Born Singer [YoonMin]

Chapitre 14

«—Houla, ça sent les mauvaises ondes par ici, » fait-Jin en entrant. « Quelqu'un est mort ? Vous avez l'air d'avoir pleurer, mon dieu !» il saisit ma joue.

«—Qu'est-ce que tu fais ici ?» Je lui demande. « Le service n'est pas fini au Sweet Epi' à cette heure-là.

—Je n'ai pas d'excuse valable,» dit-il franchement. «J'ai fait de bon rendement aujourd'hui, assez pour fermer un peu plus tôt et venir voir si ton rendez-vous à l'hôpital s'est bien passé. J'ai bien fait, regardez-vous ! Vous avez les yeux rouges et secs. Enfin, surtout toi Tae.»

Il pouffe, faisant signe de ne pas s'inquiéter. Jin joue les mamans poules et sort de quoi préparer le dîner en nous intimant de lui raconter cette horrible journée. C'est mon cadet qui s'y colle, luttant pour ne pas céder à une nouvelle crise de larme. Jin ne lui coupe jamais la parole. Il l'écoute d'une oreille tendre, battant des œufs dans un bol bleu. Il pince les lèvres quand vient le passage de Jungkook au studio et lâche définitivement un juron quand il apprend que le jeune photographe à entraîner Jimin dans sa maldonne.

«—Je comprends ton point de vue Yoongi. Mais je pense que Taehyung a raison. Si tu ne t'en donnes pas les moyens, comment peux-tu t'épanouir ? Fais-toi confiance et apprends. Il n'y a que comme ça que tu seras sûr d'être assez digne de lui.»

Peut-être. Mais c'est un pari risqué. Je viens à peine d'enlever les points de sutures d'une blessure que je me suis moi-même infligée il y a moins de deux semaines lors d'une crise de panique. Si ça ce n'est pas la preuve que je ne suis pas quelqu'un de normal, alors je ne sais plus quoi dire. J'ai des centaines d'arguments qui me poussent à m'éloigner du mannequin. Et si je replongeais ? Et s'il se passait la même chose qu'il y a trois ans dans ma salle de bain ? Et s'il me voyait inconscient dans une marre de mon propre sang ? Et si, malgré toute ma bonne volonté je me laissais à nouveau aller à l'alcool, à la drogue ou à ces dangereuses séances de tortures qui m'ont valu les cicatrices les plus pitoyables qu'il puisse exister ? Je l'ai fait pleurer un soir, sûrement la méprise de Jungkook lui a arraché de nouvelles larmes; je refuse de lui causer plus de tort.

«—Pff,» je souffle. «C'est compliqué l'amour. Je ne l'avais jamais compris dans l'équation de ma vie.

—Ne me parle pas de maths par pitié,» frappe mon épaule le plus jeune.

«—Ax au carré plus Bx plus C. Savoure la magie des polynômes du second degré.

—Ils ne m'ont pas marqué plus que ça. J'étais plus occupé par celui qui se cassait le crâne à m'expliquer le cours.

—Avoue que tu avais compris mais que tu faisais semblant. Je connais ta technique petit malin.

—Elle fonctionne !» se vante-t-il. « C'était mon premier amour. Ma première pipe aussi, d'ailleurs.

—Vous me dégoûtez,» grimace Jin depuis la cuisine.

«—Ne sois pas gêné. C'était qui ton premier amour, Yoongi ?

—Une brunette, à l'école de redressement. Je te laisse imaginer que niveau caractère, elle avait tout pour plaire. D'ailleurs, c'est à cette époque que je me suis fait mes marques aux genoux. »

En effet, mes genoux sont rayés de deux traits plus clairs et profonds.

« —Vraiment ? Tu ne m'as jamais dit comment ! » s'écrient mes deux amis simultanément.

« —Hum. Comment dire... Deux ados teigneux, des hormones en folie, un pion casse-couille... On a fait un max de bruit pour le faire chier une nuit au dortoir. On s'est fait virer le lendemain et mon père m'a puni en rentrant. Sans regrets.