Chapitre 9

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Je ne sais pas vraiment quand je me suis endormi. Quand je me réveille le lendemain, trempé de sueur, le soleil se fait timide dans le ciel. Un coup d'œil sur mon téléphone : il est un peu plus de six heures du matin. Je rassemble mon courage et me dirige d'un pas lent vers ma cafetière. L'esprit embrumé, les épaules remontées sur un dos voûté, un frisson me secoue avant qu'enfin les vapeurs de mon café corsé me chatouillent les narines. La première gorgée est une délivrance, la seconde un apaisement, et la troisième une gourmandise qui m'arrache un souffle délicat.

Là est tout le plaisir de mon rituel matinal.

Sous la douche, je me débarrasse de ma seconde peau de tissu et profite quelques instants du jet brûlant. J'aime la sensation de mille et un muscles qui se détendent sous la chaleur de l'eau. À tel point que j'entraperçois une peau drôlement colorée à travers la buée du miroir, une serviette autour de la taille. J'y passe ma main, découvrant mon visage et un de mes bras tâchés d'encre sur la surface réfléchissante. Je reste pâle malgré mes joues rouges et mes cernes dévorant toujours le cercle de mes yeux.

Je ne contemple pas plus longtemps mon reflet, ne l'appréciant que peu. À la place, je sors de quoi changer mon bandage.

Ding dong !

Je sursaute et mes ciseaux tombe dans le siphon.

Génial.

Je vérifie par le judas qui peut bien me rendre visite si tôt un dimanche matin. C'est avec une mine bien surprise que j'ouvre à un Seokjin frais comme un gardon :

« -Jin? Qu'est-ce que tu fais ici?

-Petit déjeuner ! » annonce celui-ci en brandissant deux sacs en papier.

Puis il descend un peu le regard. Perdant son sourire, il se cache les yeux :

« -Yoongi ! Mets au moins un caleçon! »

Je claque la langue et le pousse à l'intérieur en râlant.

«-Je suis chez moi jusqu'à preuve du contraire. J'ai cru que c'était une urgence.

-Le petit déjeuner est une urgence, » affirme-t-il.

Il me fatigue déjà. Retournant dans la salle de bain, je me débats avec la tuyauterie pour récupérer mon ciseau. Un mouvement un peu brusque de ma main blessée me fait siffler en grimaçant ; ça fait un mal de chien.

«-Je vais t'aider. Assieds-toi sur le bord de la baignoire. »

Sans discuter, je m'installe et laisse mon ami manipuler ma main avec plus de délicatesse que si elle était faite de verre. Quelle ironie.

«-Tu sors un peu aujourd'hui ?

-Je ne sais pas.

-Tu devrais. Il fait beau, ne reste pas tout seul ici.

-J'ouvrirais les rideaux.

-Ce n'est pas pareil. L'air est meilleur à l'extérieur.

-Je n'ai pas besoin d'être babysitter Jin, » je lui assure. « Ne t'inquiète pas pour moi. »

Il coupe le bandage et me regarde droit dans les yeux, l'air suppliant de me taire et d'écouter ce qu'il me dit. Je roule des yeux et accepte tandis qu'il sourit, victorieux.

« -Tu n'as qu'à sortir avec Jimin !

-Qui te dis qu'il a du temps libre aujourd'hui ?

-On est dimanche.

-Il est mannequin. Ses heures de travail sont décalées et aussi farfelues que celles de Taehyung.

-A propos de Taehyung, vous devriez discuter. Il n'y a pas une journée où il ne m'appelle pas pour demander de tes nouvelles.»

Born Singer [YoonMin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant