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𝑰 𝑵 𝑨 𝒀 𝑨



QUELLE JOURNÉE DE MERDE. 

La douleur pulsait dans chaque recoin de mon corps. Tout ce que je désirais, c'était de me plonger dans un sommeil profond.

J'étais épuisée. La journée au conservatoire avait été un véritable supplice, avec des heures de danse éreintantes saupoudrées de critiques, souvent blessantes, des professeurs. Tous semblaient s'accorder pour dire que nous n'étions pas prêts pour la nouvelle saison qui approchait à grands pas.

Mais ils n'avaient pas tort. Nous n'étions pas prêts. Pourtant, les auditions pour la nouvelle mise en scène allaient commencer dans moins d'un mois et je devais me tenir prête. J'allais auditionner pour le rôle principal féminin. Celui de Kitri de Don Quixote.

Depuis, je m'étais instauré un programme strict. Arrivée au conservatoire à 7h pétante, sortie du conservatoire à 19h et ça tous les jours. Je n'avais pas le temps pour d'autres distractions.

Alors pourquoi j'avais accepté de suivre mon amie Lucy à je-ne-sais quels combats ? Je n'y avais jamais assisté, cependant, je savais d'emblée que je n'allais pas aimer. Et tout ça parce qu'elle m'a convaincue qu'il fallait que je relâche la pression.

Elle aussi faisait partie du corps de ballet. Nous nous étions liées d'amitié et récemment nous avions fini par emménager ensemble dans un appartement proche du conservatoire. Le quartier n'avait rien d'exceptionnel mais il était calme. Et de ce que j'avais compris, dans cette ville, c'était une très bonne chose.

Encrée dans mon lit, avec des muscles qui semblaient s'être transformés en plomb, c'était difficilement que je me tournais pour prendre mon téléphone et décrocher l'appel vidéo.

Tout de suite, je fus accueilli par un ciel bleu et une vue sur la mer.

sawat dee kha !

La caméra se tourna et je vis le beau sourire de ma mère. Elle portait des lunettes de soleil et au vu de son teint, elle avait bien profité du soleil.

— Ah, je vois qu'on est pas du tout dans la même ambiance. Fit-elle remarquer.

Je souris avant de me frotter le visage.

— Alors comment c'est Bangkok ?

— Génial, les habitants sont tellement gentils, la nourriture, mon Dieu, ma chérie si tu étais là, tu allais te régaler. Elle leva sa noix de coco accompagnée d'une paille. Et la vue ! Tu aurais dû venir avec nous ! S'enthousiasma-t-elle.

— Tu sais très bien que je ne pouvais pas.

Je roulai hors du lit et posai mon téléphone sur ma coiffeuse.

— Tu te mets trop de pression sur les épaules. Souffla mon père.

Je ris légèrement, en fouillant dans mon armoire, à la recherche de vêtements à me mettre ce soir. Ce devait être le beau temps de Bangkok qui lui faisait dire ça.

— Vous savez très bien pourquoi. Je dois travailler plus que les autres, sinon personne ne me laissera de chance.

Le ballet, malgré son image féerique, était un milieu cruel et compétitif. Nous étions peu de danseurs noirs, et l'industrie nous fermait souvent ses portes. Les remarques racistes et la discrimination étaient monnaie courante depuis le début de ma carrière.

Pourtant, c'était devenu ma passion. Je vivais pour ça et je savais que j'étais douée. Je touchai l'excellence et je refusais d'abandonner tant que ce monde n'avait pas reconnu mon talent. Peu importe les obstacles.

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