Born Singer [YoonMin]

Chapitre 20

« -Attends, ne bouge pas.»

Jimin a coiffé une de mes mèches en arrière d'un geste doux. Il a sorti un baume à lèvres de sa poche et l'a passé sur ma lippe inférieure.

« -Arrête de te manger la lèvre, tu vas saigner.

-Je suis nerveux, je ne veux pas faire tâche.

-Tu es parfait. Allons-y."

C'est ainsi que nous sommes sortis de l'avion ce matin, ou du moins hier soir, si on se cale sur l'horloge du territoire. Il est passé devant moi. Avant de passer la porte de l'engin, Lucas m'a tendu un masque noir:

« -Reste anonyme. »

Je ne sais pas vraiment comment prendre son ton dédaigneux. J'ai mis le morceau de tissu et j'ai rejoint le petit rouquin. Devais-je me cacher pour éviter les rumeurs et me faire passer pour un membre du staff ? Car je ne devais en aucun cas apparaître à ses côtés ? Ou simplement pour préserver mon identité? Je choisis cette dernière solution; elle m'arrangeait bien, je devais bien me l'admettre. Je n'ai pas envie d'être embêté. Nous avons rapidement récupéré nos bagages, et comme prévu par le manager de Jimin, une nuée de photographes nous a accueillis.

« -Park Jimin, we heard that you'll represent South Korea at the Chanel fashion show. Are-you nervous about it ?

-Park Jimin, are you proud to represent your country ?

-Jimin ! »

Trop de questions, un anglais que je ne comprends qu'à demi, une foule à en faire pâlir les phobiques... J'avais envie de m'enfuir en courant. Le french accent a ce petit quelque chose d'insupportable: comment font les autres pour trouver sexy un accent aussi dégueulasse? Je suis déçu. Ce n'était qu'un mythe.

« -Mister! Who are you ? » m'en avait interpellé un.

« -Je suis ta mère, tu m'as pas reconnu ? » j'ai asséné dans un satoori sec.

J'ai tendance à parler avec le dialecte de Daegu quand je panique.

« -Yoongi ! » m'a tiré la manche Jimin.

« -Quoi ? De toute façon, ils ne me comprennent pas !

-Ils ont des interprètes!

-Putain. »

J'ai écarquillé les yeux. Il n'a cessé de rire jusqu'à ce que nous rejoignions l'hôtel. Bien entendu, il a partagé l'anecdote avec Taehyung et Jin quand j'ai appelé celui-ci pour quelques nouvelles. Nous avons eu un temps pour ranger nos affaires dans nos chambres. Ils ne se sont pas moqués de nous: cette bâtisse au plein cœur de Paris pue l'oseille. Le trajet en car entre l'aéroport et le premier arrondissement de la capitale m'a achevé, et c'est éreinté que je me suis effondré sur ce lit aux dimensions grotesque. J'ai à peine regardé autour de moi. J'ai laissé ma valise en plan et ai libéré mon chat avant de retirer mon manteau et mon pull pour me jeter sur le matelas.

«-Tu n'as pas bien dormi ?

-Non.

-Pourtant tu avais le temps avec le vol et le bus.

-Dormir assis est un crime pour mes principes,» fut ma dernière réponse avant d'enfouir ma tête dans l'oreiller moelleux.

Quand j'ouvre les yeux une poignée d'heure plus tard sous le tintement de ma sonnerie de téléphone, ma valise a disparu du pied du lit. Jimin a rangé mes affaires avant de s'éclipser. Il ne reste que moi et Krokmou, confortablement installé sur mon dos, par-dessus un plaid gris hissé jusqu'à mes épaules. Je n'ai pas vraiment souvenir de ce dont j'ai rêvé, mais je suis certain que Jin, se trompant de messagerie, vient de me sauver d'un possible nouveau cauchemar.