce sera un nouveau départ, de nouveaux amis, et plus de regard noir dans les vestiaires.

Ce n'était pas une occasion à laquelle on dit non. C'est vrai que si tout ce cirque d'aujourd'hui ne se serait pas passé, elle aurait sans doute eu des doutes sur cette école. Elle avait ses meilleurs amis, et Leonardo qu'elle aimait plus que tout depuis l'été. Mais, ses amis sont en froid avec elle, et Leonardo ne donnera plus jamais de nouvelle. À quoi bon cela sert de rester ? Pour aller dans une école ou Aalayah ne parle à personne, c'est limite, elle subit du harcèlement.

Elle devait penser à son avenir, et son avenir n'est pas ici. Une école telle que la School of American Ballet lui offrirait plus de possibilité, et un avenir dans la danse, qu'elle n'aura pas en tout cas dans son école à Paris. C'était un signe, a peine au bout de cinq mois ici à Paris, elle venait de se faire repérer. De grandes choses l'attendent là-bas. Elle devra dire au revoir à ses amis, qui sont ses repères depuis le collège...

Deux bonnes heures plus tard, Aalayah arriva enfin à l'appartement. Elle enleva son manteau qu'elle mit sur une chaise, mit ses clés sur le meuble d'entrée, et découvrit sur le canapé Etienne, une canette de soda à la main en train de regarder la télé. Elle s'assit à côté de lui, puis il déclara:

-Luna est dans sa chambre. Je te conseille de ne pas aller la voir, c'est mieux pour le moment.

-Toi, tu m'en veux ?

-Non je ne t'en veux pas, t'as été dans une situation plutôt compliqué, je ne peux pas t'en vouloir, dit-il avant de la prendre dans ses bras pour la réconforter.

Elle se mit en boule dans ses bras, et les paroles réconfortantes du jeune homme l'apaisèrent. Elle décida tout de même de lui raconter la nouvelle du jour:

-Quand vous êtes partis, je suis tombée sur une dame qui travaille dans une école à New-York, et elle m'a proposé d'aller là-bas !

-Attends, ça veut dire que tu serais à New-York et que tu nous laisse ici à Paris ? demanda son ami d'un ton contrarié.

-Le prends pas comme ça, c'est une chance pour moi. Des occasions comme ça on n'en voit pas tous les jours, dit-elle en se redressant .

-je rigole, c'est trop bien, je suis content pour toi ! s'exclama-t-il en lui sautant dessus.

Les deux amis échangèrent une longue conversation sur l'avenir d'Aalayah à New-York. Etienne lui a d'ailleurs envoyé pleins de bon plan à New-York qu'il avait enregistrer sur son téléphone, comme si un jour il allait aller là-bas. Aalayah sentait qu'Etienne allait réellement lui manquer. Il avait toujours été là pour elle, il a toujours su la réconforter et la faire rire, c'était le genre d'ami que tout le monde rêve d'avoir. En soit, Aalayah lui avait menti à lui aussi, mais il a passé l'éponge directement. Ils s'enverront tout de même des messages, ils s'appelleront de temps en temps, mais Etienne avait partagé ses doutes à son amie, comme quoi qu'il ait peur que leur relation change petit à petit et qu'un jour ils n'auront plus de nouvelles. Et cette dernière avait répondu;

-Ne t'en fais pas, je reviendrai vous voir de temps en temps, je penserai à vous tous les jours, autant d'année d'amitié ça ne s'efface pas comme ça, dit-elle d'un ton à la fois triste et joyeux.

Aalayah observait la porte de chambre de Luna, espérant qu'elle l'ouvre et qu'elle rejoigne leur discussion, mais rien, elle ne bougeait pas de sa chambre, même pas pour aller aux toilettes...

Pourquoi je t'aime ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant