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𝑻 𝑯 𝑬 𝑶


Au quotidien, il y avait des signes très clairs. Si une porte indiquait 'pousser' alors, il fallait la pousser pour l'ouvrir. Si toutes les lumières d'un endroit étaient éteintes, c'était parce qu'il y avait très certainement personne à l'intérieur. Et lorsque mon casque se trouvait sur mes oreilles, cela voulait dire que je n'étais pas disponible pour une discussion.

Après l'enchainement d'exercices intensifs du coach Brown, j'étais lessivé et j'avais besoin de recharger mes batteries avant de retourner chez moi. Pourtant, à plusieurs reprises, mes collègues ignoraient délibérément mon indisponibilité.

Assis sur un banc, la tête appuyée contre le mur, je me délectais du calme alors que les rythmes de "Praise The Lord" d'A$AP Rocky remplissaient mes oreilles. Mais ce moment de tranquillité fut interrompu par l'apparition d'une nouvelle personne devant moi.

Je ne me souvenais plus de son prénom mais je le connaissais très bien de vu. En même temps, comment louper cet homme à la peau matte, bien au-dessus du mètre 90, qui ne semblait pas sauter un seul jour à la salle de sport ? Je devais admettre que la première fois que je l'ai vu, sa musculature m'avait impressionné. Il m'avait fait découvrir des muscles dont j'ignorais l'existence.

Je savais déjà pourquoi il se trouvait en face de moi, mais je poussai mon casque en arrière pour pouvoir l'écouter. Peut-être qu'il allait me surprendre.

— T'étais plutôt impressionnant sur le ring. Me complimenta-t-il.

Ça c'était pour me brosser dans le bon sens du poil avant qu'il n'aborde le réel sujet. Alors je hochai la tête en remerciement. Avant que je ne puisse remettre mon casque, il enchaina,

— Tu sais, celle à qui tu parlais tout à l'heure... C'est ta meuf ?

Nous y voilà.

La venue d'Inaya semblait avoir suscité la curiosité de plusieurs. Elle était mignonne, je devais l'admettre mais certains agissaient comme des chiens affamés. On m'avait demandé si c'était ma copine, ma soeur, ma cousine, une amie, puis son numéro et ses réseaux sociaux. Que je ne possédais absolument pas, d'ailleurs.

Non pas que je voulais m'interposer entre mes collègues et elle mais je trouvai plus divertissant de raconter une fausse histoire que de leur dire la vérité.

— T'es fou. Je pris un ton offusqué. Je la connais pas du tout. Ça fait plusieurs jours qu'elle me suit.

Inaya me pardonnera pour la réputation que je lui faisais auprès de certains mais voir leur visage se décomposer était plus hilarant.

— Je sais pas comment elle a fait, mais elle a trouvé mon adresse et parfois, elle m'attend devant ma porte.

Je retirai le casque autour de mon cou et poussai un soupir, un soupçon trop dramatique.

— T'es sûre que tu veux son numéro ? Je penchai légèrement la tête sur le côté. Peut-être qu'elle arrêtera de m'envoyer des photos d'elle si elle trouve une autre occupation ?

Je levai la tête vers lui feignant de l'espoir, pour observer une grimace presque horrifiée dans les traits de son visage. Je pressai mes lèvres en une fine ligne pour réprimer un sourire.

— N-non non. Tu ferais mieux d'appeler la police ouais !

Je hochai la tête, faussement exaspéré.

— De toute façon ce sont soit des salopes soit des fo—

— Qu'est-ce que tu voulais me demander à propos d'elle ? Le coupai-je, un brin d'irritation dans ma voix.

Where the heart belongsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant